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L’affaire se déroule en plein cœur de Paris, mais depuis quelques jours, l’histoire de la petite Lola a fait le tour de l’Hexagone, et ému des millions de Français.
Vendredi 14 octobre, la jeune fille de 12 ans rentre, comme à son habitude, à pied de son collège, situé dans le XIXème arrondissement de la capitale. Elle pénètre dans son immeuble aux alentours de 15h20… et disparaît.
A 23h20, un SDF signale à la police la présence d’une malle dans la cour du bâtiment où résident les parents de Lola. A l’intérieur, dissimulé sous des couvertures, gît le corps démembré et sévèrement mutilé de la jeune adolescente.
Lola est morte asphyxiée. Elle a également été victime de viol.
Très vite, une voisine de la famille fait figure de principale suspecte : il s’agit de Dahia B., une ressortissante algérienne de 24 ans, hébergée par sa sœur dans la résidence.
Meurtre de Lola : “des éléments de violence physique et sexuelle qui sont très rares"
En garde à vue, cette dernière, qui faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français, déclare avoir entraîné Lola depuis le hall de l’immeuble jusqu’à l'appartement de sa sœur, où elle aurait abusé d’elle.
“Je l’ai attrapée par les cheveux, j’ai mis sa tête entre mes jambes […], j’ai eu un orgasme" - aurait affirmé Dahbia B. devant les enquêteurs.
Elle lui aurait ensuite scotché le visage, avant de larder son corps de plusieurs coups de couteaux. Dahbia B. assure également avoir bu du sang de sa victime après l’avoir recueilli dans un flacon.
Des déclarations qui correspondent aux constatations des médecins légistes. “Ces premiers éléments, s’ils sont vrais, indiquent un passage à l’acte d’une exceptionnelle gravité, avec des éléments de violence physique et sexuelle qui sont très rares chez la femme comme chez l’homme", souligne le Dr. Jean-Pierre Bouchard, psychologue criminologue, spécialiste des victimes et des agresseurs.
Dans ses premières déclarations, en garde à vue, Dahbia B. assure qu’elle s’en serait pris à la petite Lola par “vengeance". Quelques jours plus tôt, la maman de l’adolescente, qui est également la gardienne de l’immeuble, aurait refusé de lui fournir un badge d’accès à la résidence.
Mais les enquêteurs étudient d’autres possibilités, en lien, notamment, avec l’état psychique de la suspecte.
Pour autant au terme de sa garde à vue, l’examen de comportement psychologique de Dahbia B. n’a pas mis en évidence de péril psychique. Elle a été mise en examen, notamment pour meurtre sur mineure de moins de 15 ans en lien avec une agression commise avec actes de torture et de barbarie, puis écrouée à la prison de Fresnes.
Se pourrait-il qu’elle soit atteinte de troubles mentaux sévères ?
Meurtre de Lola : les 3 “hypothèses" sur le mobile de Dahbia B.
Pour le Dr. Jean-Pierre Bouchard, il existe trois hypothèses, à prendre avec des pincettes dans ce genre d'affaires, “car il peut y avoir des réalités psychiques très différentes selon les personnes".
Mais en général, selon le spécialiste, “quelqu’un qui commet un tel crime sur un mineur peut chercher, à travers l’enfant, à atteindre d’autres personnes, donc sous forme de vengeance".
Ensuite, il existe selon lui des mobiles de type “délirants". “Ce n’est pas fréquent, mais cela peut exister, dans le cas de malades mentaux qui délirent et commettent un crime", poursuit Jean-Pierre Bouchard.
Lorsqu’un tel cas de figure est expertisé, il peut y avoir une abolition du discernement, et cela génère une irresponsabilité pénale. La personne ne peut pas être jugée, elle ne va pas en prison et elle est transférée dans une unité fermée de soins psychiatriques. Dans un autre cas, la maladie mentale peut causer seulement une altération du discernement. La personne est donc jugée aux assises, mais peut bénéficier d’une réduction de peine. - Dr. Jean-Pierre Bouchard, psychologue criminologue
Enfin, il peut y avoir dans le passage à l’acte “des éléments de perversion, un possible sadisme, sans qu’il y ait pour autant un trouble mental entraînant l’abolition ou l’altération du discernement", note l’expert.
Meurtre de Lola : un crime lié à la psychose ?
Difficle, pour l’heure, de dire où se situe la principale suspecte du meurtre de la petite Lola. “Je ne peux pas me prononcer sur son état, ou dire si cette femme est pédophile, car il y a des critères bien précis et il faut pouvoir expertiser la personne, mais ce qui semble certain, c’est que le passage à l’acte n’est pas banal, c’est un déchainement de violence extrêmement important", ajoute le Dr. Jean-Pierre Bouchard.
Le mobile du crime sordide, d’une rare violence, pourrait-il être lié à une pathologie mentale ? Rien n’est moins sûr, selon le psychologue.
La schizophrénie ou la psychose sont des hypothèses, dans la case des délires, qui peuvent se caractériser par le fait que les personnes délirantes soient hallucinées, et cela peut avoir une influence sur leur comportement violent. Mais c’est rare, et le diagnostic dans les affaires criminelles est loin d’être systématique. Statistiquement, la conclusion d’une irresponsabilité pénale arrive dans moins d’1% des cas - Dr. Jean-Pierre Bouchard, psychologue criminologue
Pour l’expert, toutefois, il existe dans les éléments connus du passage à l'acte de Dahbia B., “une forme de rareté dans l'hyper- violence, peut-être une appétence pédophilique, et l’hypothèse des troubles mentaux, tout le monde y pense. Mais il faut vérifier".
L’enquête, justement, devrait se pencher, dans les semaines à venir, sur la psyché de la principale suspecte, à la recherche d'explications sur son terrible geste.
“Une expertise psychiatrique et psychologique sera menée sur cette jeune femme, pour analyser sa personnalité, sa façon de se comporter au moment du crime, mais aussi tout au long de sa vie. Le temps de la justice est long, mais nécessaire pour avoir toutes les clés en main. Il faut laisser les acteurs du dossier faire leur travail et ne pas surinterpréter", assure le criminologue auprès de Planet.