De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
En matière de retraite, les réformes s’enchaînent depuis 1993. Chacune d’elle, observait récemment l’économiste Alexandre Delaigue dans nos colonnes, s’accompagne d’une baisse du niveau de vie des générations d’assurés à venir ; d’une réduction de leurs droits totaux. D’aucuns pourraient d’ailleurs penser que la tendance est vouée à se poursuivre : le dernier rapport de la Cour des comptes envisageait en effet deux solutions possibles pour le modèle de solidarité intergénérationnelle de l’Hexagone… avec d’un côté un recul de l’âge légal de la cessation d’activité (actuellement fixé à 62 ans ; à ne pas confondre avec l’âge d’obtention automatique du taux plein qui est lui fixé à 67 ans) et de l’autre une chute des pensions.
Retraite : et si la France faisait face à un problème démographique ?
Cela ne signifie pas pour autant, insiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne, qu’il faut craindre une quelconque faillite du système. "Il est faux de dire ‘je n’aurai aucune retraite’", estime-t-il dans les colonnes de L’Express, qui dépeignait alors le portrait de nos régimes de retraite d’ici à 2050. Ceci étant, l’un des problèmes évident du modèle Français… c’est le volet démographique, poursuit l’économiste pour Planet. "Notre problème, en matière de retraite, est démographique autant qu’il n’est économique. Fort heureusement, il est théoriquement possible de jouer sur certains des facteurs importants", détaille en effet l’expert, qui assène encore : "Le volet démographique correspond, fondamentalement, au vieillissement de la population française. Le ratio entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités est trop faible."
Un sentiment confirmé par le ratio cotisants/retraités de la CNAV, en témoigne l’analyse du Point sur la base des données de l’OCDE. En 1950, la France comptait plus de 5 personnes potentiellement actives, écrivent nos confrères, pour un seul et unique retraité. D’ici 2050, ce taux aura normalement chuté à 1,8 travailleur pour 1 retraité… Il devient dès lors plus ardu de financer les pensions sans avoir recours à d’autres mesures de soutien…
Retraite : booster la natalité pour augmenter la masse salariale ?
"Pour avoir des retraites demain, il faut des enfants aujourd’hui", observait en 2018 l’économiste Jacques Bichot, coutumier de nos colonnes, devant les micros du journal La Montagne. Il fait partie des experts qui soutiennent qu’une hausse des naissances pourrait grandement profiter à l’équilibre du système de solidarité inter-générations français. C’est mécanique : les enfants d’aujourd’hui seront aussi les travailleurs de demain et leurs salaires seront soumis aux cotisations qui, à l’avenir, viendront payer les pensions des assurés d’alors.
Et lui de poursuivre : la natalité constitue le "fondement même du régime de retraites par répartition", qu’il convient donc d’encourager. En récompensant les familles nombreuses ? A l’aide de pensions plus élevées une fois venue l’heure de la cessation d’activité, de trimestres cotisés supplémentaires ou d’autres privilèges venant illustrer la participation à la bonne tenue du modèle ? Peut-être... Force est de constater, souligne-t-il, que le défaut du projet que portait alors Emmanuel Macron était de ne pas se pencher sur ces aspects.
Retraite : faut-il tout de même diminuer le montant des pensions ?
"Il me semble que réduire le montant des pensions de retraite pourrait théoriquement constituer un pan de la solution. Nous avons dramatiquement besoin de diminuer le déficit public. Sur le papier, une baisse des pensions de retraite pourrait donc faire office de mesure de salubrité publique", estimait pourtant Jacques Bichot dans nos colonnes, en plein cœur de la pandémie de coronavirus Covid-19. En attendant le retour de la natalité, il devient donc peut-être nécessaire de réformer le modèle en place…
"Oui, il serait pertinent de réduire le montant des pensions rapidement", poursuivait alors l’expert, avant de détailler sa pensée : "Ce n'est peut-être pas la meilleure mesure, mais il importe de rappeler qu'à ce stade il n'existe plus de solution parfaite. Chacune d'entre elles présentera des inconvénients. Celle-ci en présente globalement moins que les autres, d'autant plus qu'il nous est possible de moduler les réductions, de sorte à ne pas faire peser l'effort sur l'effort des plus fragiles."