Paul Christophe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a dévoilé, dans un entretien donné à Ouest-France, les modalités de paiement de la prime de Noël...
Il a donné son nom de famille à l’une des affaires criminelles les plus médiatiques des années 1990. En 1991, Charles-Edouard Turquin a huit ans et vit dans une belle maison de Nice (Alpes-Maritimes) avec son père Jean-Louis, vétérinaire de 41 ans. Le matin du 21 mars, le quadragénaire téléphone au commissariat central pour signaler la disparition du petit garçon, qu’il ne trouve nulle part dans sa grande demeure . La famille traverse alors une période compliquée puisque la mère de l’enfant, Michèle Turquin née Balanger, a quitté le domicile après une énième dispute avec son époux. Elle n’est pas sur place ce matin du 21 mars.
Arrivés rapidement sur les lieux, les policiers constatent qu’il ne manque aucun effet personnel du petit garçon et les chiens policiers ne relèvent pas sa trace au-delà de la maison. Charles-Edouard est timide et craintif, la thèse d’une fugue est donc immédiatement mise de côté et celle d’un enlèvement lui est privilégiée. Qui aurait bien pu venir chercher le petit garçon en pleine nuit ? La vie privée du couple Turquin est dès le début au centre de l’affaire et les enquêteurs apprennent rapidement que le couple est en instance de divorce après un mariage chaotique.
Affaire Turquin : un ultimatum le 20 mars à minuit
Michèle Balanger et Jean-Louis Turquin sont étudiants lorsqu’ils se rencontrent sur les bancs de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Ils s’installent rapidement ensemble, mais leur relation se dégrade aussi vite qu’elle a commencée. Selon Nice-Matin, l’homme est décrit comme "autoritaire et violent" et elle serait "volage". Il a des affinités avec le Front national, elle se passionne pour l'hébreu. Mal assortis, ils ont un fils en avril 1983, qu’ils baptisent Charles-Edouard.
Michèle Balanger entretient des relations extraconjugales et ne le cache pas à son mari. Doutant de sa paternité, Jean-Louis Turquin effectue des analyses génétiques en janvier 1991 et découvre alors qu’il n’est pas le père de l’enfant de sept ans. Après une énième et violente dispute en février, le couple est en instance de divorce lorsque disparaît Charles-Edouard. Michèle Balanger a quitté le domicile conjugal mais son époux ne l’entend pas de cette oreille : il refuse de céder la garde de l’enfant et pousse son épouse à revenir à la maison. Il lui a donné un ultimatum, qui se termine le 20 mars, à minuit…
Affaire Turquin : qui est le père de Jean-Charles ?
Ces différents éléments en leur possession, les enquêteurs se demandent si Jean-Louis Turquin n’est pas à l’origine de la disparition de Charles-Edouard. Michèle Balanger se rapproche alors de son mari dans l’espoir d’obtenir des aveux sur cette nuit du mois de mars. Lors d’un rapport consenti des deux côtés, Jean-Louis Turquin lui confie avoir tué puis enterré le garçon dans la commune de Lucéram, à une vingtaine de kilomètres de Nice. Elle obtient ensuite des aveux enregistrés sur cassette, le quadragénaire allant jusqu’à expliquer pourquoi il a choisi d'étrangler le petit garçon. L'homme a-t-il vraiment tué son fils ? S'est-il prêté à un jeu pour reconquérir sa femme ? Les visions s'opposent.
Ces aveux conduisent à l’arrestation de Jean-Louis Turquin, incarcéré le 13 mai 1991. Il est finalement relâché le 14 février 1992, dans l’attente de son procès. Il fait imprimer des affiches pour retrouver son fils et promet une récompense de 100 000 francs, soit 15 000 euros. Il engage également un détective privé, qui est chargé d’enquêter… En Israël. En effet, le père biologique de Charles-Edouard est un quinquagénaire et ancien danseur d’opéra, Moïse Ber Edelstein, Américain de religion juive, qui a été l’amant de Michèle Turquin deux ans avant la naissance de l'enfant.
Jean-Louis Turquin pense alors que le garçon est caché en Israël par sa mère, mais rien ne le prouve. Un an plus tard, le 24 décembre 1993, Moïse Ber Edelstein est retrouvé noyé, près du vieux port de Nice, des cuissardes de pêche à la ligne aux pieds... Interrogé par Nice-Matin en 2017, l'avocat du vétérinaire, Me Jacques Peyrat, le décrit ainsi : "Un indigent qui pêchait sur le quai de Rauba-capeu et qui a été happé par une vague lors d'une tempête".
La piste d’Israël est remontée par les enquêteurs pendant de nombreuses années, sans jamais ne rien donner. En France, le procès de Jean-Louis Turquin se tient finalement en 1997 et, six ans exactement après la disparition de son fils, le vétérinaire est condamné à vingt ans de réclusion par la cour d’assises des Alpes-Maritimes. Commence alors une nouvelle vie et surtout une rencontre inattendue en prison…
Affaire Turquin : l'assassinat de 2017
Jean-Louis Turquin purge sa peine à Fresne, où il entretient une correspondance avec une professeure de fitness nommée Nadine. Il l’épouse dans les années 2000 et obtient sa liberté conditionnelle en juillet 2006. Redevenu vétérinaire, Jean-Louis Turquin s’installe à Arles et affirme continuer à chercher son fils. En 2010, il part s’installer sur l’île de Saint-Martin avec son épouse, où il est assassiné en janvier 2017. Aucune trace d’effraction n’est relevée dans la maison et on a tiré dans le dos du vétérinaire. Soupçonnée, Nadine Turquin a bénéficié d’un non-lieu au printemps dernier. On ne sait pas qui s'en est pris à l'ancien détenu...
La veuve du vétérinaire attaque le procureur qui l’avait présentée comme coupable
La veuve de Jean-Louis Turquin a toujours protesté de son innocence en axant sa défense sur deux points : un alibi solide, sa présence à une soirée d’anniversaire en compagnie de plusieurs amies le soir des faits et des expertises qui n’excluaient pas une contamination de ses mains après avoir manipulé le corps de son mari.
La procédure intentée par Nadine Turquin et son avocat, Me Olivier Morice, porte sur les propos tenus par Xavier Bonhomme lors de sa conférence de presse. "Dès la première expertise, l’expert indique que la présence des résidus de tirs peut résulter d’une contamination ou d’un transfert. Or le procureur n’a jamais fait état de cette hypothèse dans sa communication. Il n’a pas fait preuve de la prudence nécessaire et ne peut donc pas arguer de sa bonne foi", plaide Me Morice.
Xavier Bonhomme a finalement été absous par ses pairs, conformément aux réquisitions du parquet. Dans son jugement rendu le 2 février 2023, le tribunal a prononcé sa relaxe, après avoir notamment constaté qu’il était impossible de connaître avec précision la teneur de ses déclarations et par là même de se prononcer sur une quelconque diffamation. Lors des débats, même s’il avait admis une "maladresse", Xavier Bonhomme avait argué de sa bonne foi. Ce procès a trouvé sa source dans une affaire criminelle retentissante...
Une affaire toujours inexplicable
Presque trente ans après la disparition de Charles-Edouard Turquin, on ne sait toujours pas ce qui est arrivé au petit garçon de sept ans. Malgré plusieurs pistes, son corps n’a jamais été retrouvé, mais il n’a pas été déclaré officiellement mort.
Décédée en 2014 à l’âge de 61 ans, Michèle Balanger n’a jamais saisi la justice pour que soit reconnu le décès de son fils. Pour Jean-Louis Turquin, c'est la preuve que son fils n'est pas mort. Pour son avocat, interrogé par Nice-Matin il y a trois ans, "si Charles-Edouard n'a pas été déclaré mort par sa mère, c'est parce qu'elle savait pertinemment qu'il était en vie". Reconnu coupable par la justice, le vétérinaire Turquin a-t-il tué son fils ? Sans corps, sans preuve, cette question n'aura jamais de réponse.