Face à la montée des cyberattaques, le FBI et la CISA recommandent d’arrêter d’envoyer des SMS entre utilisateurs d'iPhone et d'Android. Un conseil qui ne vise pas seulement les Américains mais tous les...
Les enquêteurs n'auront rien lâché. Après avoir mené d'intenses et harassantes fouilles à divers endroits en fonction du parcours indiqué par le GPS de Samel Gonin, principal suspect dans le meurtre, désormais, de Lina, il ont fini par retrouver le corps de l'adolescente, grâce au même appareil.
Pas d'accusé, pas de procès, mais une autopsie
Celui-ci gisait depuis plus d'un an dans un bois de Sermoise-sur-Loire, dans la Nièvre, immergé ou en partie dans un cours d'eau, en contrebas d'un talus. L'homme de 42 ans s'étant suicidé en juillet dernier, emportant son secret avec lui, seule l'autopsie pourra nous en apprendre plus sur la fin malheureuse des évènements, puisqu'il n'y aura pas de procès en raison de cet acte jugé très troublant à l'époque.
Les parents, via leur avocat, ont indiqué ne pas vouloir s'exprimer pour l'instant, ce qui est compréhensible. Une autopsie aura lieu dans les prochains jours pour tenter de connaître notamment les causes de la mort de Lina, mais peut-être aussi d'autres éléments, Samuel Gonin restant présumé innocent.
Aussi, nous avons demandé l'avis du docteur Michel Debout, médecin légiste au CHU de Saint-Etienne, pour essayer d'entrevoir ce que cette autopsie pourrait nous apprendre. Avant de répondre à nos questions, il a tenu à réagir.
Michel Debout : je tiens à faire une remarque générale. La principale épreuve pour les parents dans un cas comme celui-ci, ce n'est pas la mort de l'enfant, c'est sa disparition. C'est la pire situation que l'on puisse connaître. Cela ne veut pas dire que la mort les soulage, mais le fait de ne pas savoir ce qui lui est arrivé peu rendre fou. J'ai connu des gens qui ont cherché le leur pendant des dizaines d'années en faisant le tour des services médico-légaux, complètements démunis.
"Cest encore une fois l'ADN qui a donné la solution"
Planet.fr : quelles sont vos premières impressions sur cette découverte macabre ?
Michel Debout : c'est encore fois l'ADN qui a donné la solution. Les enquêteurs ont fait un boulot formidable, surtout en suivant le parcours de la voiture - de Samuel Gonin, dans laquelle le profil génétique de Lina avait été identifié - je leur dis "bravo". Ils ont retrouvé le jour et l'heure correspondant à l'endroit où était effectivement le corps.
Planet.fr : justement, est-ce que l'autopsie permettra de dater la mort de Lina ?
Michel Debout : en médecine légale on ne peut dater la mort qu'approximativement et plus l'on s'éloigne du moment du décès plus cette approximation grandit. Ici, cela va dépendre de l'état de conservation du corps.
Planet.fr : si celui-ci est resté tout ce temps dans l'eau, est-il possible qu'il ne soit pas entièrement décomposé ? Peut-ont disposer du bol alimentaire ?
Michel Debout : oui si le corps n'est pas trop endommagé on peut encore retrouver le bol alimentaire. Il semble que Lina n'ait pas été découverte dans une eau "mouvante" mais plutôt une zone marécageuse, donc son corps peut être en bon état. S'il s'agissait d'un fleuve par exemple, on y trouverait des lésions de "charriage" suite à des chocs avec des rochers, des branches... L'autopsie devra pouvoir faire la différence entre ces éventuelles lésions de charriage et des liaisons pré-mortem (subies avant le décès).
"Je ne pense pas que le corps ait beaucoup bougé"
Planet.fr : autrement, le corps a-t-il pu bouger naturellement durant toute cette année (intempéries...) ?
Michel Debout : je ne pense pas que le corps ait beaucoup bougé. En fonction de ce que l'on sait sur les lieux de la découverte. Et même si ça a été le cas sur quelques mètres, ce n'est pas ça qui va "traumatiser" le corps. D'ailleurs, si les enquêteurs l'on retrouvé à cet endroit, c'est qu'ils avaient de bonnes raisons de s'y rendre.
Planet.fr : on en revient à la date de la mort...
Michel Debout : oui et aux données GPS qui mènent à ce cours d'eau. Après ses méfaits, le suspect a dû chercher un coin sauvage pour y déposer le corps. C'est forcément au même moment que s'y trouvait la voiture. Il y a une vraie cohérence.
Planet.fr : que peut-on attendre de l'autopsie du corps d'une jeune fille de 15 ans ?
Michel Debout : c'est normalement comme pour une adulte, en principe elle a fait sa puberté. Dans ce genre de cas criminels, on cherchera toujours s'il y a ou pas eu une grossesse. Même si ça semble peu probable ici, ça peut expliquer un suicide comme un meurtre. Et la grossesse ménera au père, qui ne sera pas forcément le coupable. Mais ça peut faire avancer une enquête.
Planet.fr : l'autopsie pourra-t-elle déterminer les causes dans ce la mort ?
Michel Debout : on va sans doute retrouver des marques évidentes de traumatismes pré-mortem, qui donneront un éclairage sur les causes : coups, étranglement, coups de couteau, blessure(s) par balle(s), on se sait pas encore.
Planet.fr : si le corps a totalement été immergé pendant un an, peut-il avoir été retrouvé à l'état de squelette ?
Michel Debout : c'est difficile à dire. Nous venons de subir une année marquée par de fortes précipitations, la région a sûrement de nombreux prédateurs qui ont pu s'attaquer au corps, on ne peut pas se risquer à ce genre d'hypothèse sans certitude.
Planet.fr : les vêtements de Lina malgré l'immersion peuvent-ils toujours présenter des traces ADN ?
Michel Debout : oui, les traces biologiques se maintiennent. C'est surtout le feu qui les détruit. Mais la situation est encore aléatoire. On cherchera aussi des traces de sperme, des traces de viol. Toutefois, des traces de sperme ne voudraient pas forcément dire qu'il y a eu viol. Ce serait un indice à exploiter.
Planet.fr : un an après il est possible de retrouver des traces de sperme ?
Michel Debout : oui, si c'est sur une partie du corps encore protégée. Mais je ne sais pas si le corps a été retrouvé dénudé, s'il avait des liens aux bras, aux pieds. L'enquête le déterminera. Le plus important encore une fois sera d'identifier les lésions pré-mortem, les lésions mortem, ou les lésions post-mortem, et bien faire la différence entre les trois.