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Quel sera le monde de demain ? Quelles seront les menaces qui pèseront sur nos démocraties ? Comment les appréhender ? Autant de questions auxquelles Pierre Rousselin, chroniqueur de politique étrangère au Figaro, tente de répondre dans les "Démocraties en danger". Entretien avec l'auteur.

Planet : Quel est le message de votre livre ?Pierre Rousselin* : "Je veux faire comprendre à mes lecteurs que nos démocraties habituelles encourent un réel danger. Il ne  faut pas croire que notre système est à l’abri. Au contraire, il est temps de prendre conscience du danger pour pouvoir se renouveler et défendre nos modes de vies.

Planet : A quels dangers pensez-vous ?Pierre Rousselin : Nos démocraties sont menacées intérieurement et extérieurement. A l’extérieur de nos frontières, la menace est d’abord représentée par la montée des autoritarismes. C’est le cas notamment en Turquie et en Russie, mais aussi au sein même de l’Europe, en Hongrie. Il y a également le rééquilibrage de l’économie mondiale avec par exemple le cas de la Chine. C’est un pays en pleine puissance mais qui s’appuie sur un modèle autocratique. Enfin, l’idéalisme radical représente lui aussi une menace. A plus forte raison que celle-ci est non seulement extérieure mais également intérieure.

Concernant les menaces intérieures, il y a bien évidemment cet idéalisme radical qui peut donner lieu à des attentats, mais aussi la perte des valeurs. Actuellement, les démocraties se retrouvent souvent bloquées par leur recherche excessive de liberté et d’égalité. Et cela ne favorise pas toujours ce qu’elle recherche, au contraire…

Planet : N’avez-vous pas peur d’effrayer les gens… ?Pierre Rousselin : Oui, je reconnais que mon discours peut faire peur. Dans mon livre, je me suis pourtant attaché à ne pas montrer uniquement l’aspect négatif des démocraties. Pour l’écrire, j’ai fait un tour du monde et j’ai consacré un chapitre à chacune d’entre elles. Et à chaque fois, je me suis attaché à montrer deux scenarios : le positif et le négatif.  Mon but était ainsi de montrer que des solutions existent et qu’elles sont tout à fait louables même si elles ne correspondent pas à celles auxquelles nous sommes habituées.

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Planet : A vous entendre, si nous ne faisons rien, le monde de demain sera pire que celui d’aujourd’hui ?Pierre Rousselin : Ce qu’il faut comprendre c’est que l’on ne peut pas continuer comme ça. Nos démocraties ont été lancées il y a plusieurs décennies et ne sont plus en phase avec ce que nous vivons. Après la Second guerre mondiale, il y a avait une euphorie économique qui a permis la création de l’Etat providence. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas et il faut le réformer !

Planet : Vous évoquez dans votre livre une certaine compétition entre les pays occidentaux et les pays émergents. Pouvez-vous nous en dire plus ?Pierre Rousselin : Prenez l’exemple de la Chine : elle recherchait un développement qui satisfasse ses besoins. Et en ce sens, elle a réussi. Il n’y a pas de précédent historique d’un autre pays qui a réussi à sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté en si peu de temps. Elle a été plus vite que nous pendant la Révolution industrielle ! Certes, son système de développement n’est pas démocratique mais il a le mérite d’être efficace. Ce qui confère à la Chine une certaine ‘aura’ auprès d’autres pays qui, eux, cherchent encore la manière dont ils veulent se développer.

C’est sur ce terrain-là que les pays occidentaux affrontent les pays émergents : l’extension de leur modèle dans d’autres pays. Si l'on reprend l'exemple de la Chine, nous devons bien évidemment tenir compte de son influence sur les autres pays sans toutefois chercher à imposer notre système. Et comme il n’est pas non plus question de laisser ces derniers prendre exemple sur elle, nous devons réfléchir à de nouveaux moyens. Mais encore une fois, les solutions qui s’imposent ne nous sont pas forcément évidentes. C’est toute la difficulté de la situation". *Pierre Rousselin est l’auteur de "Les démocraties en danger" (ed. First)