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En France comme dans de nombreux pays, certaines femmes sont mutilées. Certaines le sont dès l'adolescence, parfois au nom de la tradition mais pas seulement. Pour lutter contre cet horrible phénomène, le gouvernement a décidé de présenter un plan de lutte.

Mutilées au nom de la tradition : l'excision touche 60 000 femmes en France

"Aucune tradition quelle qu'elle soit ne peut justifier que l'on mutile et que l'on torture des jeunes filles, des adolescentes et des femmes", déclarait récemment Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes. Elle parlait de l'excision, ce supplice qui concernerait 60 000 femmes vivant en France d'après l'association Excision parlons-en !, dont Le Figaro reprend les informations.

C'est pour lutter contre cette menace qui pèse sur les femmes dès l'enfance que l'exécutif a décidé de présenter, ce vendredi 21 juin, un plan gouvernemental. La secrétaire d'Etat s'exprimera donc à la Maison des femmes de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Si plusieurs rapports et de nombreux témoignages ont permis de mieux comprendre le sujet, les préjugés demeurent considérables, souligne cependant 20 minutes. "On a souvent des idées très arrêtées sur l'excision en France. On a l'impression qu'elle touche uniquement les femmes originaires, ou dont les parents sont originaires des pays d'Afrique. Mais ce n'est pas vrai, tous les continents sont touchés", rappelle Marion Schaefer, vice-présidente d'Excision, parlons-en ! dans les colonnes de nos confrères. "Toutes les religions sont concernées, l'excision est une norme sociale, pas un rite", poursuit-elle.

Concrètement, l'excision consiste à mutiler le sexe des femmes – ablation partielle ou totale du clitoris, des petites lèvres… – et demeure pratiquée dans de nombreux pays.

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Dans l'Hexagone, elle ne touche pas seulement les filles, les adolescentes et les femmes qui habitent dans la capitale ou sa proche-banlieue. "La région Normandie est aussi très concernée – la ville du Havre notamment – comme la région Paca", précise la vice-présidente de l'association. Ces idées reçues sont d'autant plus problématiques qu'elles instaurent d'importantes disparités dans la prise en charge et l'accompagnement des victimes.

Ces dernières, à en croire les témoignages recueillis par Le Figaro, sont frappées par l'incompréhension. "J'avais dix ans. Je me souviens de chaque détail au final, je pourrais encore reproduire", expliquait une jeune femme anonyme, qui évoquait "le choc et la douleur" qu'elle a subi. "Un geste destructeur qui a bouleversé sa vie", écrit d'ailleurs le quotidien.

Mutilées au nom de la tradition : un problème qui ne peut pas être réglé depuis Paris ?

La prise en charge de ce supplice fait encore défaut pour beaucoup de femmes, souligne 20 minutes. D'après Isabelle Gillette-Faye, sociologue et directrice du Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles et autres pratiques traditionnelles (GAMS), "il faut repenser la formation des professionnels et l'accompagnement des victimes de façon locale". Cela passe, selon elle, par "arrêter de penser que tout peut être réglé depuis Paris".

De son côté, Marion Schaefer pointe du doigt le "discours adopté par les médecins", qui ne serait "pas toujours adapté". "Souvent, les jeunes femmes que nous accompagnons nous expliquent qu'elles ont découvert leur excision lors d'une consultation médicale ou gynécologique", détaille-t-elle.

En France, la pratique de l'excision est interdite. Elle est punie de 10 ans de prison – une peine qui peut être alourdie à 20 ans d'incarcération, si la victime est mineure – et de 150 000 euros d'amende.