De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Lundi 9 septembre débutait la deuxième semaine du procès ultra-médiatisé des viols de Mazan. Coup de théâtre : avant même que l'audience ne débute,alors que c'était au tour du principal accusé, Dominique Pélicot de passer sur le gril, il a quitté la salle à la surprise générale pour rejoindre l'infirmerie de la prison où il est placé en détention provisoire.
Son avocate, Isabelle Crépin-Dehaene, avait annoncé dès le début des débats que son client était "malade". La conseillère avait donc demandé au président du tribunal une dispense pour qu'il puisse se soigner.
Dominique Pélicot souffrirait de coliques néphrétiques
En effet, "Il souffre de douleurs intestinales et d’infection urinaire depuis vendredi soir, mais n’a pas reçu de soins", a révélé hier sa seconde avocate, Béatrice Zavarro.
Une requête acceptée, sans doute, car l'audition du "chef d'orchestre" comme il a été surnommé, nécessite qu'il soit en possession de tous ses moyens. On sait aujourd'hui qu'il est en réalité victime de coliques néphrétiques.
Isabelle Crépin-Dehaene avait dans la foulée déclaré que Dominique Pélicot serait présent "demain" (aujourd'hui), "car c'est un jour important". Mais ce mardi, il était toujours absent, le procès risquant d'être suspendu alors qu'il s'était tout de même tenu lundi.
La défense joue la carte de l'enfance traumatisée
Le principal accusé aurait vécu une enfance très difficile, a t'on appris hier.Le Midi-Libre qui suit le procès, a rapporté les déclarations recueillies par les enquêteurs.Sa mère, ayant déjà deux enfants, aurait été "abandonnée" par son mari, et aurait épousé le frère cadet de celui-ci. Deux autres fils sont nés de cette union, dont Dominique Pélicot.
Le nouveau mari avait auparavant adopté une fillette handicapée mentale, Nicole, qui déjà, aurait été abusée à l'époque. Une avocate de la défense demande à une psychologue présente à la barre :
- "Il a été dit dans la procédure que des hommes venaient au domicile pour abuser de Nicole. Est-ce un effet miroir ?"
- "Si ces faits sont avérés,c’est pour un enfant un événement traumatique, qui peut favoriser le besoin de répéter quelque chose." répond la professionnelle de santé.
Des histoires entre réalité et fantasme ?
En plus des faits d'agression sexuelle que nous vous révélions hier,Le Midi-Libre nous relate que Dominique Pélicot a déclaré qu'alors qu'il n'avait que 13 ans et était apprenti sur un chantier, des ouvriers avaient violé une femme puis plaqué le visage de l'adolescent sur le vagin de la victime. Vérité ou fantasme ?
Il affirme que c'est à l'âge de 19 ans qu'il a découvert la sexualité avec Gisèle, qu'il décrit comme "une sainte". "Elle m’a fait oublier tout ce que j’avais vécu avant". Mais son "appétit" devenu démesuré n'était pas partagé. "Elle m’a souvent dit que j’étais trop vert. Moi, c’était dans n’importe quelle situation, n’importe quel endroit, c’est ça qui était excitant pour moi."
Un profil terrifiant dépeint par les experts psychiatres
Mais tous ces arguments sur l'enfance et la frustration n'ont pas convaincu les experts. Avocat de la partie civile, Me Renaud Camus souligne qu'ont découlé des fantasmes de Dominique Pélicot "des pénétrations sur une personne inerte, mais aussi des choses absolument terribles, avilissantes et humiliantes."
- "Cela renvoie à la volonté de dominer totalement, d’avoir les pleins pouvoirs, et peut-être à des fantasmes de nécrophilie", reprend la psychologue.
- "Nous sommes dans une affaire où la dimension sexologique est au moins aussi importante que la dimension psychiatrique" insiste le célèbre psychiatre et expert reconnu Paul Bensussan.
Après avoir énuméré toutes ses pathologies comme la somnophilie, le voyeurisme, le fétichisme, le candaulisme ou sadisme sexuel, explique Le Midi-Libre, Paul Bensussan constate : "c’est tout à fait exceptionnel d’avoir autant de paraphilies chez un même individu."
Détail incroyable, la ville de Mazan abrite un château ayant appartenu au marquis de Sade. Ce qui fait dire à l'expert : "Il est difficile de filmer de façon plus humiliante la femme qu’on aime. C’est ici l’égocentrisme poussé à son maximum. Le besoin d’assouvir ses envies a aboli la barrière que constitue l’amour pour sa femme."
Un avocat des autres accusés ose "avec son côté manipulateur, beaucoup d’accusés expliquent qu’ils n’ont pas compris ce qui allait se passer, que c’était un viol..."
Ce à quoi Paul Bensussan rétorque : "je n’arrive pas à comprendre que dans les 70 personnes qui sont passées à Mazan, il n’y en ait pas un qui ait appelé la police. On a Dominique Pélicot en chef d’orchestre, mais on a aussi la banalité du mal, décrite par Hannah Arendt. Un homme à qui on offre une femme va parfois profiter de l’occasion. C’est une réalité anthropologique."
Le procès prendra une autre tournure quand Dominique Pélicot sera apte à comparaître.