De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Les Français devront fort probablement travailler plus. Comme l’envisageait déjà le gouvernement via la réforme des retraites, avortée en raison de la crise sanitaire, nombreux sont les candidats à l’élection présidentielle à partager le même avis. S’ils sont élus, ils entendent repousser l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, voire au-delà. Objectif, remettre le régime à l’équilibre. Quelles seraient alors les conséquences financières de cette mesure controversée ?
Recul de l’âge de départ : les gains espérés
Le conseil d’orientation des retraites (Cor), composé de parlementaires, de partenaires sociaux, d’experts et de retraités se penche ce jeudi 27 janvier sur cette épineuse question. Reculer l’âge légal de départ à la retraite de deux ans aura bien entendu un impact positif sur les finances du régime.
Le rehaussement en 2010 de l’âge pivot qui est passé de 60 à 62 ans a d’ailleurs permis d’engranger 20 milliards d’euros supplémentaires chaque année. Cela s’explique mécaniquement par une durée à la retraite est réduite. Il y a donc automatiquement moins de prestations à verser, rapporte Capital. Second bénéfice mis en avant, le niveau des ressources des assurés, qui augmente également, grâce aux cotisations versées par les actifs durant les deux années supplémentaires.
Ces gains sont-ils pour autant réels ? Pas vraiment, selon différentes études commandées par le Cor, que le magazine économique a pu consulter. C’est pourquoi la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) quantifie la hausse des dépenses pour certaines prestations sociales résultant d’un report de l’âge légal de liquidation des droits à la retraite. Sa méthode en détail ci-après.
Retraite : les conséquences d’un recul de l’âge pivot sur les prestations sociales
Pour évaluer ce chiffrage, la Drees émet l’hypothèse d’une instauration complète d’un report de deux ans de l’âge en 2019. Cela lui permet d’analyser les effets dans une situation économique déjà connue. Les résultats obtenus démontrent que ce procédé aurait engendré un bond des dépenses de prestations sociales (pension d'invalidité, RSA, AAH…) de 3,6 milliards d’euros (soit 0,14 point de PIB), que vous ne percevez pas à la retraite.
Les versements de la pension d’invalidité augmenteraient par exemple d’1,8 milliard par an, en raison de la hausse du nombre de bénéficiaires : + 160 000 par an. "L’invalidité concerne en effet presque une personne sur 10 juste avant la retraite", note l’organisme statistique.
Au total, les dépenses supplémentaires se monteraient à 830 millions d’euros dont :
- 150 millions pour le revenu de solidarité active (RSA)
- 510 millions pour l’allocation adultes handicapés (AAH)
- 170 millions pour l’Allocation de solidarité spécifique (ASS)
Enfin, la Dress estime les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale à 970 millions supplémentaires.
Quid de l’assurance chômage ?
Recul de l’âge pivot : quels effets sur le chômage ?
En plus de l’explosion des versements de prestations sociales, un report de l’âge pivot de deux ans aurait aussi des incidences sur l’assurance chômage, qu’étudie d’ailleurs la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares).
Dans un autre rapport, l’organisme rattaché au ministère du Travail, qui a utilisé la même méthode calcul que la Dress, indique qu’avec un prolongement de deux ans de l’âge de départ, "les dépenses d’allocation de retour à l’emploi (ARE) et d’allocation de retour à l’emploi formation (AREF) auraient été rehaussées d’environ 1,3 milliard d’euros en 2019".
En cause, "près de 84 000 bénéficiaires de l’ARE supplémentaires, dont près de 60 000 de plus aux âges de 62 ans et de 63 ans".