Ce vendredi 31 janvier 2024, Météo-France a placé une vingtaine de départements en vigilance jaune neige-verglas. La liste.
- 1 - Des millions de victimes du nazisme
- 2 - Retrouver un ancêtre déporté : comment débuter ?
- 3 - Quelles archives consulter lorsque l’on enquête sur une personne déportée ?
- 4 - Ecrivez les noms de toutes les manières possibles et recoupez vos informations
- 5 - Et si je ne sais presque rien sur mon ancêtre déporté ?
- 6 - Un témoignage personnel
Les survivants s’éteignent. Bientôt, la mémoire de la Shoah ne pourra plus être transmise par celles et ceux qui l’ont vécue. Leur parole, ô combien nécessaire, restera. Il appartient désormais aux générations suivantes de prendre soin de leur témoignage, et de poursuivre le travail de transmission. Les commémorations des 80 ans de la libération d’Auschwitz-Birkenau qui s’achèvent en ce mois de décembre 2025 ont mis en lumière la gravité, et la portée de cette responsabilité, alors que le spectre du fascisme ressurgit dans les démocraties occidentales et que, chaque jour en France, quatre actes antisémites sont commis.
Des millions de victimes du nazisme
Mais comment perpétuer cette mémoire, justement ? Outre l’indispensable travail des historiens, chaque citoyen peut contribuer à son échelle à ce travail collectif. Des organismes tels que le Mémorial de la Shoah en France contribuent, par de nombreuses activités pédagogiques, à maintenir ce lien.
Reste une autre démarche. Celle-ci pourra concerner au premier chef celles et ceux qui comptent, parmi leurs ancêtres ou dans leur famille au sens large, des victimes de la Shoah. Enfermées dans des ghettos, exterminées par les Einsatzgruppen (commandos d’exécutions qui ont perpétré des meurtres de masse en Europe de l’Est), tuées pendant les rafles, déplacées de force vers des camps où la mort les attendait dès l’arrivée, à l’issue de “sélections”, ou après avoir été contraintes au travail forcé dans des conditions inhumaines... Leur si funeste décompte représente en soi un travail historique indispensable. Plus de 6 millions de Juifs, 3,3 millions de prisonniers de guerre soviétiques, 1,8 million de Polonais non-juifs, des centaines de milliers de Tziganes, d’homosexuels, de personnes handicapées, de membres de communautés religieuses chrétiennes, de Résistants furent assassinées par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. De manière directe ou non, et parfois sans le savoir, nous avons tous un lien avec ces disparus. Peut-être en avez-vous vaguement entendu parler dans votre entourage, ou bien connaissez-vous davantage d’éléments d'informations que vous souhaitez creuser. Mais comment s’y prendre pour retrouver la trace de personnes disparues depuis plus de 80 ans ? Grâce à la numérisation des archives, les démarches exigent bien moins de patience qu’il y a quelques années.
Retrouver un ancêtre déporté : comment débuter ?
Comme pour tout travail de recherche généalogique, il conviendra dans un premier temps d’interroger vos proches et de rassembler les éléments dont vous disposez : lettres, photos papiers d’identité, agendas, journaux intimes, récits.
Prenez en note les éléments indispensables : noms (avec toutes leurs variantes orthographiques), prénoms, dates et lieux de naissance etc. Ensuite, il conviendra de consulter les archives.
Quelles archives consulter lorsque l’on enquête sur une personne déportée ?
Au lendemain de la guerre, tout le monde recherchait quelqu’un, tout le monde avec ses disparus. L’un des premiers services mis en place avant même la fin des hostilités fut orchestré par les Alliés, puis formalisé dans le cadre de l’administration des Nations unies pour l’Organisation des Secours et de la Reconstruction (UNRRA) qui s’appuyait notamment sur la Croix-Rouge. Des avis de recherche par messages radio étaient alors diffusés pour tenter de retrouver des personnes déportées ou déplacées. L’héritier de ce programme existe toujours. Il s’agit des archives d’Arolsen, dont le siège se trouve en Allemagne. Il est toujours possible de recourir à ses services pour retrouver des informations sur des personnes disparues pendant la Seconde Guerre mondiale. Des centaines de fichiers conservés à Bad Arolsen ont été numérisés, et vous pouvez effectuer des recherches en ligne, et/ou demander des informations complémentaires aux chercheurs.
Vous trouverez également des interlocuteurs spécialisés ainsi que de très nombreuses ressources auprès du mémorial de Yad Vashem. Le lieu de mémoire et centre de recherche situé à Jérusalem travaille avec d’autres centres tels que le Mémorial de la Shoah en France, ainsi que le Musée américain du mémorial de l’Holocauste à Washington DC. Ces institutions disposent toutes de moteurs de recherches permettant de faire des recherches par nom, lieux etc.
Par ailleurs, le site de généalogie Jewishgen propose un moteur de recherche et un très large éventail de catalogues pour réaliser des recherches sur des ancêtres juifs. Pour des déportés politiques ou résistants, consultez les archives du Service historique de la Défense à Vincennes, qui conservent des dossiers sur les résistants arrêtés.
Ecrivez les noms de toutes les manières possibles et recoupez vos informations
Dans tous ces moteurs de recherche, il vous sera demandé d’indiquer un nom. Pensez à l’écrire de toutes les manières possibles, même si certains de ces moteurs comportent d es outils permettant de décliner ces graphies (en anglais, un menu déroulant vous proposera “fuzzy“ ou “DM-Soundex”). En effet, la notation des noms peut varier d’une langue à l’autre, et surtout les erreurs étaient loin d’être rares.
Aussi convient-il de rester prudent avec les informations recueillies. Les mêmes conseils pourront s’appliquer à d’autres recherches. Parmi vos ancêtres et ceux qui les ont côtoyés, certains ont pu se tromper ou mentir, souvent pour tenter de se protéger (voir le témoignage ci-après).
Et si je ne sais presque rien sur mon ancêtre déporté ?
Ne perdez pas espoir. Même si le secret - et ce fut la norme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale - s’impose encore dans votre famille, il est le plus souvent possible de retrouver des traces, aussi infimes soient-elles. Il vous faudra peut-être consulter des professionnels, faire confiance à votre intuition, prendre des chemins détournés. Ce voyage-là mérite tous les efforts.
Un témoignage personnel
Avant de découvrir comment mon arrière-grand-mère, Zinaida J., a disparu, je savais vaguement que son sort était lié à la déportation. Tout, la concernant, tenait de l’ordre du “tabou familial”. J’ai pu retrouver sa trace en 2016. Parmi les documents que j’ai obtenus figure sa fiche d’admission dans le camp de Stutthof (près de Gdansk en Pologne).
A son arrivée 1944, elle a indiqué une date de naissance : 1906. Je sais par d’autres sources qu’elle était en réalité née en 1899. Elle a en outre assuré qu’elle était “couturière”. Elle a sans doute menti sur son âge et sa profession pour convaincre ses geôliers qu’elle pouvait encore travailler, donc qu’elle pouvait être jugée “utile”. Son mensonge ne lui a pas sauvé la vie. J’espère qu’en retrouvant sa trace, en traquant les plus infimes vestiges de son existence, je contribuerai à transmettre une vérité de notre histoire à tous qui ne doit jamais s’effacer.