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C’est le grand amour de sa vie. Laëtitia, qui habite à Marseille, a pourtant grandi dans l'adversité, et souffre d’une maladie auto-immune. "Je suis une enfant de la DDASS, et j’ai longtemps recherché mon identité. J’ai même intégré la pègre marseillaise à 13 ans pour sortir ma mère des griffes de la prostitution".
Mais avec Max, son fiancé, elle a connu de longues années de bonheur absolu.
Ils se sont rencontrés il y a une vingtaine d’années. "À l’époque, je travaillais dans l’immobilier, nous raconte Laëtitia. Un jour, alors que je fermais l’agence et que j'essayais de démarrer ma moto pour rentrer chez moi, je n’y suis pas parvenue. Alors, j’ai mis quelques coups de pied. Lui, il habitait juste au-dessus. Il est descendu et m’a dit : "elle ne démarrera pas mieux comme ça!".
Ils se revoient ensuite souvent, à l’occasion d’une pause cigarette, ou pour aller prendre un verre. "Et au fil du temps, nous sommes passés de l’amitié à l’amour", relate Laëtitia. Leur relation est fusionnelle, complice, pleine de respect. "Il y avait beaucoup d’amour", partage la marseillaise.
"Tout était prévu pour le mariage"
Elle se souvient encore avec émotion de la demande en mariage de son conjoint. "Il m’a emmené sur la tombe de mon père, et il a sorti une bague. Il a demandé à mon père ma main. C’était un homme très romantique".
Le mariage était fixé au 19 mai 2022. "Tout était prévu. Nous avions le lieu, les costumes…", poursuit Laëtitia.
Mais il y a quelques mois, tout bascule. Le soir de Noël, Max doit rejoindre Laëtitia et sa maman pour qu'ils passent la soirée ensemble. Il vient de perdre sa mère, la veille. "On avait alors prévu un petit Noël, entre nous, pour le soutenir. Mais là, la police m’appelle. On me dit que mon fiancé a eu un accident, il faut venir sur les lieux".
"Il a été tué sur le coup"
Max a été renversé par un camion. Le chauffard était ivre, sous l’emprise de stupéfiants.
"C’était une scène de crime atroce, un désastre. Il était en moto, il a été tué sur le coup", explique Laëtitia.
L’enquête dure plus d’un mois. "Pendant tout ce temps, je suis allée voir Max tous les jours à la morgue. Je ne vous explique pas l’état de putréfaction du corps… Et au moment de l’inhumer, les employés des pompes funèbres ont refusé de s’occuper du corps. C’est moi qui ait dû faire le thanatopracteur".
L"expérience est traumatisante pour la fiancée endeuillée. "Mais avec tout l’amour que m’a témoigné cet homme, jamais je l’aurai abandonné", poursuit Laëtitia. Elle lui fait revêtir son costume de marié et lui enfile son alliance. "Il est parti dignement, dans un cercueil blanc, il aimait le blanc."
"Je dois porter le nom de Max"
Et si la douleur est immense, Laëtitia refuse, pour autant, de fermer le livre de leur histoire qu’elle qualifie de "shakespearienne".
"Je dois porter le nom de Max. C’est mon identité. Ce n’est pas parce qu’on est séparés par la mort que l’histoire de continue pas. L’amour continue. Grâce à cet homme, j’ai découvert tellement de choses. Il m’a appris à savoir être aimée", nous explique Laëtitia.
"Tous les jours, il m’embrassait la main quand il partait, et à nouveau quand il rentrait. Et puis, comme je suis atteinte d’une maladie auto-immune, je suis souvent hospitalisée, je fais des crises convulsives et des épileptiques qui ne sont pas belles à voir, mais lui, il ne m’a jamais laissée. Alors je ne vois pas pourquoi moi, je vais arrêter l'histoire", témoigne-t- elle.
Mariage posthume : que dit la loi ?
Elle s’est rapprochée d’un avocat pour obtenir un mariage posthume. Dans le droit français, la procédure est rare, mais pas interdite. "Le Président de la République peut, pour des motifs graves, autoriser la célébration du mariage si l'un des futurs époux est décédé après l'accomplissement de formalités officielles marquant sans équivoque son consentement.", précise legifrance.
La demande doit être adressée directement au Garde des Sceaux, et l’union ne donne cependant droit à aucune succession. Qu’importe, pour la marseillaise. "ll faut absolument que je sois la femme de Max, donc entre le bénéfice que peut me rapporter par exemple, de porter partie civile dans l’affaire au pénal ou porter son nom , je choisis de porter son nom, sans hésitation".
La procédure est en cours, et il faut désormais à Laëtitia beaucoup de patience. "A cause du Covid, les affaires familiales ont pris du retard. Cela risque donc de prendre du temps. Mais j’ai bon espoir que ma demande aboutisse. J'ai reçu beaucoup de soutiens.", précise la marseillaise, qui s’est par ailleurs fendue d’un courrier adressé directement au président pour lui présenter sa situation.
"J’irai déposer mon bouquet sur sa tombe"
Elle a prévu, le jour où sa demande sera enfin acceptée, d’organiser une petite cérémonie."J'espère la filmer et la diffuser au nom de Max, de tout ce qu’il a représenté. Je mettrai une jolie robe, il y aura les alliances et puis j’irai déposer mon bouquet sur sa tombe avant de me rendre à l’endroit où on avait l'habitude de s’enlacer", confie Laëtitia.
Devenue nez grâce à une formation adaptée pour laquelle elle avait d’ailleurs déjà sollicité le Président de la République, Laëtitia compte égalemen t créer une marque de parfum en hommage à son fiancé.
"J’ai eu beaucoup de chance d’être aimé par cet homme. Aujourd’hui, j’aimerai aussi obtenir un tête à tête avec le chauffard qui l’a renversé, qui est aujourd’hui en détention. Je voudrais lui demander d’assumer ses actes, mais aussi l’amener à interagir dans le bon sens, à faire des démarches pour montrer ce que peuvent causer l’alcool et la drogue. Et lui accorder mon pardon."
Ce double combat, Laëtitia, ne compte pas l'abandonner de sitôt. "Je le dois à Max. L’amour entre nous était plus fort que la mort, l'amour va beaucoup plus loin que la vie", conclut la quadragénaire.