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Charlotte Valandrey : elle décède un mois après sa deuxième greffe du coeur
Une battante que la vie n'a pas épargnée mais qui a gagné le coeur du grand public. Ce mercredi 13 juillet, Charlotte Valandrey s'est éteinte à l'âge de 53 ans à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, à Paris, a annoncé son agente et sa famille à l'AFP. Une triste nouvelle qui survient un mois après sa deuxième greffe du coeur. "Le 14 juin dernier, Charlotte a dû être opérée en urgence pour remplacer son 'cœur d'occasion' comme elle l'appelait, mais cette nouvelle greffe n'a pas pris, ce troisième cœur n'a pas vécu", ont expliqué sa fille, sa sœur et son père dans le communiqué de presse.
"Depuis l'opération, Charlotte était plongée dans un coma artificiel pour échapper à la douleur et aux complications. Il y a plusieurs jours, elle en est brièvement sortie pour exprimer son épuisement et le vœu impérieux de rejoindre Anne-Marie, sa mère décédé. Après un dernier combat d'un mois où les heures ont duré des siècles, où pour s'exprimer Charlotte a cligné des yeux et écrit quelques mots sur une ardoise, elle s'est endormie dans un sourire en serrant la main de son père Jean-Pierre, de sa fille Tara et de sœur Aude", ont écrit ses proches.
Dans ce communiqué, son entourage a tenu à annoncer la date et le lieu de ses obsèques, ainsi que la tenue d'une cérémonie religieuse : "Charlotte sera inhumée dans l'intimité à Pléneuf-Val André, commune des Côtes d'Armor qui inspira son nom d'artiste, non loin de la plage immense des vacances de son enfance".
Charlotte Valandrey : boudée par le cinéma à cause de sa séropositivité
Anne-Charlotte Pascal alias Charlotte Valandrey vient au monde le 29 novembre 1968 à Paris. Elle est la benjamine d’un développeur de logiciel de calculs du nom de Jean-Pierre Pascal et d’une pianiste prénommée Anne-Marie. Elle passe une partie de son enfance en Bretagne avant d’emménager à Paris au début des années 80. Cinq ans plus tard, elle débute sa carrière d’actrice dans le film de Véra Belmont, Rouge Baiser. C’est à cette époque qu’elle choisit le pseudonyme Charlotte Valandrey, en hommage à la station balnéaire Val-André, située dans les Côtes d’Armor où elle a vécu à partir de ses six ans.
Grâce à son interprétation dans son premier film, elle remporte l’Ours d’argent de la meilleure actrice en 1986. Âgée de 16 ans, elle est également nommée pour le César du meilleur espoir féminin pour ce rôle. C’est à cette époque qu’elle fait la connaissance d’un musicien toxicomane prénommé Yoan. Après le début de leur relation, les deux amoureux décident de se faire dépister. Le résultat est alors rassurant : elle est négative au test du VIH mais doit toutefois refaire les tests ultérieurement. Elle s’envole alors pour le Canada où elle doit tourner son prochain film. Deux mois après le début du tournage, son compagnon décide de rompre par téléphone. “Je suis larguée, jetée pour la première fois, je pense à mourir”, a-t-elle écrit dans L’amour dans le sang.
C’est lors d’un second dépistage que l’actrice apprend par courrier avoir contracté le virus du VIH. “Je suis paralysée (...) Ma tête se retourne à l'intérieur de moi (...) Pourquoi moi ? Pourquoi ça ? Pourquoi ? Je n’ai pas eu le temps de grandir. On ne m’a rien dit. J’ai juste entendue deux trois trucs à la télé (...) Je n’ai pas fait attention. Mais attention à quoi, à l’amour ? Il faut se méfier de l’amour ? J’ai été naïve, princesse immortelle comme toutes les filles de mon âge, peut-être un peu plus”, a-t-elle écrit.
En 1989, elle est pressentie pour jouer le rôle principal du film Noce Blanche, du réalisateur Jean-Claude Brisseau. Mais d’après l’actrice, la production n’aurait pas voulu l’assurer après avoir été avertie de sa séropositivité. Finalement, c’est la star Vanessa Paradis qui obtient le rôle à sa place. Entre 1991 et 2003, elle joue le rôle de Myriam Cordier, dans la série Les Cordier, juge et flic.
“J'ai dû en payer le prix, puisque le show-business, qui se veut tolérant, m'a tourné le dos du jour au lendemain. J'ai été la seule en France à avouer publiquement être touchée par cette maladie et, depuis 2005, je n'ai plus aucune proposition de films ni de téléfilms. Néanmoins, lorsque je lis les centaines de lettres qui me disent : "Bravo pour votre courage, merci de ce que vous avez fait", je ne regrette rien”, avait-elle affirmé à France Dimanche en 2011.
Ce n’est qu’en 2017 que l’actrice renoue avec les plateaux de tournages en jouant le rôle de Laurence Moiret dans la série de TF1 Demain nous appartient. En 2018, on la retrouve également dans la mini-série Les Innocents sur TF1.
Charlotte Valandrey, victime de deux infarctus et greffée du coeur
En 2005, Charlotte Valandrey publie un livre intitulé L’amour dans le sang dans lequel elle dévoile être atteinte du sida. Dans cet ouvrage, elle a également révélé avoir fait deux infarctus qui lui ont presque coûté la vie en août 2003. C’est à la suite de ces deux arrêts cardiaques que l’actrice a dû subir une première greffe du coeur.
“Je ne réalise rien, je ne réalise pas que je vais être sciée en deux, que l'opération va durer sept heures, que ce type de greffe est une première médicale en France, sur une séropositive. Je n'ai pas envie de savoir, je fais l'immortelle, une fois de plus. Refuser ma réalité physique m'a aidée. Dans la salle de réveil, superbranchée, reliée à la machine à sang, à air, j'ai très vite senti battre mon greffon. Je l'ai adopté. Mon coeur, c'est mon cadeau d'avant Noël - j'ai été opérée en novembre - un très beau cadeau. Ma seule inquiétude a été : et si je récupère le coeur de quelqu'un qui a été encore plus amoureux que moi, plus fou, plus passionné ? A-t-il aimé plus que moi ? J'ai cru comprendre qu'il appartenait à une femme. Elle m'a sauvée, cela change tout. A priori, je n'ai plus le droit d'avoir envie de me foutre par la fenêtre, il faut se remettre debout”, a-t-elle affirmé à nos confrères de L’Express en 2005.
Très impliquée dans cette cause du don d’organes et de la greffe, elle devient marraine en 2008 de la fondation Greffe de vie.
Charlotte Valandrey, en couple avec le mari de sa donneuse
Dans son livre De coeur inconnu, sorti en 2011, l’actrice affirme voir en cauchemar le décès de sa donneuse de coeur : “J'ai fait régulièrement des cauchemars où j'étais victime d'un grave accident de voiture à Paris : ...Il pleut, je suis aveuglée par des phares, j'ai très mal au ventre et j'ai un bébé à côté de moi. Puis soudain, je ressens un choc terrible et je me réveille... Au bout d'un an, n'en pouvant plus, j'ai décidé de savoir de qui vient mon cœur greffé, pour comprendre ces mystérieux cauchemars. J'ai alors découvert que le jour de ma greffe, une femme médecin était morte à Paris, sous la pluie, dans un accident de voiture ! Exactement comme dans mon cauchemar”, a-t-elle expliqué à France dimanche en 2011.
Dans son livre , elle révèle avoir fait la connaissance d’un homme prénommé Yann. Il la séduit et commence alors leur idylle amoureuse. Une relation épanouie qui se finit brutalement le jour où la star découvre qu’il est potentiellement l’époux de sa donneuse de coeur. “Il s'appelle Yann : c'est un brillant architecte, élégant et romantique, bourré de charme, qui partage sa vie entre Paris et Berlin. Il s'est montré plein d'attentions, délicat, d'une gentillesse infinie, alors j'ai craqué. Notre histoire d'amour a été merveilleuse, authentique. Il m'avait raconté qu'il était divorcé de sa femme. Un jour, par hasard, en fouillant dans son bureau, j'ai découvert des documents indiquant que sa femme, une certaine Virginie, était morte le 4 novembre 2003 dans un accident mortel, un soir d'orage, place de la Nation, à Paris. Stupéfaction : c'est le même jour que ma greffe de cœur... En découvrant le certificat de décès, mes mains tremblaient et je n'arrivais plus à respirer ! Dans une autre pochette, un article du Parisien évoquait ma greffe. J'ai compris qu'il m'avait menti et qu'en me séduisant, il continuait à aimer sa femme, par procuration, via le cœur qu'elle m'a donné”, a-t-elle raconté.
Après son divorce avec un certain Arthur Lecaisne en 2003, l'actrice se sentait prête à rencontrer le grand amour : "Je suis bien, je me sens prête à rencontrer l’homme de ma vie", a-t-elle affirmé à Paris Match en avril 2019.