Un papi privé d'EHPAD : la mairie veut raser sa maison pour créer des pistes cyclablesIllustrationIstock
Ce retraité en perte d'autonomie souhaitait se séparer de sa maison afin de pouvoir s'offrir une paisible retraite dans un bel EHPAD. Mais après avoir trouvé un acheteur, sa petite-fille Emily qui s'occupe de lui, a appris que la mairie de Toulouse avait exercé son droit de préemption sur le bien familial. Ce pour créer des pistes cyclables.
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C'est une histoire qui illustre l'air du temps dans les métropoles que nous rapporte La Dépêche du Midi. Roland Assayah, un papi toulousain en perte d'autonomie souhaitant désormais résider en EHPAD afin de ne plus être un poids pour sa famille, est dans l'impasse. Il ne peut pas vendre sa maison pour financer son projet, la mairie ayant exercé son droit de préemption. Projet qui risque de coûter une fortune à sa famille qui n'en n'a pas les moyens.

Sa maison sera rasée pour créer des pistes cyclables

Ce droit de préemption est "extrêmement probable" d'après l'adjoint au maire Olivier Arsac. Il précise au quotidien régional qu'est envisagé, à la place de la maison qui sera rasée, "un projet de passage pour piétons et cycles, en concertation avec le comité de quartier." Vraisemblablement dans le contexte de l'aménagement des abords de la 3 e ligne du métro pense Emily, petite-fille de Roland et commerçante dans l'Hérault.

"Je suis bouleversée. Cette maison renferme toute une histoire. Depuis 1982, c’est le lieu de mon enfance, de souvenirs et moments inoubliables avec mon grand-père et ma grand-mère qui m’ont élevée. Je suis une enfant du quartier," témoigne-t-elle à La Dépêche du Midi. Roland Assayah, lui, est aussi un citoyen historique de la ville rose. Avant sa retraite, il avait tenu le Garage Lulli dans le quartier des Sept Deniers.

La maison familiale mise en vente, Emily et son grand-père avaient même refusé la proposition d'un promoteur qui voulait également raser le tout. Ils souhaitent en effet qu'elle soit préservée et rénovée pour que de futurs habitants en profitent comme eux auparavant, d'après Le Figaro Immobilier. La petite-fille de Roland avait fini par trouver un acheteur. Dix jours plus tard, la décision de la mairie tombait.

La décision de la mairie rendue le 6 septembre

C'est à cette date qu'Emily et Roland sauront ce qu'il adviendra de leur maison. En attendant, elle a peur de ne plus pouvoir s'occuper de lui : "il va résider en EHPAD, ça coûte très cher". Emily espérait pouvoir vendre le bien 500 000 euros, de quoi largement payer les frais à venir pour l'hébergement et les soins de son grand-père.

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Mais si la mairie persiste à exercer son droit de préemption, la jeune femme a très peur qu'une somme moins importante lui soit proposée. La municipalité peut en effet négocier le prix à la baisse en adressant à Roland Assayah un courrier recommandé avec accusé de réception, rappelle Le Figaro Immobilier.

Le papi n'a pas été mis au courant par sa petite-fille

"Si je lui dis qu’ils veulent raser la maison, mon grand-père va faire une crise cardiaque." Car pour le préserver, Emily n'a pas mis son grand-père au courant de la situation. Lui qui espère toujours voir sa maison perdurer et pouvoir être pris en charge en EHPAD.

Toutefois, si la commune va jusqu'au bout, elle pourrait se montrer généreuse, toujours d'après l'adjoint au maire Olivier Arsac, même si la maison sera perdue. "Par expérience, France Domaine* est assez habile et ses recommandations sont conformes aux prix du marché", affirme-t-il, tout en assurant de "privilégier l’intérêt général" et être "sensible à l’aspect humain".

Une rencontre avec qu'Emily serait prévue pour "la rassurer" et discuter sereinement du dossier pour "faciliter la prise en charge du retraité".

*Organisme d’État qui gère les préemptions des communes