Comme chaque année, pompiers et facteurs frappent aux portes pour vendre leurs traditionnels calendriers. Ces petits gestes, à première vue anodins, s’inscrivent dans une longue tradition de solidarité et de...
Séducteur, manipulateur, maître du poison et arnaqueur, Charles Sobhraj a plusieurs facettes. Son nom ne vous dira sûrement rien car il est tombé dans l’oubli au fil des années, mais il fut l’un des tueurs en série français les plus prolifiques des années 1970. Toujours vivant, emprisonné au Népal, le Français est désormais âgé de 77 ans et est revenu sur le devant de la scène ces derniers mois grâce à une série télévisée diffusée par Netflix. Baptisée Le Serpent, elle retrace son parcours entre manipulation et meurtres diaboliques, sur fond de trafic de pierres précieuses.
Le Serpent : des vols aux quatre coins de la planète
En tout, Charles Sobhraj est connu pour avoir empoisonné, dépouillé et souvent assassiné au moins une douzaine d'individus, tous des Occidentaux, lors de leur voyage en Asie, dans les années 1970. Né d’une mère vietnamienne et d’un père indien, le jeune Charles acquiert la nationalité française dans les années 1950, après avoir été adopté par le second mari de sa mère, un Français. Il commence à faire parler de lui au début des années 1960, à seulement 19 ans, en étant emprisonné trois ans pour cambriolage à Paris.
À peine sorti de prison, il rencontre sa première femme, avec laquelle il s’envole pour l’Inde dans les années 1970. Charles Sobhraj continue ses larcins et vole des touristes, allant jusqu’à prendre en otage une danseuse américaine, ce qui l’enverra une nouvelle fois en prison. Parvenant à s’échapper, il quitte le pays pour l’Afghanistan, où il sera une nouvelle fois emprisonné pour vols, ce que ne supporte plus sa femme, qui rentre en France avec leur fille. C’est à ce moment-là, en plein milieu des années 1970, alors qu’il a 31 ans, que le voleur va se transformer en « Serpent »…
Le Serpent : son scénario diabolique pour piéger ses victimes
En 1975, Charles Sobhraj a peaufiné son mode opératoire. Il charme ses victimes, les drogue puis les tue avant de leur voler leurs effets personnels et plus précisément leur passeport et argent. Le « Serpent » n’est pas seul pour mettre en place son scénario diabolique, puisqu’il a fait la rencontre d’une femme – la Canadienne Marie-Andrée Leclerc, qu’il a placée sous son emprise – avec laquelle il s’envole pour la Thaïlande.
Sur place, le couple s’octroie les services d’une troisième personne, Ajay Chowdfury, souvent décrit comme l’homme de main de Charles Sobhraj. Sous différents pseudonymes – notamment Alain Dubois ou Roland Liser – le Français se fait passer pour un vendeur de bijoux et héberge les touristes mis en confiance dans sa maison de Bangkok. Il se contente alors de droguer et dépouiller ses victimes, mais commet son premier meurtre en octobre 1975, avant de monter crescendo. Toutes les victimes qui suivent sont tuées par le Serpent, parfois frappées, étranglées ou brûlées vivantes. Les affaires se multiplient et les Thaïlandais commencent à parler des « meurtres en bikini ».
En tout, ils réussissent à piéger huit personnes et à en tuer cinq en Thaïlande. Ils utilisent ensuite les passeports et l’argent de leurs victimes pour voyager à travers l’Asie, puis retournent en Inde. C’est là-bas que le tueur se fait arrêter, après des mois à agir dans l’ombre, à cause d’un appât du gain trop important…
Le Serpent : un appât du gain qui lui coûte sa liberté
Séparé de son « homme de main », le couple s’installe en Inde, où il se tient tranquille avant de reprendre sa combine de plus belle, dès le mois de juillet. C’est à ce moment-là qu’il rencontre une vingtaine d’étudiants français, venus célébrer la fin de leurs études lors d’un voyage en Inde. Charles Sobhraj ne résiste pas à l’opportunité de les dépouiller et les empoisonne, sous couvert de leur donner un médicament contre la dysenterie, mais ce dernier agit bien trop vite. Les jeunes hommes tombent comme des mouches dans le hall de l’hôtel, ce qui met vite la puce à l’oreille des autorités indiennes… Il ne leur faudra pas longtemps pour remonter jusqu’au couple diabolique et procéder à son arrestation.
Condamné à douze ans de prison, Charles Sobhraj retourne en France en 1997, où il monnaye sa notoriété. Il vit ainsi jusqu’en 2003, année où il se rend au Népal pour un projet professionnel. Il ne sait pas que le piège va se refermer sur lui. Soupçonné de deux meurtres en 1975 dans le pays, il est arrêté, reconnu coupable et condamné à la prison à perpétuité, soit 20 ans de réclusion. En tout, neuf meurtres connus lui sont attribués, dont cinq en Thaïlande, deux au Népal et deux en Inde, en moins d’un an.
Crédit photo : ©AFP