Estrosi, Darmanin... Qui pour remplacer Gérard Collomb ?

Gérald Darmanin ou Christophe Castaner : un remaniement depuis l’intérieur ?

Les noms de Gérald Darmanin et Christophe Castaner sont les premiers à avoir été envisagés pour remplacer Gérard Collomb.

L’actuel ministre de l’Action et des comptes publics a le profil ne serait-ce parce qu’il est un très proche de Nicolas Sarkozy, lui-même ex-ministre de l’Intérieur. Plutôt jeune et issu de la droite, son profil a de quoi intéresser, si ce n’était pour quelques éléments, qui, de fait, excluent de l'envisager sérieusement.

Gérald Darmanin est un transfuge de la droite ce qui a pour effet de faire peser sur lui un certain soupçon en matière de confiance. "A ce poste, vous êtes au courant de tous les secrets d’Etat, c’est pour cela qu’Emmanuel Macron y avait placé Gérard Collomb", note Philippe Moreau Chevrolet. L’ancien soutien de Nicolas Sarkozy et Christian Vanneste a également fait l’objet d’une plainte pour viol et abus de confiance, dont il a été blanchi.

Christophe Castaner a-t-il plus de chances ? Oui, en tant que macroniste de la première heure. Très proche d’Emmanuel Macron, il a la stature médiatique, sauf que… Celui qui est le patron du parti La République en marche et ministre en charge des Relations avec le parlement n’a pas caché son intérêt pour la municipalité de Marseille. "Il est vraiment bien parti pour", commente Philippe Moreau Chevrolet. Il lui faudrait donc renoncer à ses ambitions dans la cité phocéenne.

Récompensé un fidèle tout en l’exfiltrant : la possibilité Griveaux

Benjamin Griveaux fait partie de l’entourage proche d’Emmanuel Macron, d’abord secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, il est devenu le 24 novembre dernier le porte-parole du gouvernement. Elu député lors des dernières législatives, mandat qu’il a laissé à Elise Fajeles, il dispose d’un ancrage local et d'une forte présence dans les médias, un point qui a fait défaut à Gérard Collomb.

Sauf que Benjamin Griveaux ne s’en cache pas, il est cand idat aux municipales à Paris. Le 10 septembre, il confiait même au Parisien ses ambitions pour la capitale. "L’option possible, c’est qu’on ait besoin d’exfiltrer Benjamin Griveaux de la campagne de Paris et qu’on lui montre une forme de reconnaissance en lui donnant le ministère de l’Intérieur. Tout dépendra de la stratégie d’Emmanuel Macron pour Paris", relève Philippe Moreau Chevrolet.

Ce profil illustre, tout comme celui de Christophe Castaner, la difficulté pour Emmanuel Macron de trouver qui, au sein des grosses pointures d’En Marche, n’est pas intéressé par les municipales.

Emmanuel Macron : un gros poisson à droite ou à gauche ?

"L’avantage de Gérard Collomb, c’est qu’il venait de la gauche et qu’en ce sens, cela lui a permis d’aller plus loin dans sa politique migratoire", relève Philippe Moreau Chevrolet. Quelqu’un de gauche à l’Intérieur répondrait à la maxime macronienne du ‘’en même temps’’, mais constitue un sacré casse-tête. Qui reste-t-il à prendre chez les socialistes ?

A droite, l’équation est légèrement plus facile. Si Thierry Solère aurait pu être envisagé, ses ennuis judiciaires (il est soupçonné de fraude fiscale et non mis en examen à l'heure actuelle) l’excluent pour l’instant d’un tel poste. En revanche, l’Intérieur constituerait un beau cadeau de remerciement pour un certain Christian Estrosi.

Le membre des Républicains qui a déjà caressé le maroquin auprès de Michèle Alliot-Marie, choie les chasseurs et n’a jamais caché son attachement à Emmanuel Macron, "un contact direct"', selon ses propres dires en mars dernier dans Le JDD. L’équation de sa possible nomination à Beauvau reste cependant conditionnée à la résolution d’une inconnue : acceptera-t-il d'abandonner la mairie de Nice, dont il est l’actuel édile ?

Emmanuel Macron : le candidat idéal est déjà trouvé…

Si tous ces profils sont éminemment pertinents sur le plan politique, auront-ils la finesse d’une Jean-Michel Fauvergue ? Ce marcheur issu de la société civile et élu député en Seine-et-Marne lors des dernières législatives n’est pas le plus médiatique des parlementaires, mais son C.V fait de lui le candidat idéal.

Avant de se lancer en politique, Jean-Michel Fauvergue, 61 ans, a été patron du RAID de 2013 à 2017. Auparavant, il est passé par plusieurs postes en Guyane, au Mali, en Nouvelle-Calédonie mais aussi à la direction centrale de la Police aux frontières, où il avait pris la tête de l’OCRIEST. C’est par ailleurs lui qui a dirigé l’assaut contre l’appartement des terroristes du 13 novembre 2015. C’est son témoignage de ce moment dans un livre qui aurait conduit sa hiérarchie à l’écarter.

"C’est un profil rassurant, qui donne du sens et qui connaît extrêmement bien le fonctionnement des forces de l’ordre. Ils pourrait resserrer les boulons après l’affaire Benalla", relève Philippe Moreau Chevrolet. C’est lui, par ailleurs, qui a préconisé dans un récent rapport remis à Edouard Philippe d’armer les policiers municipaux.

Aucune femme donc pour succéder à Gérard Collomb ? Les récentes arrivées au perchoir et au ministère de l’Ecologie, laisse à penser que non. "Emmanuel Macron est principalement entouré d’hommes et ce n’est pas un paramètre que l’on peut prendre en compte" note le spécialiste. En huit mois, les choses ont encore le temps de changer...