Face à la montée des cyberattaques, le FBI et la CISA recommandent d’arrêter d’envoyer des SMS entre utilisateurs d'iPhone et d'Android. Un conseil qui ne vise pas seulement les Américains mais tous les...
Il parle de "centaines de combattants". Les récentes déclarations de Bernard Emié, le directeur général de la Sécurité extérieure, ont de quoi inquiéter, indique Le Parisien, qui revient en long, en large et en travers sur la réunion du 1er février 2021, consacrée au contre-terrorisme. La ministre des Armées, Florence Parly, était présente. La situation, peut-être, est d'autant plus alarmante que tous les yeux sont rivés sur la crise sanitaire qui paralyse la France depuis des mois désormais. Et pourtant, le chef de l'espionnage français l'assure : ces guerriers sont encore prêts à se battre. Voir à monter "des projets d'attentats". Jusque sur notre sol ? Peut-être.
Pour le politologue François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l'IRIS et responsable de l'Observatoire géostratégique de l'information, cela ne fait pas de doute. "Cela fait des années, désormais, que nous sommes entrées dans une forme de routine terroriste. Tous les X mois, un terroriste, armé d'un couteau ces derniers temps, s'en prend à un professeur, à une église… Ce rythme s'est encore confirmé récemment avec l'assassinat de Samuel Paty", rappelle-t-il d'entrée de jeu. Mais ce n'est pas tout : "plusieurs facteurs permettent en effet de penser que la France pourrait de nouveau être le cadre d'attentats", déplore le chercheur.
Terrorisme : faut-il craindre une menace intérieure ?
"Au total, environ 8 000 individus sont suspectés de terrorisme par nos renseignements", rappelle le politologue, non sans préciser qu'il ne parle pas du recueil des fichés S, "un document qui englobe beaucoup plus que le seul terrorisme". "A ceux-là s'ajoutent les nombreux terroristes et djihadistes, entre 500 et 700, que nous avons pu mettre en prison. On peut légitimement penser qu'ils ont pu, une fois derrière les barreaux, convertir un nombre de détenus à peu près équivalent", poursuit-il, avant de faire le calcul.
"Au final, cela signifierait donc qu'il n'y a pas loin de dix milles personnes, en France, qui y pensent aujourd'hui. Soyons clairs : cela ne veut pas dire qu'ils passeront à l'acte ou que leur éventuelle tentative ne serait pas déjouée. Mais c'est un nombre important, qu'il convient de garder en tête", alerte encore le politologue. Hélas, ce n'est pas la seule source d'inquiétude qu'il pointe du doigt…
Terrorisme : pourra-t-on toujours déjouer les attentats ?
"Je suis d'avis qu'il n'est pas possible de toujours échouer. Hélas, cela s'applique aussi, à mon sens, aux terroristes", alerte d'entrée de jeu François-Bernard Huyghe qui, s'il salue le travail des services de renseignement, demeure inquiet. "Depuis le cycle d'attentats survenu en 2015, nous avons déjoué un certain nombre de tentatives, pour l'essentiel menées par des exécutants solitaires, qui n'ont pas su monter un commando", rappelle-t-il, évoquant notamment l'entreprise de trois femmes radicalisées qui avaient essayé de faire sauter Notre-Dame de Paris à l'aide de bonbonnes de gaz.
Et lui de poursuivre : "Certains de ces exécutants n'étaient pas bons techniquement. Nous avons donc, parfois, eu de la chance. Je crains que cela ne puisse durer. En tout état de cause, il serait irresponsable de ne pas considérer le danger".
D'autant plus que les raisons de s'en prendre à l'Hexagone manquent potentiellement moins qu'on ne l'imagine. "La présence de la France au Sahel, par exemple, constitue un moteur évident des terroristes. N'oublions pas non plus la description qui est faite d'Emmanuel Macron dans certains pays musulmans, où il est présenté comme islamophobe", souligne le chercheur, qui y voit là aussi un argument donné aux terroristes djihadistes. Et d'insister, encore : "Un Bataclan est toujours possible".
Sahel et Levant : le nouveau front qui inquiète
"Depuis le Mali, les terroristes réfléchissent à des attaques dans la région en Europe", assure Bernard Emié qui, pour appuyer ses dires, a diffusé devant la ministre, une vidéo "rarissime", indique Le Parisien. Elle montre plusieurs chefs de guerre djihadistes, issus des deux fronts - Sahel et Levant. Or, c'est la première fois qu'il est possible de faire un lien direct "aussi net" entre "les théâtres proche-oriental et africain", écrivent nos confrères. Pour certains, ils ne constitueraient d'ailleurs plus qu'un seul et unique front, dorénavant.
"La zone Sahel est toujours grevée de problèmes importants. L'opération Barkhane envoie de nombreux djihadistes au sol, c'est certain. Mais le problème est clair : il s'agit de ne pas en avoir plus le lendemain matin que ceux que l'on a pu avoir la veille", rappelle pour sa part François Bernard-Huyghe qui, sur la base des récents discours d'Emmanuel Macron comprend que l'Etat Islamique au Sahara a pris "pas mal de coups" ces derniers temps. "Le groupe de soutien à l'Islam et au musulmans, qui est affilié à Al Quaeda, paraît en meilleure forme", poursuit le directeur de recherche à l'IRIS.
"Dans tous les cas, la situation est inquiétante : quatre ans après la chute du califat de Daesh, l'Etat Islamique compte encore de nombreux groupes prêts à combattre. Le plus souvent en menant une guérilla transfrontalière. N'oublions pas non plus Al Quaeda, fondée dans les années 90 et qui survit malgré toutes les guerres qui lui ont été faites", souligne encore le politologue.