Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
- 1 - Refaire sa vie après 60 ans : quels sont les moments fragilisants dans la vie d'un couple ?
- 2 - Refaire sa vie après 60 ans : des difficultés spécifiques s'appliquent-elles aux couples seniors ?
- 3 - Refaire sa vie après 60 ans : "Les couples qui vont bien ne sont pas les couples qui n'ont pas de crise"
Remodeler sa famille, composer avec sa vie passée, faire accepter sa nouvelle relation à ses proches ou admettre que son corps a changé... Refaire sa vie peut être source d'inquiétudes. Passé un certain âge, d'autres problématiques s'ajoutent, pouvant laisser certains et certaines abandonner l'idée de trouver l'amour à nouveau. Fort heureusement, l'amour reste accessible peu importe l'âge de chacun, à condition de suivre quelques conseils avisés pour avoir conscience des défis qu'il faudra relever.
Anne Dubois Dejean est conseillère conjugale et familiale au cabinet Familles et Compagnie. Également sexologue clinicienne et thérapeute de couple et de famille, elle oeuvre pour aider les uns et les autres à mieux appréhender leurs relations amoureuses et familiales. Selon elle, un conseiller conjugal n'a pas pour vocation de vous dire ce que vous avez à faire : son rôle est plutôt de vous prêter ses lunettes afin que vous voyez vos soucis sous un autre angle. Pour Planet, la présidente de l'association nationale ANCCEF a accepté de nous livrer ses meilleurs conseils pour débuter une nouvelle vie de couple après 55, ou 60 ans.
Refaire sa vie après 60 ans : quels sont les moments fragilisants dans la vie d'un couple ?
Planet. Quelles sont les principales causes de séparation chez les couples quadragénaires ou plus ?
Anne Dubois Dejean. "Les gens de 55 ans sont très nombreux à être séparés ou à se séparer. Dans les cycles de vie, il y a trois moments qui sont fragilisants chez les couples mûrs. Le premier, c'est quand les enfants quittent la maison ou commencent à être autonomes. Là, se pose la question de l'utilité du couple : le couple va-t-il être utile à lui-même une fois que l'on a plus d'enfants vers lesquels diriger son énergie ? Les enfants, à priori, vont se débrouiller sans nous. Autre moment de fragilité pour les couples pre-seniors : la mort ou la fragilisation des parents. Ce moment où l'on devient parent de sa mère ou de son père. S'occuper d'un parent nous rappelle que nous sommes les prochains sur la liste, ce qui va nous procurer une certaine urgence à vivre. Pas vivre au rabais, vivre une vie qui a du goût. Le troisième moment fragilisant est celui d'une perte d'emploi de l'un des membres du couple. Ces moments peuvent remettre la question du couple au sens des interrogations : le couple dans lequel je me trouve a-t-il encore du sens ?"
Une fois que vous avez trouvé la nouvelle personne avec qui vous souhaitez partager votre vie, certains problèmes se posent à vous. Voici les plus récurrents.
Refaire sa vie après 60 ans : des difficultés spécifiques s'appliquent-elles aux couples seniors ?
Planet. Quelles sont les difficultés à se remettre en couple passé un certain âge ?
Anne Dubois Dejean. "Ces difficultés sont de plusieurs ordres. Il y a d'abord le manque de sécurité, car le corps est moins fiable que quand on a 15, 20 ou 25 ans, l'âge de la séduction. Quand on a 55 ou 60 ans, le corps peut nous lâcher par la santé ou via les fonctions sexuelles. On a moins confiance à son corps. Ce n'est pas une difficulté en soi : une personne, peu importe son âge, peut tout à fait éveiller l'amour et le désir chez quelqu'un d'autre. En revanche, on peut manquer de sécurité intérieure : je ne suis pas assez désirable, je ne suis pas assez en forme, mes facultés sexuelles sont moins bonnes... C'est le frein le plus évident.
Parfois, on est parents, grands-parents... (...) Suis-je bien à ma place en ayant ma propre vie amoureuse ? Il peut y avoir des freins qui viennent un peu réglementer tout cela ou influencer l'élan avec lequel on va se lancer dans une nouvelle histoire d'amour. Le réseau amical et social peut également être un frein. Souvent, le réseau amical commun appartient au couple, il peut y avoir des pertes quand on leur fait rencontrer quelqu'un d'autre. Vont-ils l'accepter ? (...) L'objectif est de trouver sa juste place."
Planet. Existe-t-il des problématiques propres aux couples de seniors ?
Anne Dubois Dejean. "Je ne sais pas s'il y a une différence entre une relation entre seniors ou une relation tout court. C'est comme dans toute relation de couple : il faut se méfier de la naïveté, peut-être. Ne pas confondre la période amoureuse et l'attachement qui va forcément s'ensuivre quand on veut inscrire une relation dans la durée. Au début, on se comporte toujours comme des adolescents, le coeur bat très fort, la vue est brouillée. C'est pareil dans toute histoire d'amour. Passé un certain âge, les pièges sont peut-être davantage liés au passé des uns et des autres. Certains vont laisser trop de place au passé qui a été construit, à la famille et aux devoirs que cela implique quitte à s'oublier soi-même et à faire passer son partenaire en deuxième. L'autre piège, au contraire, est de tout foutre en l'air ou de tout négliger pour cette histoire qui prendrait toute la place alors qu'elle est appelée à se réorganiser par la suite. Il y a également un autre piège lié au patrimoine des uns et des autres : la question d'habiter chez soi ou chez l'autre. Au début d'une histoire d'amour, tout cela est gommé".
Alors, comment passer outre ces différents problèmes qui peuvent surgir dans cette nouvelle relation ?
Refaire sa vie après 60 ans : "Les couples qui vont bien ne sont pas les couples qui n'ont pas de crise"
Planet. Comment affronter tous ces aléas qui peuvent venir s'immiscer dans un couple tout nouveau ?
Anne Dubois Dejean. "La meilleure chose est d'en parler, ne pas éviter les crises. Les couples qui vont bien ne sont pas les couples qui n'ont pas de crise. Ce sont ceux qui arrivent à en parler. Parfois, on n'ose pas dire ce qui nous déplaît. Bien sûr parfois il faut éviter le conflit, on ne peut pas se plaindre dès que quelque chose ne va pas. En revanche, il est important quand ça se répète de pouvoir parler de ce qui nous dérange. Cela ne veut pas dire que l'autre a mal fait ou doit faire autrement. Il faut savoir s'écouter (...) Chaque histoire est singulière et toujours liée à celle d'avant. Le conseil que je pourrai donner est de ne pas rester avec des choses qui ne vous conviennent pas sans pour autant tomber dans une mise en accusation de l'autre. Une bonne écoute est celle qui rejoint l'autre là où il est".