Fraude à la carte bancaire : "ils ont même envoyé un faux coursier récupérer ma carte bleue"

Il pensait lui-même avoir échappé au pire grâce au service antifraude de sa banque. Fin 2023, Victor a été victime d’une tentative d’arnaque à la carte bancaire, un phénomène en pleine expansion ces dernières années. Une fraude dont le jeune homme ne pensait jamais être victime, et pourtant, son histoire est similaire à celle de nombreux Français, victimes de faux conseillers aux discours bien rôdés.

Ce jour-là, le jeune homme de 26 ans au moment des faits reçoit un appel d’un numéro de téléphone commençant par 07 “ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille” nous confie-t-il. Au bout du fil, une voix sérieuse et très professionnelle. Son interlocuteur se présente comme un membre du service antifraude de sa banque, la Société Générale. 

Une voix professionnelle et posée 

“La personne m’explique qu’ils ont détecté plusieurs tentatives de virements frauduleux d’un montant de 900 euros sur mon compte bancaire, depuis un pays d'Afrique, et qu'ils avaient interrompu ces virements”, nous explique-t-il. L’escroc lui demande ensuite de confirmer une série d’informations personnelles pour vérifier son identité.  

“Il me demande de confirmer des informations assez basiques qu'il avait déjà, mon nom, mon prénom, mon adresse, l’antenne de ma banque et même le nom de ma conseillère bancaire”, poursuit-il. La voix est calme, posée. Victor ne se doute de rien. “Il connaissait même mes trois dernières transactions bancaires. Et moi, je vérifiais en même temps avec lui sur mon application et ça correspondait. Je pensais vraiment avoir affaire à un professionnel”. 

Un coursier envoyé à domicile 

Au bout d’une trentaine de minutes de conversation, tout s’accélère. “Il me dit que pour éviter d'avoir des problèmes de tentative de fraude avec l'assurance, ma carte bancaire doit être analysée et donc qu’il m’envoie un coursier de la Société Générale à domicile pour la récupérer”, explique-t-il. 

Victor glisse la carte dans une enveloppe à son nom et y ajoute un numéro de dossier communiqué par le malfaiteur qui reste au téléphone. Il lui demande son code secret pour entrer sur l’application bancaire, prétextant une vérification pour sa sécurité. Le jeune homme lui donne. 

Une dizaine de minutes plus tard, le coursier arrive. “Je m'attendais à un véhicule professionnel et là je vois une grosse berline arriver et je trouve ça bizarre mais je lui donne quand même l'enveloppe et je remonte”.

“Il me raccroche au nez” 

C’est à ce moment que le doute s’installe vraiment dans l’esprit du jeune homme. “Je commence à vérifier le nom qu’il m’a donné sur Linkedin, je ne trouve rien et je commence à paniquer. Il me tient toujours au téléphone mais il commence à ne plus avoir grand-chose à dire et me demande de patienter”, explique-t-il. 

En même temps, Victor vérifie sur son application que sa carte bleue a bien été bloquée par son interlocuteur, il se rend compte que ce n’est pas le cas. Le doute s’intensifie et le jeune homme décide de changer directement le code secret pour accéder à son application et de bloquer lui-même sa carte bleue. “Et là il me raccroche au nez, et fin de l'affaire, je pense qu’à quelques secondes près j’ai évité le pire” nous confie-t-il. 

Ça n’arrive pas qu’aux autres 

Si Victor confie avoir été sous le choc et s’être senti crédule face à “un scénario aussi gros”, il continue aujourd’hui d’en parler autour de lui pour alerter sur ces pratiques frauduleuses. 

“Je n'ai pas l'impression que les gens fassent vraiment attention aux alertes qui viennent directement de leur banque. Mais si ça arrive dans leur entourage, ils l’ont un peu plus en tête”, conclut le jeune homme. 

Selon une étude menée en 2024 par la Fédération Bancaire Française sur les perceptions et comportements des Français en matière de cybersécurité, 57 % des Français affirment avoir déjà été confrontés à une tentative d'escroquerie liée à leurs données bancaires, que ce soit en ligne, par téléphone ou par SMS. De plus, 13 % d'entre eux déclarent avoir effectivement été victimes d'une arnaque, une augmentation de 5 points par rapport à l'année précédente.