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- 1 - Ce n'est que le second roman de Leïla Slimani
- 2 - Le lauréat remporte un chèque de… 10 euros !
- 3 - On l'a retiré à un auteur car il avait des accointances nazies
- 4 - Julien Gracq l’a refusé
- 5 - En 2011, des pirates informatiques ont corrigé les fautes de français d’un lauréat
- 6 - Le tout premier vainqueur du prix mettait en scène un extraterrestre
- 7 - Le jury a été espionné deux fois, et par le même homme !
- 8 - Romain Gary a triché pour le recevoir deux fois
Ce n'est que le second roman de Leïla Slimani
La lauréate de cette année n'a pas une longue carrière, ni une œuvre immense, non : elle a écrit le roman Dans le jardin de l'Ogre, et Chanson Douce. Le premier traite de l'addiction sexuelle vue par une femme, comme le rapporte Direct Matin.
Le second, qui a donc remporté le prix, relate un horrible fait divers. Dans Chanson Douce, Leïla Slimani revient sur la vie d'une nourrice des beaux quartiers new-yorkais, qui en 2012 a assassiné les deux bébés dont elle avait la charge. Un roman qui, selon Le Monde, saisit le lecteur aux tripes pour mieux l'interpeller, ce qui a de toute évidence conquis le jury.
Le lauréat remporte un chèque de… 10 euros !
À l'origine, le testament d'Edmond de Goncourt, qui a lancé le prix éponyme, indiquait que le gagnant se verrait octroyer 5 000 francs. Malheureusement, d'après Challenges, la somme importante de la fondation Goncourt s'est évaporée après une série de mauvais placements et une dévaluation drastique du franc.
Aussi le gagnant du prix doit-il se contenter d'un triste chèque de 10 euros, artefact sans relief mais très symbolique qu'il préférera probablement encadrer. Le véritable intérêt de cette victoire (si la reconnaissance, voire la gloire ne sont pas ce qu'on recherche), ce sont les ventes générées par la labellisation "Goncourt", qui peuvent être propulsées à 300 000 exemplaires.
On l'a retiré à un auteur car il avait des accointances nazies
Au moment de décerner le prix Goncourt de l'année 1960 à Vintila Horia pour le roman Dieu est né en exil, on ne se doutait pas de l'atroce passif que traînait l'écrivain. Après seulement quatre jours passés à profiter de sa victoire, l'auteur roumain a été accusé d'avoir fait partie de la "Garde de fer", une cellule antisémite proche du nazisme.
Même si les faits dataient des années 1930, comme le rapporte Le Parisien, le scandale a pris trop d'ampleur. L'écrivain s'est vu retirer le prix Goncourt. Ironie du sort, il a été contraint de s'exiler. Le prix lui reste officiellement "attribué", mais pas "décerné".
Julien Gracq l’a refusé
Comme le montre l'exemple de Julien Gracq, s'il est frustrant de se voir retirer le prix Goncourt, il peut aussi être frustrant de le recevoir. L'auteur de Le rivage des Syrtes, explique L'Obs, avait fait savoir qu'il refuserait le prix avant même d'être nominé. Il l'a déclaré à plusieurs reprises, et pourtant le jury l'a désigné comme vainqueur en 1951.
"Le jury n'a pas tenu compte de mon attitude", a alors déploré l'auteur. Les ventes de son livre ont finalement donné raison à cet écrivain qui cherchait à dénoncer l'aspect artificiel de prestiges tels que le Goncourt. En 1951, après avoir reçu le prix, il a vendu 110 000 ouvrages, alors qu'en 1952, seulement 175 d'entre eux ont été écoulés.
En 2011, des pirates informatiques ont corrigé les fautes de français d’un lauréat
Alexis Jenni, auteur de L'Art français de la guerre, a sans doute très vite déchanté après avoir reçu le prix Goncourt de l'année 2011. La Team Alexandriz, un ensemble de hackers qui met en ligne des livres téléchargeables gratuitement... et surtout illégalement, s'est en effet chargé de corriger toutes les fautes de conjugaison et d'orthographe de l'ouvrage, apparemment foisonnantes.
Si les coquilles qui montrent une confusion entre "c" et "ç" ou "e" et "é" sont imputables à la numérisation du roman, qui peut être sujette à des erreurs d'ordre informatique, les fautes comme "tu tourne" ou "des ligne" se retrouvent dans la version papier. Une bévue gênante pour le géant de l'édition Gallimard, chargé de la publication du roman.
Le tout premier vainqueur du prix mettait en scène un extraterrestre
Ce n'est pas une blague : en l'an de grâce 1903, le premier prix Goncourt a été décerné à John-Antoine Nau pour son ouvrage Force Ennemie. L'histoire est celle de Philippe Veuly, un homme qui se réveille dans un hôpital psychiatrique, frappé d'amnésie. Sans grande surprise, il tombe sous le charme d'une femme vivant de l'autre côté de la rue.
Cela devient un tantinet déroutant lorsqu'on apprend que Philippe est possédé par un certain Kmôhoûn, un alien exilé de la planète Tkoukra, qui peut contrôler son hôte à sa guise et se montre aussi grivois que cynique... Rappelons qu'en 1903, on décernait le prix Nobel de la Physique à Marie et Pierre Curie, et on assistait à la naissance... de l'entreprise Ford.
Le jury a été espionné deux fois, et par le même homme !
Depuis la création du concours, le jury chargé de décider quel ouvrage mérite leur insigne distinction se rassemble toujours au même endroit, le restaurant Drouant. Cette habitude les rend prévisibles, et un journaliste du nom d'Alain Ayache en a profité en 1958, comme le raconte Le Parisien.
Du haut de ses 16 ans, le jeune homme s'est introduit dans le restaurant et s'est caché dans un placard, d'où il a espionné toutes les tergiversations des jurés. Des années plus tard, en 1983, la même opération lui permet d'enregistrer 90 minutes de conversations. Il les publiera dans son magazine, Le Meilleur.
Romain Gary a triché pour le recevoir deux fois
Par obligation, il est impossible au jury du prix Goncourt de le décerner à deux reprises. D'un autre côté, une fois leur choix du gagnant effectué, ils sont contraints de le garder, même dans le cas de Vintila Horia, à qui il est encore, techniquement, "attribué". Cela leur a donc posé un problème quand, après avoir désigné le romancier Romain Gary comme vainqueur en 1956 pour Les Racines du Ciel, ils l'ont réélu en 1975.
Le jury avait été dupe d'une astuce toute simple de l'auteur malicieux. Ce dernier avait tout bonnement utilisé le pseudonyme d'Émile Ajar pour écrire La vie devant soi. Lors de la cérémonie de remise des prix, il était incarné par son cousin Paul Pavlowitch, et le tour était joué ! Il a fallu attendre la mort de l'écrivain, 5 ans plus tard, pour lever le mystère.