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De sombres jours s'annoncent. Le gouvernement a anoncé en juillet une hausse de 10% des tarifs réglementés de vente (TRV) de l'électricité à partir du 1er août, conséquence malheureuse de la fin progressive du bouclier tarifaire dont les ménages français bénéficiaient depuis le 1er février 2022. D'abord fixé à 4% pendant un an, le plafonnement de la hausse a été relevé en février 2023 à 15%, face à l'envolée des prix de l'énergie conséquente à la reprise économique post-coronavirus et, décuplée par la crise ukrainienne, sans compter le changement climatique. Pour les ménages et les entreprises, la facture a été plus lourde, mais les deux dernières années ne se sont pas traduites par un écrasement des foyers sous la charge financière énergétique, comme cela a pu être le cas au Royaume-uni, où les nouveaux tarifs ont provoqué une crise d'une ampleur historique. Sur son site, EDF claironne : "s ans cette mesure, votre facture d’électricité aurait doublé cette année !".
Les Français face à leurs factures
Mais au 1er aout, le gouvernement réduira la voilure en ne prenant plus en charge que 37% de la facture des ménages, contre 43% en moyenne pendant les derniers mois. Le bouclier disparaîtra complètement à la fin 2023, laissant les Français désormais seuls face au prix de leur consommation en électricité. Après des mois d'aides de l'Etat, la réalité devrait frapper d'autant plus fort que la force nucléaire vacille et que de nombreux investissements publics vont devoir être réalisés par le nouveau gouvernement en place.
Le parc nucléaire, la variable mystère
Un tiers. C'est la place qu'occupent les coups d'approvisionnement sur la facture d'électricité. Une variable sur le coup final qui n'est donc pas à négliger. Son poids dépend comme tout de la loi de l'offre et de la demande : si le parc nucléaire fournit de l'électricité en quantité, EDF (et les concurrents) seront en mesure de proposer des tarifs bas. Mais la tendance n'est pas à la baisse, hélas, la faute notamment à un parc nucléaire qui n'est pas au sommet de sa forme. En 2022, il n'a produit que 279 térawattheures (TWh), soit le " plus bas niveau de production de son histoire", selon un rapport d'experts transcrit par L'Humanité. En 2023, la production devrait s'élever à 315 TWh, soit "des niveaux de production comparables à ceux des années 1990 (...) une période où le parc nucléaire comptait six réacteurs de moins qu'aujourd'hui". Or, à en croire RTE, les besoins en électricité vont augmenter. Et à cet état de fait s'ajoute également le coût de construction des six nouveaux réacteurs (EPR), dont le financement estimé à 51,7 milliards d'euros par l'exécutif pourrait se reporter en partie sur la facture des ménages.
La rénovation du réseau électrique
Coupable de la hausse des factures également : le projet dantesque de la rénovation et du déploiement du réseau électrique. Le tarif d'utilisation des réseaux public d'électricité (Turpe) facturé aux ménages a déjà augmenté de 6% cette année, "et ce n'est qu'un début c ar il faudra développer le réseau pour l’adapter aux énergies renouvelables, notamment aux parcs éoliens offshore”, selon Nicolas Goldberg, expert en énergie chez Colombus consulting interrogé par Capital. Des travaux qui devraient mobiliser un budget de 5 milliards d'euros jusqu'en 2040, dont une partie sera levée via le Turpe.
L'un dans l'autre, aucune baisse des tarifs de l'électricité n'est à prévoir, et la situation pourrait se prolonger sur plusieurs années. Une situation difficile pour les Français bientôt privés de bouclier tarifaire, et le gouvernement n'a pour l'instant esquissé aucun geste indiquant une prolongation ou une adaptation du dispositif.