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Lancé en 2010 en France, Sugar Daddy.fr (littéralement "Papa Gâteau", ndr) est depuis quelques jours visé par une plainte pour incitation à la prostitution. Ce site de rencontres consiste à proposer à des hommes, pour la somme de 29,90 euros par mois, d’avoir accès aux profils de jeunes femmes, la plupart étudiantes, en recherche de confort matériel. Concrètement, ces messieurs indiquent leurs revenus et ces demoiselles leurs attentes en termes de cadeaux, sorties, etc.
"Vous êtes une jeune femme qui veut se faire dorloter ? Vous cherchez un partenaire mûr et élégant qui vous gâte ?", demande en effet le site à ses membres de sexe féminin, tandis qu’il demande aux autres, de sexe masculin : "Vous êtes un homme à l'aise dans la vie ? Vous êtes quelqu'un d'occupé et aimez les jeunes femmes attirantes et ambitieuses ?".
"Faire de l’argent sur la misère des femmes"
Un concept qui semble dangereusement flirter avec la définition de prostitution, ce dont se défend farouchement le fondateur du site, Vincent Veyrat-Masson. "Notre ligne éditoriale se borne naïvement à prendre le contre-pied d'un autre de nos sites, Cougar Rencontre, qui cible des rencontres avec des femmes mûres, en proposant cette fois de trouver des hommes mûrs", a-t-il fait valoir dans les colonnes du Parisien.
Faux, rétorque Me Henri de Beauregard, l’avocat de l’association Action contre le proxénétisme à l’origine de la plainte qui vise le site. "Le terme de ‘Sugar Daddy’ ne souffre aucun doute : il s'agit bien ici de proposer des rapports sexuels contre rémunération ou cadeaux et donc de faire de l'argent sur la misère que vivent ces femmes", dénonce-t-il.
"Je ne me force pas, si je le fais c’est parce que je me sens à l’aise"
"Le site est très direct. On leur demande de l'argent en liquide ou des virements (...) J'ai pu avoir jusqu'à 5000 euros par mois", a témoigné Mathilde, une étudiante de 24 ans au micro de TF1. "Je ne me force pas, si je le fais c'est parce que je me sens à l'aise", a par ailleurs confié la jeune femme à propos de la possibilité d’avoir des relations sexuelles avec les hommes du site.
Et celle-ci d’ajouter : "Il faudra bien que j’arrête un jour ou l’autre. Cela m’empêche d’avoir une relation stable avec quelqu’un". Interrogée par Planet.fr, la sociologue et spécialiste de la prostitution, Françoise Gil*, a estimé qu’il s’agit "purement et simplement de prostitution" et que celle-ci "n’ose pas dire son nom", se dissimulant derrière un concept "édulcoré".
"Elles assument leur choix et revendiquent une vie de luxe"
Quant à savoir si les jeunes femmes inscrites sur le site ont conscience ou non de ce qu’elles font, l’expert reconnaît qu’il est "difficile" de répondre. "Nous ne sommes plus dans le schéma habituel de la femme qui se prostitue pour vivre mais dans celui de la jeune femme qui, sous la pression de la société, vend son corps pour s’acheter des vêtements et accessoires de marques. Certaines assument même très bien ce choix et revendiquent une vie de luxe", a-t-elle expliqué.
De son côté, Jessica, 26 ans et membre du site depuis qu’elle a 20 ans, a raconté à RTL que ces rencontres avec des hommes plus âgés via le site Sugar Daddy étaient devenues une "addiction". "Quand j'ai vraiment pas le moral, et que je le fais quand même, là je me sens vraiment comme si j'étais une prostituée parce que je me dis que j'ai été obligée de le faire", a-t-elle déploré.
Françoise Gil soulève par ailleurs que "l’ambiguïté" du site peut s’avérer être un véritable piège pour les jeunes femmes : "l’une d’entre elles, naïve, pourrait vraiment déchanter, voire avoir de sérieux problèmes, en tombant sur un homme mal intentionné ou dont les attentes seraient plus grandes que ce qu’elle ne s’apprêtait à lui offrir". Et alors qu’Action contre le proxénétisme est récemment montée au créneau en portant plainte contre Sugar Daddy.fr, la sociologue a prévenu que ce type de site est souvent difficile à faire condamner. La plupart d’entre eux étant hébergés à l’étranger.
* François Gil est l'auteure de "Prostitution : fantasmes et réalités" , (éd. ESF)