Ce lundi 25 novembre est celui de la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Zoom sur The Sorority, cette application réservée aux femmes et aux minorités de genre qui propose de leur...
Cette affaire fascine depuis plus de 10 ans. L’histoire d’un homme en apparence sans histoires, un « Monsieur tout-le-monde » qui va préparer, en secret et pendant de longues semaines, l’assassinat méthodique de toute sa famille, avant de s’évaporer dans la nature.
Le 21 avril 2011, les corps d’Agnès, Arthur, Thomas, Anne et Benoît de Ligonnès sont retrouvés, enterrés dans le jardin de leur pavillon à Nantes. La famille n’avait pas été vue depuis plusieurs jours. Le père de famille, Xavier, un commercial au chômage de 50 ans, est lui introuvable.A plusieurs de leurs proches, ce dernier avait prétexté « un départ précipité » à l’étranger, dans le cadre d’un programme de protection des témoins. Mais il n’en était rien. Très vite, Xavier Dupont de Ligonnès devient le suspect numéro 1 du quintuple homicide.
« Je change de vie »
En retraçant son parcours, les enquêteurs vont se rendre compte qu’il n’a pas été vu depuis le 15 avril 2011, six jours avant la découverte des corps. Il quittait alors un hôtel à Roquebrune-sur-Argens, dans le Var.
Depuis, le mystère est total. Où est passé le suspect ? Les enquêteurs ont étudié toutes les pistes. En vain, pour l’instant.
Mais un élément troublant mobilise encore leur attention, 11 ans plus tard : une série de messages que Xavier Dupont de Ligonnès aurait adressés à l’un de ses collaborateurs, entre le quintuple meurtre et sa disparition.
Le 7 avril, soit trois jours après la tuerie, et alors qu’il est en fuite, direction le Sud de la France, Xavier Dupont de Ligonnès envoie un SMS à cet homme pour lui proposer de reprendre la gestion de plusieurs sites internet, que le père de famille administrait jusqu'alors.
« Si tu es d'accord, je te file par retour de mail tous les codes d'accès pour gérer les sites (…) Je change de vie et je pars m'installer aux USA avec ma famille DEMAIN 8 avril », écrit le quinquagénaire.
Son collègue accepte, et Xavier lui envoie dans la foulée les codes correspondants.
Le dernier mail de Xavier Dupont de Ligonnès
Quelques jours plus tard, le 14 avril, ce collaborateur reçoit un nouveau mail de la part de Xavier Dupont de Ligonnès, au contenu plus que déroutant.
« Bonjour, Nous procédons au nettoyage final des moyens de communication facilement traçables de la famille prise en charge par nos services. Nous constatons qu'une mauvaise idée a été émise concernant le site qui est à la source de cette prise en charge : il n'aurait jamais dû vous être transmis. Cela représente un risque potentiel pour vous : nous l'avons effacé. (…) Concernant les autres sites qui vous ont été transmis, faites ce que bon vous semble, ils ne sont pas directement concernés par notre action".(Un conseil cependant : retirez votre adresse mail que vous avez mis en forward. Il serait facile avec ce système de remonter jusqu'à vous puisque les sites sont la propriété de la personne recherchée. N'établissez pas de lien entre elle et vous, pour votre sécurité. Contentez-vous, si vous le souhaitez, de payer les noms de domaines en ligne par CB - et d'administrer les sites via les pages «admin», ce que n'importe qui peut faire anonymement sans risque.) »
Pour les enquêteurs, le message est sans nul doute écrit par Xavier lui-même, dans une énième tentative de « couvrir » son crime en rendant cette histoire de départ à l’étranger crédible.
Ce sera le dernier mail envoyé par le suspect avant de disparaitre, le lendemain.
Au même moment, l’homme supprime d'ailleurs ’entièreté du contenu de « La Route des Commerciaux, le site qu’il administrait, de la même façon qu’au domicile familial, les enquêteurs ne retrouveront jamais ni son téléphone, ni son ordinateur.
« Xavier a dû se rendre compte qu'il avait laissé des choses sur le site qu'il souhaitait faire disparaître. Et il a tout nettoyé », confiait ce collègue au Nouvel Obs.
Le père de famille aurait-t-il pu flouer d’autres personnes de la sorte ?