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L’analogie est imparable : « Au fond, c’est la même chose que lorsque vous déléguez vos recherches d’appartement. Vous confiez à quelqu’un vos critères de sélections, il se charge de vous organiser des rendez-vous, et c’est une fois sur place que vous vous rendez compte si vous avez un coup de cœur ou pas ». La comparaison est signée Matthieu Banas, cofondateur de NetDatingAssistant. Le concept ? Proposer des services de drague virtuelle pour le compte d’autrui. Le site s’adresse à la fois à ceux qui n’ont pas de temps à sacrifier pour séduire derrière un écran comme à ceux qui n’ont pas le savoir-faire pour décrocher des rendez-vous sur des sites de rencontre. La création de cette start-up remonte à 2011. « Avec mon associé, nous avions appris l’existence de Virtual Dating Assistant aux USA. Nous les avons contactés pour savoir s’ils ambitionnaient d’investir sur le marché français. Comme ce n’était pas le cas, on s’est lancés en novembre de la même année », explique Matthieu Banas.
500 euros la drague virtuelle
S’en suit alors une campagne de recrutement. Aujourd’hui, NetDatingAssistant collabore avec une quinzaine d’assistants qui mettent à contribution leur savoir faire en matière de séduction virtuelle et arrondissent leur fin de mois de cette façon. 75% de la clientèle est masculine. « L’offre se divise en plusieurs packages : nos assistants draguent en ligne pour nos clients, mais pas seulement. Nous les aidons également à mettre en valeur leur profil et à cibler les sites sur lesquels se rendre selon leurs attentes. Nous faisons également du débriefing de rendez-vous. En moyenne, les assistants perçoivent 500 euros pas mois », note Matthieu Banas. Un client doit en général débourser un peu moins de 500 euros pour qu’un virtuose de la drague virtuelle gère son profil pendant 30 heures. Les critères pour intégrer l’équipe sont néanmoins assez stricts. Il faut être réactif, posséder une syntaxe irréprochable, disposer d’une certaine empathie textuelle – «pour se mettre dans la peau d’un pianiste puis d’un chef d’entreprise quadragénaire deux heures plus tard »- et, bien sûr, faire preuve d’un réel savoir-faire. Avant de collaborer avec la start-up en qualité d’auto-entrepreneur, les assistants sont évalués au cours d’un test grandeur nature.
Service après-vente compris
Clément Rodriguez, 27 ans, est l’un de ceux-là. « J’ai dû montrer mon ‘livre d’or’, c’est à dire des captures d’écran de mes séances de drague personnelles. Puis j’ai été embauché », raconte-t-il. Ce Bordelais ne se considère pas comme un pick-up artist – « des gens qui conçoivent la drague comme un sport »- ne se trouve pas spécialement beau, n’a pas lu The Game de Neil Strauss (le livre de référence sur le sujet) mais utilise malgré tout des termes comme « time-bridge » ou « zone de confort ». Depuis 2013, il a décidé d’en faire son activité à plein temps. En parallèle à ses prestations pour NetDatingAssistant, il livre donc ses services et ses conseils de séduction pour des tiers en direct, et s’active sur tous les sites de rencontre, de Meetic à Attractive World, au profit de chefs d’entreprise comme d’ouvriers. Le tout, depuis son domicile. « J’essaye également de customiser leurs profils respectifs, en organisant des shootings photos qui donnent un rendu naturel, pas trop pro, mais attrayant », détaille t-il. Au total, son activité lui rapporte en 2500 et 3000 euros par mois. « Tout a commencé quand j’ai commencé à donner des conseils d’accroche à des amis sur Adopte. J’ai crée des couples autour de moi, sans savoir que je pouvais en faire mon activité. Puis l’effet boule de neige a fait que je me suis lancé », s’amuse t-il. Il compte environ une quinzaine de clients simultanément, qui font appel à lui pour une durée moyenne de quatre mois. Son secret ? « Il n’y a pas de manuel ou de mode opératoire à respecter à la lettre. Il faut d’abord aborder une fille en se montrant original. Si l’accroche est une référence directe à son profil, c’est mieux ». Mais sa prestation ne s’arrête pas aux rendez-vous décrochés. Clément Rodriguez assure également le service après-vente. « Il m’a obtenu plusieurs rendez-vous, mais qui n’ont pas débouché sur grand-chose. Il m’a alors débriefé sur ce qui n’allait pas, pour m’aider à casser le virtuel. Et il m’a aussi appris que si une fille passait plus de 24 heures sans répondre à un SMS, c’est qu’il fallait tourner la page et ne surtout pas insister. Il a clairement un recul que je n’avais pas », relate Arthur*, l’un de ses récents clients, agent de voyage en Normandie. Reste une question fondamentale. Que diable Clément Rodriguez peut-il bien raconter à ses cibles lorsqu’il drague pour son propre compte ? « Je leur avoue sans problème que je suis coach en séduction. Mais que je ne fais pas d’heures supp’ ».
*Le prénom a été modifié.