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Bien-être émotionnel, des défis différents passé 55 ans IllustrationIstock
Départ à la retraite, isolement social, âgisme… passé 55 ans, certains facteurs de stress liés au vieillissement peuvent entraîner une détresse psychologique. Pourtant, la “crise de la soixantaine” n'est pas une fatalité. Le point avec Christian Richomme, psychanalyste, auteur et thérapeute à Paris.
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Vieillir n'implique pas seulement des changements physiques, mais aussi des changements émotionnels influencés par divers facteurs physiologiques, psychologiques et sociaux qui interagissent entre eux. Sur le plan biologique d’abord, le vieillissement affecte le système nerveux qui diminue en efficacité notamment car la production de sérotonine, qui régule l’humeur, diminue avec l’âge. 

Ensuite, d’un point de vue physiologique, les problèmes de santé sont plus fréquents et ont un impact direct sur l’état émotionnel, tout comme les événements de vie marquants comme le départ à la retraite, le départ des enfants ou la perte d’un être cher. De même, les interactions sociales se faisant plus rares avec l’âge, les seniors se retrouvent souvent confrontés à la solitude (1 personne sur 4 en moyenne). 

Briser le mythe de la solitude inévitable 

“La solitude est un enjeu majeur, mais elle peut être contrée par le maintien du lien social via les nouvelles technologies, des engagements associatifs, ou simplement en entretenant ses amitiés et relations familiales” nous explique le psychanalyste, auteur et thérapeute Christian Richomme

Selon lui, les risques de troubles émotionnels existent, “notamment à cause des changements de vie importants, comme la retraite ou la perte d’un conjoint par exemple, mais l’image positive du vieillissement qui émerge aujourd’hui aide à atténuer ces craintes”.

Loin des clichés d’un âge synonyme de déclin, de plus en plus de seniors adoptent un mode de vie actif et épanouissant. “La perception du vieillissement a considérablement évolué. Aujourd’hui, nous assistons à une valorisation de l’âge, en particulier chez les femmes grâce à des personnalités publiques qui assument leur âge et montrent qu’il est possible d’être séduisante, active et influente bien au-delà de la cinquantaine” poursuit le thérapeute. 

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Un facteur positif pour beaucoup de ses patientes, qui se sentent moins contraintes par “une horloge sociale”. Plusieurs d'entre elles ont d’ailleurs redécouvert une forme d’épanouissement personnel à la retraite, en reprenant des études, allant jusqu’à créer une entreprise.  

Un âge d’or pour se réinventer

En effet, de plus en plus de seniors expriment un sentiment de libération et une meilleure acceptation d’eux-mêmes. “Moins soumis aux pressions sociales, ils s’autorisent davantage à vivre selon leurs propres désirs. Une femme de 65 ans que j’accompagne me confiait récemment qu’elle n’avait jamais été aussi épanouie dans sa féminité, car elle se sentait libérée des injonctions et du regard extérieur”, poursuit le spécialiste.

De même, rester actif en pratiquant une activité physique, en voyageant ou en s’autorisant à avoir une vie sociale riche permet de lutter contre l’anxiété et la dépression. “J’ai eu un patient, ancien cadre supérieur, qui redoutait la retraite comme une forme de fin. En travaillant sur ses peurs, il a pu redonner du sens à cette période en investissant son temps dans du mentorat pour jeunes entrepreneurs, trouvant ainsi une nouvelle raison de se lever le matin”.

“La retraite peut être vécue comme une perte de repères ou une libération”

Si le départ à la retraite est une étape charnière, il n’est pas forcément synonyme de perte de repères. “Tout dépend de la manière dont elle est préparée et investie. La clé est de maintenir un sentiment d’utilité : engagement associatif, transmission de savoirs, développement de passions”, conseille Christian Richomme.

Il conseille de pratiquer une activité physique régulière ou de se tourner vers la méditation et la pleine conscience pour appréhender les changements avec plus de sérénité. “Vieillir aujourd’hui, c’est aussi l’occasion de redéfinir son rapport au temps, aux relations et à soi-même, en cultivant un équilibre entre sérénité et projets”, conclut-il.