Argent : de quelles manières les femmes gèrent-elles leurs finances et leur patrimoine ?IllustrationIstock
INTERVIEW. Épargne de précaution, assurance vie, crédit immobilier… Si la richesse des femmes s'accroît avec les années, elle n'a pas encore atteint la parité avec les hommes, du fait des inégalités économiques affectant leur autonomie financière. Raison pour laquelle la gent féminine se montre plus prudente ? Des expertes nous apportent des éléments de réponse.
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Comment les femmes gèrent-elles leur argent ? Si, depuis 1965, une loi autorise les femmes à disposer d’un compte bancaire en leur nom et à travailler sans le consentement de leur conjoint, leur rapport à l’argent et au marché financier reste superficiel. En cause, les modèles sociaux et familiaux, l’âge, la région d’origine, le niveau de revenus, mais aussi et surtout, un manque d’éducation financière. Les résultats d’une étude menée au Royaume-Uni par TIAA Institute et GFLEC Personal Finance Index indiquent que seulement 12% des femmes ont répondu correctement à 75% des questions de culture financière, contre 21% des hommes.

Ainsi, d’après Sallie Krawcheck, Directrice de la division Global Wealth & Investment Management à la Bank of America, la gent féminine voit l’argent "soit avec une connotation négative", soit comme un élément "faisant partie d’une zone de compétences" qu’elles ne sont pas "censées détenir".

De manière générale, encore aujourd’hui, les étudiantes s’orientent moins vers des formations en finance que leurs homologues masculins.

Comment gèrent-elles alors les finances du foyer ?

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Argent : les femmes, "reines des finances du ménage" ?

Selon le site Comparateurbanque.com,"à la maison, ce sont les femmes les reines de la finance. 90% d’entre elles connaissent le montant exact des leurs impôts, et s’occupent de toute cette partie pour celles en couple". 60% semblent gérer les comptes à part égale avec leurs conjoints, et 34% régir seules les finances domestiques.

Néanmoins, des stéréotypes perdurent et peuvent mener à la violence économique. Selon une étude Bred-Banque Populaire/Le Parisien, le cliché selon lequel les femmes sont trop dépensières est approuvé par la jeune génération (45% des hommes 18-24 ans, et 39% des 25-34 ans). Au sein des couples, les femmes peuvent alors parfois être exclues de la gestion de l’argent.

Elles font pourtant preuve d’une grande organisation : 85% planifient leurs achats importants 6 mois à l’avance, tandis que 74% attendent les soldes, 64% les promos et 63% les remises intéressantes, d’après un sondage datant de 2019.

Toutefois, "beaucoup de couples fonctionnent avec leur compte joint. En plus de leur travail, la charge mentale pèse souvent sur les femmes. Gestion des courses, des enfants, tâches ménagères… Elles sont souvent multitâches. Trop préoccupées par l’intendance du quotidien, elles laissent peut-être aussi par "facilité", la gestion du patrimoine financier à leur conjoint, et se détournent ainsi de l’information bancaire", analyse Stéphanie Thomas, directrice de publication de Comparateurbanque.com chez HOP Digital France.

Pourtant, malgré quelques améliorations, au vu des inégalités persistantes (écart de salaires, carrière fragmentée…) elles ont tout intérêt à construire, pérenniser et optimiser leur patrimoine. Quels sont les placements qu’elles privilégient ?

Placements : les femmes plus prudentes et averses aux risques ?

Souvent présentées comme plus prudentes et averses aux risques, les femmes gèrent donc majoritairement le budget mensuel du foyer et laissent leurs conjoints s’occuper des placements financiers et autres questions patrimoniales, si elles sont en couple.

75% des femmes ont par ailleurs une épargne personnelle. Selon un sondage réalisé par le Cercle de l’Épargne en septembre 2020, les femmes ont plus tendance à privilégier des produits sécurisés et liquides (assurance vie en euros et Livret A). Les hommes, eux, misent plus sur des actions et de l’immobilier d’investissement.

Toutefois, elles ont moins recours au crédit (15% seulement contre 19% chez les hommes. Et ce, y compris lorsqu’elles se lancent dans l’entrepreneuriat, puisque, 79% le font sans financement, rapporte Comparateurbanque.com.

Aussi, "souvent, elles ne savent pas comment s’y prendre. Dans les conférences que je donne, je remarque que de plus en plus de femmes souhaitent investir dans l’immobilier. Ces primo-accédantes sont généralement des célibataires trentenaires ayant un bon job, qui cherchent des conseils pour limiter les risques", nous explique Gabriella Mendoza, Fondatrice de Parlons d’Argent. Cette coach, spécialisée dans l’éducation financière du grand public dans les pays francophones, vient en aide aux personnes désireuses de mieux gérer leur argent et patrimoine. "Encore aujourd’hui, dans de nombreux pays, le rôle de la femme et de prendre soin de sa famille et d’éduquer les enfants. L’intérêt pour l’argent est donc faible", nous confie cette Mexicaine, exilée à Montréal.

Arrivées à la retraite, on constate alors que les femmes ont épargné jusqu’à deux fois moins que les hommes. Comment y remédier ?

Placements : faut-il une approche financière dédiée aux femmes ?

"Bien que décomplexées sur les questions d’argent concernant le foyer, dans les faits, les femmes consultent que très peu, voire pas du tout les sites dédiés à la finance. D’ailleurs, sur ma chaîne YouTube, Steph ComparateurBanque, dans laquelle j’analyse et synthétise les offres des banques, néobanques et fintechs, je constate que 78% de l’audience est masculine", nous précise Stéphanie Thomas. 

"En règle générale, les banques et établissements financiers n’utilisent pas le même langage que les femmes. J’observe cependant, malgré les conseils que l’on donne en ciblant différents profils de femmes qui voudraient se lancer dans l’entreprenariat (graphiste, professeur de yoga…), qu’il reste difficile de les attirer. Il faut parvenir à instaurer une relation de confiance, en donnant des informations claires, simples, efficaces et concrètes. Si ce n’est pas le cas, elles fuient. Elles doivent avoir l’impression d’effectuer une bonne affaire, tout en donnant du sens à leur investissement", conclut l’experte.