De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Vous l’ignorez peut-être, mais "vos choix de carrière tout comme votre agilité sur le marché du travail peuvent, paradoxalement, jouer en votre défaveur". Comme le pointe l’économiste Florence Legros dans nos colonnes, "de nos jours, les actifs ne réalisent plus l’ensemble de leur parcours professionnel dans une seule et même entreprise. Si d’un côté, on parle de souplesse et de carrière multiple, le mille-feuille français de régime de retraite n’incite pas réellement à cette stratégie". En effet, "vos décisions de carrière, en l’absence de régime unique, peuvent impacter votre future pension retraite. Prenons par exemple une infirmière qui commence une carrière dans le privé, puis décide de passer en libéral quelques années après, avant de rejoindre le secteur hospitalier (fonctionnaire). Ce choix est une très mauvaise combinaison en termes de retraite. Même constat pour les professeurs d’université qui débutent une carrière dans le privé et la termine dans le public. Vous ne cumulez dans ces cas que des morceaux de régimes. Il sera donc difficile d’atteindre le seuil des 25 meilleures années, servant au calcul d’une future pension", explique la directrice générale d’ICN Business School.
Cumul des régimes de retraite : pourquoi il ne vaut mieux pas commencer une carrière dans le privé
Vous entamez votre carrière dans le secteur privé, avant de rejoindre le public ? "Vos 25 meilleures années seront revalorisées au taux de croissance des prix et non des salaires. Si vous liquidez votre retraite 20 ans après, cela signifie alors que votre dernier salaire dans le privé sera revalorisé en fonction des prix et correspondra donc à un ancien salaire du privé", prévient la spécialiste. "En revanche, si vous commencez dans le public et partez ensuite dans le privé, votre meilleur salaire du privé datera du mois dernier et ressemblera ainsi à un salaire 2021." Cette combinaison de carrière est beaucoup plus lucrative. "C’est en ce sens que le passage au régime universel voulu par la réforme des retraites est un bon point. Il devrait permettre d’effacer les pénalités de passage d’un régime à un autre."
Qu’en est-il en revanche des décisions prises à l’arrivée des enfants ?
Retraite : "Gare aux revenus de remplacement qui peuvent peser sur les futurs retraités"
Temps partiel, congé parental… Ces choix, encore majoritairement féminins, ont "un impact direct et indirect sur votre future retraite. Malgré les règles de revalorisation de salaire, que ce soit au rythme collectif ou individuel, ces décisions peuvent entraîner des retards dans la carrière et peser dans le calcul de votre retraite. Les trimestres non cotisés (chômage, maladie, congé parental) vont en effet retarder d’autant l’âge de la retraite. Dès lors que vous prenez une décision qui va vous conduire à toucher un revenu de remplacement et non un salaire, cela va avoir une incidence négative sur votre pension de retraite", détaille Florence Legros.
Mieux vaut donc "anticiper en se constituant une retraite par capitalisation, en ouvrant par exemple un plan d’épargne retraite ou une assurance vie", conseille l’économiste.
Par ailleurs, décider de se pacser plutôt que de se marier est-il une bonne décision ?
Retraite : votre situation familiale peut vous jouer des tours
Concubinage, PACS, mariage : quelle situation familiale est la plus intéressante ? "Seul le mariage donne droit à une pension de réversion", rappelle l’économiste. Cette partie de la retraite du conjoint décédé, attribuée au veuf ou à la veuve, profite à plus de 4,4 millions de personnes selon la Dress. 9 sur 10 sont des femmes. Les règles diffèrent cependant d’un régime à l’autre, mieux vaut donc se renseigner en amont, en prenant soin d’anticiper les impacts en cas de divorce et de possible remariage. Une étude pas très glamour, certes, mais nécessaire.
Enfin, pensez à bien évaluer votre date de départ à la retraite. Partir le 1er avril au lieu du 1er mars, peut, par exemple, vous permettre d’acquérir un trimestre supplémentaire, voire plus, pour seulement un mois d’effort.