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"C’était le premier entretien de ma vie, et c’était tellement glauque..." Comme Candice, 18 ans, de nombreuses étudiantes en recherche de stage ont sans doute été victimes de ce faux recruteur, qui utilisait différentes identités. Il contactait "ses proies" sur les réseaux sociaux, en disant avoir repéré leur CV en ligne et leur proposait un entretien par visioconférence.
Pour Candice, le rendez-vous se déroule le 15 février 2021, avec un certain Armand, se présentant comme le patron de Tesla Magazine. Un nom prestigieux correspondant à un site Internet dédié à la voiture électrique, mais qui n’a, en réalité, aucun lien avec la firme d’Elon Musk, atteste Le Parisien, qui a eu la confirmation de cette dernière.
Faux recruteur pervers : des demandes obscènes
"Au bout de même pas dix minutes, il me parle de bizutage, de réunions en sous-vêtements, de Chantilly dans la bouche...", raconte au quotidien francilien la jeune étudiante, bouleversée.
"Il veut que je prenne des poses et que j’incline ma caméra. Puis, il me demande si j’ai du lait de coco chez moi... Il insiste. Au bord des larmes, je remonte de la cuisine avec de la crème de marron, je lui dis que je veux parler du stage, mais il continue..."
Au total, le pseudo-entretien a duré 25 minutes, qui lui ont paru interminables.
Angelina, 23 ans, a également été confrontée à ce même Armand, en juillet dernier, pour une alternance. "Il m’explique qu’il promeut un management futuriste, basé sur la domination et les châtiments... Il me parle, très habilement, de l’importance de la représentation, des clients que je pourrais être amenée à rencontrer. Et je me retrouve à changer plusieurs fois de vêtements." Si durant les autres entretiens, l’homme n’allume pas la caméra, cette fois-ci elle était bien branchée. Ce témoignage est donc primordial.
D’ailleurs, en janvier dernier, l’homme était invité sur le plateau de BFM Business pour une émission consacrée à Elon Musk. L’ensemble des jeunes femmes qui ont témoigné disent avoir reconnu sa voix…
Contacté par Le Parisien, le patron de Tesla Magazine n’a pas souhaité répondre aux questions.
Si une dizaine de plaintes a été déposées, l’homme a pu piéger bon nombre d’étudiantes, grâce à l’utilisation de nombreux faux noms.
Faux recruteur pervers : "Il me dit de soulever mon chemisier"
Le 18 février 2021, Cléo, une étudiante en droit âgée de 20 ans a subi les lubies malsaines de cet homme. "C’est tellement difficile de trouver un stage en ce moment... C’était mon seul entretien, j’étais hypercontente", déclare-t-elle. Or, celui qui se présente comme avocat d’affaires, n’allume pas sa caméra. "Quand je lui fais remarquer, il me répond qu’il n’a pas à la mettre", indique-t-elle.
L’entretien ne tarde d’ailleurs pas à prendre une tournure inquiétante : "Il me demande de me mettre debout, de me tourner. Je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir, je le fais. Et puis, il me dit de soulever mon chemisier..." Stupéfaite, la jeune femme se rassied. "Je lui redemande qui il est, mais il noie le poisson, il me donne un nom de cabinet que je ne comprends même pas... Et il enchaîne, comme si de rien n’était."
Et d’ajouter, alors qu’elle devait rédiger un exercice :
"Pendant que j’écris, je vois qu’il coupe régulièrement son micro. Mais dès qu’il rallume, j’entends des petits gémissements... Il finit par me dire que j’ai le stage, que je serai même payée... mais qu’il faut lui obéir et que s’il demande à ses assistantes de soulever leur chemisier, elles le font."
Déconcertée, Cléo refuse et raccroche. "Je suis restée à regarder le vide pendant quinze minutes, en me demandant ce qui venait de m’arriver." Elle estime avoir été "salie" et "humiliée" par cette expérience. Raison pour laquelle elle a souhaité publier sa mésaventure sur le réseau social LinkedIn.
Faux recruteur pervers : de nombreuses victimes
Le post dans lequel Cléo raconte ce qu’elle a subi a été vu plus de 300 000 fois : "Très vite, j’ai été contactée par une, deux, trois, cinq autres étudiantes... Là, j’ai commencé à me dire que c’était un grand malade."
Les témoignages sont nombreux. Certaines ont été questionnées sur leurs mensurations, sur le port de leurs sous-vêtements… Il aurait même demandé à d’autres étudiantes si elles étaient prêtes à "jouer du poignet" pour réussir, ou si elles "suçaient bien".
Le nom du faux recruteur, de l’entreprise et les numéros de téléphone utilisés ont varié, mais, les près de 40 étudiantes qui ont témoigné, sont certaines d’avoir été victimes de la même personne.
Selon Me Anne-Claire Le Jeune, qui s’occupe des dossiers et pour qui les faits sont qualifiables de harcèlement sexuel aggravé, "le nombre de témoignages, le choix de très jeunes femmes en situation délicate, la rapidité avec laquelle il prenait contact avec elles et l’utilisation de fausses identités laisse présager un nombre de victimes encore plus important".