De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Il y a quelques jours, alors qu’elle scrollait sur Instagram, Elise, une étudiante en droit de 26 ans, reçoit la demande d’abonnement d’un compte pour le moins… intriguant. Le profil affiche la photo d'un homme d’âge mûr, séduisant, dont la courte biographie fait état de sa situation financière exceptionnelle et de son degré de confiance. “Tout de suite, j’ai su que c’était du pipeau”, nous raconte la jeune femme. Mais je voulais le piéger, le prendre à son propre jeu, car je trouve que ces pratiques sont vraiment dégueulasses, alors, j’ai accepté sa demande.”
Elise est probablement tombée sur un brouteur : c’est-à-dire, un arnaqueur opérant sur les réseaux sociaux en séduisant leur victime avant de les extorquer, plus ou moins finement.
Son nouveau contact ne s’est pas fait attendre pour lancer son hameçon. “Dans les secondes qui ont suivi, j’ai reçu un message, en anglais, comme son profil. Il m’expliquait qu’il cherchait une jeune femme comme moi, à entretenir”, poursuit Elise.
Au départ, la situation amuse l’étudiante. Elle décide de jouer le jeu. “Il me disait qu’en tant que sugar daddy, il pouvait me faire des virements de minimum 5000 euros par semaine. Je lui ai dit que j’étais d’accord”, explique t-elle.
“Un mail stipulant qu’un virement de 5000 euros avait été fait à mon adresse”
Mais Elise n’est pas crédule. En quelques clics, elle effectue une recherche photo sur Google avec l’avatar de son futur “bienfaiteur”, et découvre qu’il s’agit d’un cliché volé. Sur plusieurs forums, il est fait mention de nombreux “faux profils” utilisant cette photo dans le but d’attirer leurs proies.
“Très vite, il m’a dit que je pouvais lui faire confiance, et il m’a même envoyé des captures d’écran et des vidéos provenant, soi-disant, de ses autres "bénéficiaires" qui se réjouissaient d’avoir reçu de grosses sommes”. Elise lui envoie son adresse email, et demande un virement dans l’heure pour être sûre qu’il est bien digne de confiance. C’est là que l’escroc commence à placer ses pions, discrètement. Mais l’étudiante en droit connaît bien ces techniques.
Il m’a envoyé un mail stipulant qu’un virement de 5000 euros avait été fait à mon adresse. Mais bien sûr, c’était via une application obscure, et il m’a expliqué qu’il fallait, pour que j' accède à l’argent, que je fasse quelques manipulations qui comprenaient, lui donner accès mes comptes - Elise, étudiante
“Ton sang va commencer à mourir”
Elise fait semblant de ne pas comprendre : elle lui fait répéter une dizaine de fois les mêmes phrases. “Il ne lâchait rien, c’était hilarant”, s'amuse la jeune femme.
Au bout du compte, elle décide de lui faire comprendre qu’elle n’a jamais été dupe. Elle lui envoie un lien vers un article mentionnant l’usage frauduleux de sa photo de profil, en lui promettant de signaler son compte.
C’est là que l’échange prend un virage inattendu.
“Il est devenu très agressif. Il m’a dit : ‘que Dieu fasse du mal à tes parents. Tu es maudite maintenant. Ton sang va commencer à mourir”, relate l’étudiante.
La formule n’aurait pas tant inquiété Elise si elle n’avait pas été accompagnée d’une photo pour le moins sinistre. “Il m'a envoyé la photo d’une statuette africaine flippante en m’expliquant qu’il m’avait signalé à son tour à son idole et que j’étais désormais maraboutée", lance t-elle.
Elise a bloqué son profil… Pourtant, deux jours plus tard, une nouvelle surprise l’attendait dans ses messages privés.
C’était lui, il m’avait envoyé un simple “Hello”. Et il avait changé sa photo. Je ne comprends pas comment c’est possible, car je l’avais bloqué. - Elise, étudiante
Elise ne comprend pas non plus pourquoi son compte est encore actif : elle l’avait pourtant signalé à la plateforme Instagram dans la foulée, pour fraude et tentative d'extorsion.