Législatives : grève, sécurité… à quoi s’attendre au soir du second tour ?Istock
Après trois semaines d'une campagne électorale menée en toute hâte et marquée par des incidents violents, la tension culmine dans l'Hexagone. Voici ce que l'on sait déjà.
Sommaire

La France sur les charbons ardents. Les émotions qui domineront, dimanche 7 juillet à 20h00 lorsque s’afficheront sur les écrans les estimations provisoires du scrutin législatif, risquent de se révéler à l’image de la campagne électorale : extrêmes. Joie pour certains, consternation pour d'autres, ou bien de l’inquiétude, voire du soulagement… Et peut-être aussi de la colère. Déjà, cette parenthèse politique inattendue s'achève dans un climat des plus tendus.

Des violences physiques contre des candidats

Le ministère de l’Intérieur a recensé quelque 51 cas d’agressions physiques visant des candidats, des suppléants et des militants. Certaines d’entre elles ont abouti à des hospitalisations. C’est ce qu’a annoncé Gérald Darmanin ce 5 juillet lors d’une interview sur BFMTV. Parmi eux : l’équipe de Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement et candidate Ensemble-Renaissance dans les Hauts-de-Seine, prise à parti alors qu’elle collait des affiches à Meudon, en région parisienne. Le 2 juillet, alors qu’ils faisaient la même chose dans le XXe arrondissement de la capitale, des militants partisans de Danielle Simonnet (anciennement LFI) ont eux aussi subi une agression pour laquelle ils ont porté plainte, indique le Parisien

Selon l’actuel ministre de l’Intérieur, “plus d’une trentaine d’interpellations” ont été réalisées. Aucun “profil type” de ces personnes ne peut-être dressé a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agit “soit de gens spontanément énervés, soit des militants politiques (…) d’ultragauche ou d’ultradroite ou d’autres formations politiques.” Du côté des victimes, “des candidats de tous les bords politiques ont été agressés”, a ajouté Gérald Darmanin. 

Une campagne de tous les extrêmes

Lettres racistes à l’encontre d’un journaliste,avocats menacés de mor t… La violence, c’est aussi dans les mots qu’elle s’est exprimée lors de la campagne. “Parmi mes collègues universitaires issus de l’immigration, beaucoup témoignent qu’ils entendent de plus en plus d’insultes”, confie à Planet Julien Longhi, professeur des universités en sciences du langage à l’université de Cergy-Pontoise.  “Il y a un côté décomplexé. “Cela caractérise justement les discours extrémistes qui consistent à rejeter un groupe jugé ‘externe’, inférieur etc, avec des ressorts pour s’en distancier, une violence verbale, des menaces, des insultes plus ou moins explicites”, précise le linguiste qui dirige un projet de recherche européen sur les discours extrémistes. 

Vidéo du jour

Pour le chercheur, le ton employé pendant cette campagne reflète la “polarisation de la vie politique” en trois blocs. Il est exacerbé en ligne, sur les réseaux sociaux, “où tout ce qui est recherché, c’est l’inverse du consensus”. 

Les forces de l’ordre se préparent

Ce climat, risque-t-il de se traduire, dans la rue, par des manifestations plus ou moins violentes? Certains le redoutent. Le ministère de l’Intérieur dit en tous cas s’y être préparé avec “30 000 policiers et gendarmes mobilisés dimanche, dont 5 000 à Paris”, a indiqué Gérald Darmanin sur BFMTV. Ce dernier a dit “redouter des débordements”, au soir du second tour en France. Une demande de rassemblement devant l’Assemblée nationale émise par un groupe antifasciste a été interdite, a-t-il par ailleurs confirmé. Toutefois, en l'absence de "véritable appel à manifestation après le second tour",les services de renseignement n'ont pas identifié de risques précis, selon l’AFP qui s’appuie sur des sources policières. 

De possibles grèves ?

Du côté des syndicats, une possible grève a été évoquée chez Solidaire, un syndicat de la SNCF, selon Europe 1. “On ne s’interdit aucune action dans la foulée des résultats du second tour, des manifestations, peut-être des grèves... “ aurait déclaré François-Xavier Arnouls, co-secrétaire de cette organisation. Aucun préavis n’a été déposé. 

Pour savoir si les émotions provoquées par les élections s'exprimeront ou non dans la rue, il n’y a donc plus qu’à se résigner à la patience. Et, comme les résultats eux-mêmes, attendre dimanche… Voire les autres événements qui se profilent : ceux du 1 4-juillet, puis des Jeux olympiques de Paris.