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Un coup à gauche, un coup à droite… Le maire de Bordeaux, candidat à la primaire des Républicains, n'arrête pas de louvoyer, quitte à déboussoler aux sein du parti de l'opposition.

Décidément, Alain Juppé est insaisissable… On le pensait homme de droite modéré, voire centriste, et voilà qu’il donne un coup de barre à droite.

Dans son livre, Pour un Etat fort, sorti en librairie le 6 janvier, le maire de Bordeaux fait plusieurs propositions, notamment sur les questions de sécurité intérieure, dans un contexte marqué par les menaces d’attentats en France comme chez nos voisins européens. Dans le JDD, de dimanche dernier, Alain Juppé a décliné vingt propositions.

Droit du sol, immigration, nationalité…

Ainsi, le candidat à la primaire des Républicains pour la présidentielle de 2017 se prononce pour le rétablissement des peines planchers, la suppression des réductions automatiques de peines, l’augmentation de places en prison… Même sur l’immigration, l’ancien Premier ministre se veut intraitable : vote annuel de quotas d’immigration, durcissement des conditions du regroupement familial ou encore le placement des familles étrangères, en situation irrégulière, en rétention administrative, y compris les enfants.

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Mais Alain Juppé va même plus loin, en souhaitant que le droit du sol ne bénéficie plus aux enfants nés en France de parents étrangers en situation irrégulière, et en souhaitant par ailleurs, que l’on prononce davantage de déchéances de nationalité pour les binationaux auteurs d'actes terroristes.

Alain Juppé fait sensation à gauche

Des propositions qui témoignent d’un net virage à droite alors que l’homme politique cultive depuis longtemps une image d’homme de droite modéré, voire de centriste. C’est ainsi qu’en juin 2015, à la tribune d’un meeting de sa famille politique, il s’est fait sifflé pour la troisième fois par des militants qui lui reprochent de ne pas être tout à fait à droite.

Il faut dire que l’ancien Premier ministre multiplie les gestes d’ouverture vers le centre quitte à parfois s’aventurer trop près de la gauche. Le maire de Bordeaux a ainsi fait savoir qu’il ne participerait pas à la primaire si celle-ci n’était pas ouverte au centre. Et cela pour une raison très simple : Alain Juppé n’a pas le soutien de la base militante, plus à droite que les sympathisants. En voulant une large primaire, contrairement à une primaire restreinte aux seuls adhérents, Alain Juppé espère obtenir les voix des sympathisants de droite, des centristes, voire de certains socialistes.

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Car si le maire de Bordeaux est populaire au centre, il l’est aussi à gauche. Il est même l’un des rares hommes politiques de droite à trouver grâce aux yeux des socialistes. Le 12 novembre 2014, Alain Juppé faisait ainsi sensation en posant en couverture des Inrockuptibles qui sous-titrait pour l’occasion "Juppémania, le moins pire (sic) d’entre eux ?"

L’ancien Premier ministre est ainsi le seul homme politique dont la candidature à la présidentielle est majoritairement souhaitée par les Français, selon un sondage Odoxa paru le 2 janvier dans Le Parisien. Alain Juppé est en tête chez les sympathisants de droite hors FN (71%, devançant de 20 points Nicolas Sarkozy) mais aussi chez ceux de gauche (62%).

Alain Juppé, le Balladur de demain ?

Interrogé par Planet.fr, le politologue Jérôme Sainte-Marie explique les propositions droitières d’Alain Juppé par "un besoin de faire des signaux à l’aile droite du parti qui cultive une certaine proximité avec le Front national et à une base militante radicalisée face au gouvernement socialiste." Le candidat à la primaire essaierait ainsi de cultiver "sa clientèle électorale âgée qui vote plutôt à droite".

Quant à la bonne image dont il jouit auprès des électeurs de gauche, le politologue estime que c’est une fausse perception. "Alain Juppé reste un homme de droite libérale à la posture gaullienne – même si sa ligne politique ne l’est pas – qui doit ses succès dans les sondages au fait que les électeurs de gauche se reportent sur lui par manque de visibilité sur le prochain candidat socialiste pour la présidentielle", explique-t-il.

Selon Jérôme Sainte-Marie, ce cas de figure rappelle celui d’Edouard Balladur un peu avant l’élection présidentielle de 1995. A cette époque, en pleine cohabitation, le Premier ministre est en concurrence avec Jacques Chirac, autre candidat de droite, tandis que François Mitterrand ne peut plus se représenter et que la gauche se cherche un candidat. "Balladur était haut dans les sondages, aidé par des électeurs de gauche qui voyaient en lui « le moins pire » à droite. Mais dès que le candidat socialiste a été désigné, à savoir Lionel Jospin, cela a été fatal pour Balladur qui a dévissé dans les sondages."

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