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La question est de retour sur toutes les lèvres. Emmanuel Macron ayant été réélu face à Marine Le Pen ce dimanche 24 avril 2022, il est libre de mener à bien la transformation du modèle de retraite français. Pour autant, son projet souffre d’ores et déjà de contestations. Le président s’est en effet engagé à relever l’âge légal de départ à la retraite jusqu’à 65 ans. Il prévoit u ne augmentation du temps de travail de quatre mois par an dès 2023 et ce jusqu’en 2032, précise L’Internaute sur son site. Alors candidat, il évoquait également une clause “de revoyure”, prévue pour 2027 ou 2028. C’est à ce moment-là, estimait alors le président en campagne, que les Françaises et les Français auront à travailler au moins jusqu’à 64 ans.
Bien sûr, le programme du chef de l’Etat ne se limite pas à ces quelques éléments. Il comprend aussi le maintien, de façon globale, du système par répartition ainsi que des dispositifs de carrière longue ou de compensations de la pénibilité. En outre, il repose aussi sur l’augmentation de la pension minimale à taux plein, qu’il entend porter à 1 100 euros mensuels. Pour autant, ainsi que l’a d’ores et déjà expliqué Planet, de telles mesures ne sauraient probablement suffire à rassurer les plus inquiets et il est probable que l’annonce de la réforme e ntraîne de nombreuses cessations d’activité anticipées.
Départ à la retraite : faut-il se presser avant la réforme ?
“Si réforme il y a, ce que semble avoir prévu Emmanuel Macron, elle sera progressive. Il ne faut pas croire que tout va changer du jour au lendemain”, rappelle d’entrée de jeu l’économiste d’obédience libérale Philippe Crevel. Selon lui, un certain nombre de Françaises et de Français n’ont de toute façon pas matière à s’inquiéter.
“Pour celles et ceux qui sont à quelques mois de la retraite, il n’y a aucun changement de prévu. C’est vrai aussi pour toutes celles et tous ceux qui sont encore à un ou deux ans de leur départ”, juge-t-il en effet. Et de conclure : “Les autres seront plus ou moins impactés par la réforme des retraites”.
Réforme des retraites : qui aurait intérêt à partir maintenant ?
Toute progressive qu’elle soit, la réforme des retraites ne saurait être appliquée avant d’avoir été menée. Cela laisse un peu de temps, rappelle Philippe Crevel.
“La réforme des retraites, même en travaillant d’ores et déjà dessus, ne saurait être adoptée avant la fin de l’année 2022. Il faudra donc s’attendre, au mieux, à une application pour le début de l’année 2023. Cela veut dire que celles et ceux qui envisageaient un départ à la retraite à compter de 2024 devront compter sur plusieurs mois de travail supplémentaire. Ils auront cependant toute l’année pour faire leur arbitrage”, détaille le spécialiste.
Faut-il pour autant se précipiter ? L’économiste s’attend à voir certains partir de façon anticipée. “Historiquement, c’est un phénomène que l’on a déjà observé à plusieurs reprises par le passé. C’était le cas en 2003, mais aussi en 2010”, rappelle-t-il. Au final, la décision demeure très personnelle. “Tout dépend du profil, du choix, de l’arbitrage intime. Ce sont des situations qui se discutent au cas par cas, quand bien même il n’est jamais pertinent, sur le plan financier, de partir à la retraite trop tôt”, détaille l’expert. Attention toutefois à ne pas surestimer les dangers de la réforme…
“Partir à la retraite de façon anticipée c’est aussi perdre des mois de cotisation, ce qui a un coût, notamment dans le régime complémentaire. Dans la mesure où l’application de la réforme est progressive, les conséquences financières pourraient apparaître plus importantes”, juge en effet Philippe Crevel. Ces dernières, nuance-t-il cependant, ne constituent qu’un des facteurs décisifs en la matière.
La réforme des retraites aura-t-elle vraiment lieu ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la réforme des retraites cristallise les tensions. D’aucuns, c’est le cas de L’Indépendant, n’hésitent pas à la présenter comme la transformation “explosive du début de second mandat”. Certains des proches du président en ont de toute évidence conscience.
Ainsi, François Bayrou profitait d’une interview accordée sur le plateau de France 3 pour évoquer certains adoucissements possibles. “Qu’est-ce qui fait que cette réforme des retraites est totalement explosive ? Je crois que Michel Rocard avait dit : 'c'est une réforme qui fera sauter plusieurs gouvernements'. Pourquoi ? Parce qu'il y a une espèce de blocage du pays chaque fois qu'on aborde cette question”, a-t-il ainsi rappelé.
Il a donc défendu l’idée d’un référendum pour trancher. "Si ce blocage est une menace réelle, alors il y a un moyen très simple pour (le) lever, c'est de dire : ce sont les Français qui choisiront", a en effet poursuivi l’ancien ministre.