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Faut-il baisser le montant des retraites ? C’est en tout cas ce que semble affirmer la Cour des comptes. Pour l’institution, qui publiait récemment un rapport interrogeant sur les conditions d’équilibre de notre régime, deux solutions apparaissent envisageables : le report de l’âge de départ à la retraite, d’abord, que prônent un certain nombre des figures politiques françaises. C’est le cas d’une majorité des candidats (déclarés ou supposés) de droite ou d’extrême droite à l’élection présidentielle, ainsi que l’a déjà expliqué Planet, mais aussi de l’ancien Premier ministre. Avant de fonder son propre parti politique, Horizons, Edouard Philippe expliquait en effet prôner un recul de l’âge légal de départ jusqu’à 67 ans potentiellement… pour garantir la souveraineté budgétaire de la nation.
Retraite : faut-il booster la natalité pour maintenir le système à flot ?
Pour autant, le problème du modèle de retraite Français n’est pas uniquement économique ; comme a pu l’expliquer l’économiste Philippe Crevel dans nos colonnes. Bien au contraire ! Il est également démographique. Le vieillissement de la population a d’ailleurs de quoi inquiéter, souligne Le Point, puisque selon l’OCDE, la France comptait plus de 5 personnes potentiellement actives (au sens professionnel du terme, c’est-à-dire dont l’âge est compris entre 20 et 64 ans) par retraité. Or, en 2050, ce ratio cotisants/retraités devrait chuter à 1,8 actif pour 1 retraité dont il faudrait payer la pension. L’effort à fournir serait donc mécaniquement plus conséquent pour les travailleuses et les travailleurs.
Dès lors, la question se pose : faut-il injecter plus de travailleurs sur le marché pour mieux répartir l’effort entre les cotisants ? C’est l’une des solutions envisageables. Ce n’est pas nécessairement la meilleure ; à en croire certains économistes.
Retraite : les problèmes qu’entraînerait un nouveau baby boom
Un nouveau baby-boom, puisque c’est bel et bien de cela dont il est question, ne serait pas nécessairement utile, soutient l’économiste Philippe Crevel. "La natalité est un objectif de long terme, sur 25 ans environ. Dès lors, les enfants qui sont appelés à naître en 2022 ne travailleront probablement pas avant 2045 ou 2046 environ. C’est important, puisque cela veut dire que nous aurons déjà passé la période difficile en terme de financement.", rappelle-t-il, non sans préciser qu’un taux de naissance "relativement élevé" est "toujours mieux pour le dynamisme d’un pays". Mais en l'occurrence, estime-t-il, ce n’est pas la solution.
Un avis que rejoint de toute évidence Florence Legros, elle aussi économiste et directrice générale de l’ICN Business School. Dans nos colonnes, elle évoque l’effet "noria" qui "fait augmenter naturellement la pension moyenne à chaque fois qu'une cohorte de retraités s'éteint et est remplacée par une cohorte de jeunes retraités qui a bénéficié de meilleurs salaires et donc à une retraite plus élevée que ses aînés". En décembre 2020, elle craignait donc "la ‘bulle’ de niveau de vie que l'on va observer suite à la pandémie, les retraités auront encore durant quelques années un niveau de vie supérieur à celui des actifs (il était selon le COR – conseil d'orientation des retraites – de 2,9 points supérieur à celui des actifs en 2018)"... Pas question, dès lors, d’encourager la natalité à tout va pour assurer la bonne gestion du modèle de retraite français.
Retraite : faut-il plutôt augmenter les salaires ?
S’il n’est pas possible d’augmenter la masse salariale pour faire grimper le montant des cotisations - ou en tout cas, pas sans recours à l’immigration -, n’est-il pas possible d’augmenter le montant des salaires à partir desquelles ces mêmes cotisations sont prélevées ? C’est en tout cas ce que soutient le magazine spécialisé Economie Matin sur son site d’information. "Ce ne sont pas les retraités qui gagnent trop, ce sont les actifs qui ne gagnent pas assez !", soutiennent nos confrères.
Un argumentaire que ne renierait probablement pas Frédéric Farah, économiste marqué à gauche et coutumier de nos colonnes. En Février 2021, il reprenait, pour justifier de la hausse des salaires, l’exemple d’un certain… Ford. "Il avait compris que l'on pouvait faire du profit non pas en écrasant les salaires mais en les revalorisant", assène-t-il. L’occasion pour les Françaises et les Français de cotiser davantage et donc de mieux soutenir les dépenses de retraites actuelles… mais cela implique aussi qu’il faudra les payer davantage une fois l’heure venue.