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Personnages historiques, personnalités politiques, indications géographiques : les noms des rues, places et autres lieux publics devant lesquels vous passez tous les jours sont divers et variés. Pourtant rien n’est laissé au hasard : un important travail de consultation et de concertation est réalisé en amont pour choisir ce qui relève de l’odonymie, l’étude des noms désignant tout type de voies de communication.
Depuis 1982, dans le cadre des lois de décentralisation, ce sont les municipalités qui sont chargés de l’attribution des noms de rue par le biais d’une commission. A Strasbourg, par exemple, dans le Bas-Rhin, c’est la commission de dénomination des rues et des écoles au sein de la Direction de la culture qui fait les propositions. Une instance qui existe depuis 1873, lorsque la ville était rattachée à l’Allemagne.
Une commission composée notamment d’historiens, archivistes et spécialistes de l’histoire locale
La commission strasbourgeoise est composée d’une trentaine de personnes de différentes catégories : des élus, des spécialistes de l’histoire de la ville et des représentants d’associations comme les Amis du Vieux Strasbourg, des écrivains et des personnes retraités des grandes institutions tels que les Archives nationales et enfin des utilisateurs d’adresse postale, comme les services d’urgence, tels que les pompiers ou la police, ainsi que la Poste.
A chaque fois que la ville a besoin de nouvelles appellations, c’est à la commission qu’elle fait appel. "Au fur et à mesure que des nouveaux quartiers sont construits ou des allées créées, les services de la ville en charge de l’aménagement font remonter leurs demandes auprès de la commission. Ce sont principalement ceux qui sont historiens, archivistes et spécialistes de l’histoire locale qui font les propositions", nous a expliqué Rémi Baudru, un membre de la commission qui y occupe le poste de secrétaire. Les différents noms proposés sont alors envoyés au conseil municipal qui a le dernier mot.
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Il est rare que la commission intervienne pour changer un nom préexistant. Cela entraînerait trop de désagréments pour les riverains et les usagers, obligés de changer leur adresse. Sauf exception, bien sûr. L’Alsace et la Lorraine ont été ballotées entre la France et l’Allemagne à plusieurs reprises au XIXe et XXe au fil des guerres et des annexions de territoires. Certaines avenues et espaces publics ont ainsi vu leur nom modifier du français à l’allemand ou inversement plusieurs fois.
Plusieurs critères sont pris en compte dans leurs choix
Pour faire leurs suggestions, les membres de la commission peuvent par exemple choisir une référence géographique ou locale, telle la rue des hallebardes, ou bien de rendre hommage à une personnalité, comme pour l’avenue Pierre Mendès-France. A Strasbourg, sur les 2 300 espaces publics existant, 895 ont été nommées d’après des personnes, une soixantaine ont des noms de saints, et le reste correspond à des noms locaux ou géographiques.
Les membres de la commission doivent aussi prendre en compte un certain nombre de critères. "On fait attention à l’échelle de la voie et son importance dans le tissu urbain par rapport à la notoriété de la personne. On ne va pas dénommer "Michel Rocard" une petite impasse. Ce genre de noms est plutôt réservé pour une voie relativement importante." Il faut donc que la nouvelle rue s’intègre de manière cohérente dans la ville.
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Dans le quartier dont la majorité des voies ont des noms d’aviateurs, c’est par exemple l’aviatrice américaine, Amélia Earhart, première femme à avoir traversé l’Atlantique en solitaire, qui a été choisie pour donner son nom à une nouvelle allée. "Quand on créé des nouveaux quartiers dans des zones où il y a déjà des noms qui existent, cela peut être intéressant de faire survivre et de les concerner, comme pour les lieux-dits". C’est le cas d’une allée dont le nom a été choisi en fonction de l’histoire du lieu. "L’ancienne topographie du lieu s’appelle le Bugfeld, qui est un peu connu localement, car il y a eu un camp de prisonniers installé à proximité. Quand a été discuté l’opportunité de donner un nom à cette future rue, ce nom (Bugfeld) a été proposé par plusieurs membres et accepté".
Un effort fait en faveur des noms féminins
Autre critère importante, le genre des personnalités choisies. "Depuis quelques années, il y a une volonté municipale en faveur de rééquilibrer les rues qui honorent la mémoire des femmes et celles qui rendent hommages à des hommes. Les noms de femmes sont plus privilégiés. Dans la quasi-totalité des dernières commissions, ont été choisi des noms de femmes".
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Dernièrement, Strasbourg a donc vu naître une allée Suzanne Lacore, rendant hommage à cette institutrice qui fut une des trois premières femmes à faire partie d’un gouvernement en 1936 sous Léon Blum, ou encore une rue Adelaïde Hautval, une femme médecin française, ayant tenté de défendre une famille juive face à des soldats allemands pendant la Seconde Guerre mondiale avant d’être envoyée en camp de concentration.
Face à la surreprésentation masculine, de nombreuses communes, comme Strasbourg, agissent dans ce sens. Dans la ville alsacienne, en 2011, il y avait 53 rues portant des noms de femmes. Aujourd’hui elles sont près de 98. Un chiffre qui a donc été multiplié par deux en cinq ans mais qui reste très loin des 797 voies publiques portant le nom d’hommes. La parité toponymique a encore du chemin à faire.