Meurtre de Robert Pichon : le crime terrifiant sans cadavre ni témoingetty
En 2007, un couple de marginaux s'accuse d'un meurtre que personne ne soupçonnait. Remords ? Canular ? Il faudra du temps aux enquêteurs et à la justice pour démêler le vrai du faux. Retour sur cette incroyable histoire.
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Un crime sans cadavre, ni témoin. Aucune scène de crime sanglante n’entoure la mort de Robert Pichon, si bien que certains se demandaient, au début, s’il était vraiment mort. Sa disparition aurait pu continuer à passer sous les radars si deux personnes ne s’étaient pas accusées de son meurtre dans les années 2000. Auprès du Parisien, Jacques Pradel se souvient de cette histoire étrange, presque inédite dans les annales de la justice française. 

Meurtre de Robert Pichon : des aveux que personne n'attendait

Le 13 novembre 2007, un couple de 35 et 27 ans, des amoureux présentés comme des « marginaux » et des « toxicomanes » par le journaliste, se rend à la gendarmerie de Senones, village des Vosges (Grand-Est), pour s’accuser d’un meurtre survenu deux mois plus tôt. Sans sourciller, le trentenaire et sa compagne avouent avoir tué Robert Pichon, alors que personne, à la gendarmerie, n’avait connaissance de sa mort. Faut-il prendre au sérieux ces personnes ? S’agit-il d’un canular au goût douteux ? 

Les forces de l’ordre mènent leurs premières investigations et constatent qu’aucune plainte ou main courante ne signale la disparition du sexagénaire. Comme le raconte Jacques Pradel, personne n’a réclamé l’assurance-vie de cet homme aux revenus modestes, un chauffeur de bus à la retraite. Son décès n’est pas non plus inscrit à l’état civil et personne, en fait, ne semble se soucier de ce qu’il est devenu. Arrivés chez lui, les gendarmes constatent que la maison est vide, mais cela ne suffit pas pour déclarer qu’une personne est morte. 

Circonspects, doutant des aveux de ces deux amants que personne n’était allé chercher, les gendarmes fouillent un peu plus dans le passé du couple et sa vie personnelle. Olivier et Maud livrent alors de nombreux détails sur le jour du meurtre et ce qu’ils ont fait du cadavre… 

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Meurtre de Robert Pichon : le jour où tout a basculé

Le couple fréquentait régulièrement Robert Pichon, raconte Jacques Pradel dans les colonnes du Parisien. Le retraité est célibataire et passe du temps avec ces deux jeunes gens, qui lui font des courses ou lui rendent quelques fois service. Au milieu du mois de septembre, Olivier, Maud et Robert Pichon partent quelques jours chez la tante du premier, à Rambervillers, pour couper du bois. C’est là que tout bascule. 

Un matin, le compagnon de Maud doit faire la route jusqu’à chez eux pour récupérer un médicament oublié sur place. La jeune femme raconte aux enquêteurs que le trentenaire à peine parti, Robert Pichon se serait jeté sur elle, aurait arraché sa robe et aurait tenté de l’agresser sexuellement. Prise de panique, elle l’aurait frappé à la tête avec une hache, le tuant sur le coup. Trouvant sa compagne près du cadavre, Olivier décide de ne pas prévenir la gendarmerie…   

Meurtre de Robert Pichon : légitime défense ou coup monté ?

Olivier a passé 12 ans en prison pour des affaires de vols à main armée et de trafic de drogue, raconte Jacques Pradel dans Le Parisien. Ne voulant pas prendre le risque d’être incarcéré une nouvelle fois, il nettoie minutieusement la scène de crime et tente de brûler le corps du sexagénaire, ainsi que les vêtements de sa compagne. C’est un échec et il se brûle grièvement, ce qui l’oblige à faire un petit tour à l’hôpital. La seconde tentative, à son retour, est la bonne. Selon ce qu’il raconte aux gendarmes, le couple aurait ensuite ramassé les cendres, les aurait mises dans un sac plastique qu’il aurait jeté dans le canal de l’Est, à Epinal. 

Les semaines qui suivent, le couple part à Cannes et même à Paris dans le but de « faire vivre » le mort, en retirant de l’argent avec sa carte bancaire. Ils envoient également des SMS depuis son portable, vérifient son courrier et paient ses impôts, pour que personne ne se doute de quelque chose. Ils prennent ensuite la fuite, direction l’Espagne, avant de rebrousser chemin, les remords étant trop durs à porter pour la jeune femme. 

S'il semble sorti tout droit d’une série policière, le scénario de Maud et Olivier tient la route. Dans la maison de la tante, une goutte de sang, un fragment de montre et un bout de lunettes confirment la présence de Robert Pichon sur les lieux, mais ce n’est pas assez pour conclure qu’il est bel et bien mort. L’enquête se poursuit et les faits sont requalifiés quelques temps plus tard en « assassinat ». Le couple aurait en réalité procédé à une arnaque à l’assurance, déclarant le vol des meubles de Robert Pichon, alors qu’ils ont été retrouvés chez eux. Le mobile financier l’emporterait donc sur la légitime défense. Pourtant, précise Jacques Pradel au Parisien, cette piste ne peut pas être écartée : le sexagénaire a été condamné dans les années 1990 pour des agressions sexuelles sur ses filles. Ces dernières portent plainte contre lui en 2008, alors qu’il est déjà mort. 

Jugée en 2013, la jeune femme est condamnée à 8 ans de réclusion pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Son compagnon doit faire trois ans de prison pour les faits d’escroquerie à l’assurance.