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Infirmier depuis 2016 en psychiatrie dans un EPSM (établissement public de santé mentale), Planet est parti à la rencontre d'Étienne (pseudonyme), 30 ans, qui travaille dans un hôpital de la Fonction publique dans le nord de la France. Il raconte son métier, entre les difficultés du quotidien, sa lourde responsabilité, mais aussi le contact et le temps, si chers à ses yeux, qu'il passe avec ses 30 patients quotidiens.
"La cancer de mon grand-père m'a fait un déclic"
Alors qu'il est adolescent dans les années 2010, Etienne apprend que son grand-père est atteint d'un cancer. Profondément touché par la situation, il décide de l'aider dans son quotidien : "Mon grand-père restait à domicile et il fallait l'aider pour tout. Je l'ai accompagné jusqu'au bout et ça a été un déclic pour la suite". Étienne se lance alors dans les études pour devenir infirmier avec une seule idée en tête : pouvoir aider les autres, comme il a pu le faire avec son grand-père.
Ses débuts dans le corps médical sont pourtant éprouvants. "Ça a été compliqué quand j'étais étudiant. Je travaillais en HAD (hospitalisation à domicile, NDLR), on avait parfois des gens qui étaient en fin de vie".
"Je sais que le jour où je ne pleurerais plus, je ne pourrais plus faire ce métier"
Accompagné dans un premier temps d'une infirmière qui exécutait les soins, il se remémore d'importants moments d'émotions : "Il arrivait que l'infirmière, avec qui j'étais, ait recours à une sédation afin de faire dormir le patient jusqu'à la fin". Un acte qu'Étienne n'a jamais réalisé : "La seringue, il faut la pousser" nous confie-t-il. Après avoir fait la manipulation, "l'infirmière qui était avec moi a pleuré quand nous sommes remontés en voiture. À ce moment-là, elle a dit une phrase qui m'a marqué à tout jamais : "Je sais que le jour où je ne pleurerais plus, je ne pourrais plus faire ce métier."
Après avoir travaillé dans plusieurs structures, Etienne se spécialise pour trouver le secteur médical qui lui convient et rejoint un service de soin d'admission psychiatrique, auquel il fait partie depuis 8 ans. Il nous raconte son amour pour son métier, mais aussi les difficultés persistantes.
Un métier entre vocation et prise de distance
Être infirmier en psychiatrie requiert un certain contrôle de soi-même, dans des conditions parfois difficiles. Étienne est amené à s'occuper de personnes âgées ayant de nombreuses pathologies : des cas de dépression, de troubles psychotiques, d'hallucinations, de crises suicidaires ou des patients ayant provoqué des troubles à l'ordre public. "J'ai choisi ce métier, car contrairement à d'autres services j'ai plus de temps pour échanger avec des patients qui ont besoin d'assistance" nous confie-t-il. "Forcément, on a des patients qui nous touchent, on reste humain malgré tout. Il faut essayer de ne pas s'attacher trop aux gens".
Si Etienne prend en soin les patients à tout âge, une grande partie d'entre eux sont des personnes du 3ᵉ âge : "Ce sont des personnes qui ont un vécu et un passif beaucoup plus important que nous. Ils ne comprennent pas où ils sont, ils sont perdus, c'est à nous de les orienter". S'impose également une nécessité de surveillance au sein du service : "toutes les portes sont fermées à clé vers l'extérieur, les patients ne peuvent pas sortir de la structure, pour leur propre sécurité et pour la sécurité des autres, on doit forcément y veiller aussi" nous confirme le trentenaire.
S'il affirme faire ce métier "par vocation", il reconnait des problématiques humaines et sociales l'empêchant de prendre en soin, de la meilleure manière, ses patients. Il nous en dit plus.
"Parfois, nos patients restent 1 an avec nous, faute de place ailleurs"
Néanmoins, Etienne nous évoque les limites de son métier. Au sein de son service, composé d'une trentaine d'infirmiers, "6 ou 7" manquent à l'appel. Les recrutements sont difficiles et le domaine de la psychiatrie peu mis en avant, déplore-t-il : "La psychiatrie est peu abordée, ce n'est pas vendeur, c'est un point qui est abandonné dans les services d'hospitalisation". S'il reconnaît devoir faire face "à la violence" de certains patients, il dénonce cette situation.
Son service, "qui n'est pas une résidence pour les séniors", tend, dès que leur état le permet, à conduire les patients dans des structures spécialisées. "Il y a un gros problème au niveau social et des structures en France. On en vient à envoyer des personnes en Belgique, car c'est plus facile d'avoir des places au niveau social que chez nous". Les patients restent souvent plus de temps qu'ils ne le devraient : "On a eu une personne âgée qui était là pour une dépression, il est resté un an avec nous, faute de structures adaptées. Ça revient assez souvent."
Pendant cet entretien, Etienne n'a cessé de nous le rappeler : c'est un métier "de convictions", nécessaire au bon fonctionnement de nos hôpitaux pour assurer la prise en charge des personnes nécessitant des soins et un accompagnement spécialisé, pour lequel plus de moyens devraient être accordés.