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"Il ne s'agit pas de punir qui que ce soit", explique d'abord Thomas Piketty. L'économiste, connu pour sa critique du capitalisme et son étude des inégalités en France comme dans le monde, estime qu'il faut dorénavant "demander un effort aux plus aisés" pour faire face à l'"énorme augmentation de l'endettement public" constaté dans l'Hexagone. Ainsi qu'il l'explique sur France Info, il ne faut pas, selon lui, se limiter aux seuls recours envisagés par le gouvernement. "Si on veut aujourd'hui repartir sur de nouvelles bases, il faut qu'il y ait des gestes très forts en termes de justice sociale et fiscale", assène-t-il encore.
Pourtant, l'exécutif a déjà fait savoir comment il comptait financer les différentes mesures de soutien aux entreprises et à l'économie, durant la crise sanitaire. Edouard Philippe prévoit en effet un triptyque qu'il juge plus efficace que n'importe quelle hausse d'impôt, rappelle Le Figaro. Ce dernier se base sur la monétisation de la dette, la solidarité européenne et enfin, le retour de la croissance. "Économiquement, le raisonnement est carré", commente d'ailleurs le quotidien, marqué à droite.
Faut-il s'attendre à une hausse d'impôts ou au retour de l'ISF ?
Il n'empêche : en dépit de ce qu'ont pu annoncer le chef de gouvernement et ses ministres, l'opposition s'en donne à cœur joie. Et elle n'est pas la seule ! Si Adrien Quattennens, député La France Insoumise, appelle de ses vœux une refonte des solidarités françaises, d'autres voix moins attendues se sont également prononcées sur la question.
"J'observe les contradictions du gouvernement sur la mise à contribution des hauts revenus. S'il souhaite vraiment s'y intéresser, je lui suggère une mesure simple : réinstaurer l'ISF, c'est 3,5 milliards d'euros par an", Adrien Quattennens, sur le plateau de LCI le 25 mai 2020
C'est le cas par exemple, d'Esther Duflo, prix Nobel d'économie 2019, issue de l'administration Obama. Et elle ne mâche pas ses mots.
Ces intellectuels et économistes qui appellent à la ré-instauration de l'ISF
"Il faut bien prendre l'argent quelque part et nous ne pouvons pas faire l'économie d'une réforme fiscale. Selon moi, l'ISF n'aurait pas du être supprimé, dans un contexte d'augmentation mondiale des inégalités. S'il y a une possibilité de le rétablir, faisons-le", argumente en effet l'enseignante au MIT, décorée l'année passée, que le Journal du Dimanche a choisi d'interroger.
Comme Thomas Piketty, elle ne croit pas au discours du président de la République. Ce dernier y voit une façon d'affirmer que l'on "peut tout financer et personne n'aura besoin de payer, et certainement pas les plus riche", précise Capital. Et lui de rappeler les choix de l'Allemagne et du Japon à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Les deux pays vaincus avaient opté pour "un prélèvement exceptionnel sur les plus hauts patrimoines privées permettant de réduire très rapidement l'endettement public"...
Qu'en pense la majorité présidentielle ?
Même au sein de la majorité présidentielle, la question commence sincèrement à se poser. "Face à ce rouleau compresseur, l'exécutif peine à rester hermétique", rapporte Le Figaro. Quant à Richard Ferrant, connu notamment pour avoir l'oreille du président de la République, il refuse de se montrer fermé. "Reste que ponctuellement et parce que la solidarité l'exigerait, s'interroger sur une contribution des plus aisés, pourquoi pas ?", lance en effet cet habitué des ballons d'essai...
"Parler aujourd'hui d'ISF me semble complètement hors sujet. Avant de la taxer, il faut d'abord réfléchir à la manière de créer de la richesse. Ensuite, au moment de la relance, on pourra se poser la question d'une amélioration de notre système redistributif et d'une participation exceptionnelle des plus aisés ou des grandes entreprises", nuance pour sa part le rapporteur de la loi budget 2021, Laurent Saint-Martin.