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C’est « l’autre affaire Jubillar » dont vous n’avez peut-être pas entendu parler. La disparition de Lesline Ravel. Les similitudes entre les deux affaires sont troublantes. Deux femmes qui disparaissent, en décembre 2018. Deux maris aujourd’hui derrière les barreaux, soupçonnés de les avoir tuées. Deux corps jusqu’ici introuvables.
Le 31 décembre 2018, Hervé Ravel signale la disparition de sa femme, Lesline, une caissière de supermarché de 39 ans, à la gendarmerie de Brive-la-Gaillarde (Corrèze). Il explique que la veille, ils se seraient disputés chez eux, à Lascaux. Lesline serait alors partie dormir chez sa belle-sœur. Les deux enfants du couple confirment. Sauf que la mère de famille ne serait jamais revenue.
Le 2 janvier, sa voiture est retrouvée, accidentée, dans un ravin. Plus loin, dans le bois, des chiens pisteurs retrouvent un stick à lèvres, un blouson, un pantalon et une protection hygiénique usagée lui appartenant. Mais toujours aucune trace de Lesline.
Une enquête est ouverte, et les gendarmes vont s’intéresser de près à la vie du couple. Ils découvrent que les relations étaient loin d’être au beau fixe entre Hervé et Lesline. Du propre aveu du mari, les deux se querellaient beaucoup, et très violemment, sur fond d’alcool. L’homme avoue même qu’il assène « des grosses tartes » à sa compagne lorsqu’elle lui balance des objets à la figure.
Surtout, les enquêteurs apprennent que Lesline, lassée de cette violence, voulait divorcer.
Disparition de Lesline Ravel : le téléphone au cœur de l’enquête
Le soir de sa disparition, Hervé Ravel aurait tenté de joindre sa femme à plusieurs reprises : à 17h10, à 19h22, et à 21h31, soit environ toutes les deux heures. Le lendemain, il l’appelle à nouveau, à 10h55. Sauf qu’entre le 30 décembre, à 22h54, et le 31 décembre, à 8h25, soit peu avant que l’homme ne vienne signaler la disparition de Leslie, le téléphone de la jeune femme est soudainement intraçable.
Disparition de Lesline Ravel : les aveux du mari
Pendant ce temps, les recherches se poursuivent, à la recherche de la disparue. En vain.
Un an et demi après la disparition de Leslie, les enquêteurs, qui pensent disposer d’assez d’éléments troublants, convoquent son mari à la gendarme. Le 10 mai 2021, Hervé Ravel débarque sur place, ivre. Il affiche un taux de 0,88 mg d’alcool par litre d’air exprimé. Il est placé en cellule de dégrisement, avant d’être interrogé, aux alentours de 16 heures.
Cet ouvrier en mécanique de 45 ans cache pas ses problèmes de couple. Mais il nie le meurtre. L’interrogatoire se poursuit, tard dans la nuit. Les gendarmes sont déterminés. Peu avant 1 heure du matin, Hervé commence à craquer, épuisé. Le lendemain, il avoue. Il raconte s’être bagarré avec Lesline le soir des faits. Après l’avoir empoignée, elle serait tombée en essayant de se débattre, se tuant sur le coup. Hervé Ravel aurait ensuite chargé le corps de sa femme dans sa voiture, avant de le déposer dans une forêt des environs.
A l’issue de sa garde à vue, il est mis en examen pour « meurtre aggravé » et placé en détention provisoire.
Disparition de Lesline Ravel : les derniers rebondissements
Mais son inculpation ne signe pas la fin de l’enquête pour autant. Lorsque, dans la foulée de ses aveux, les enquêteurs se rendent dans la forêt indiquée par Hervé Ravel avec ce dernier, ils ne retrouvent aucun corps, seulement des ossements d’animaux. Le suspect leur aurait-il menti ?
Dans la voiture du père de famille, on effectue également des prélèvements. Et si du sang est bien retrouvé, il ne s’agit pas de celui de Lesline, mais bien de celui du fils du couple.
Le 13 juillet, lors d’une audition devant le juge, coup de théâtre : Hervé Ravel revient sur ses aveux. Il explique que ses déclarations en garde à vue sont le résultat de sa fatigue, et d’une enquêtrice qui l’aurait « poussé à bout ».
Il a déposé depuis plusieurs demandes de remise en liberté.
L’enquête, elle, piétine. Mais pour Me Michel Labrousse, l’avocat des proches de Lesline, il ne fait pas de doute : c’est bien Hervé Ravel le coupable, un homme qu’il décrit comme « fourbe et sournois » dans les colonnes du Parisien. « « En matière criminelle, les aveux sont toujours la reine des preuves », explique-t-il dans les colonnes du journal, avant d’ajouter : « Jamais il ne dira où est le corps. Mais il sait très bien où il se trouve ».
Un mari suspect, une femme qui voulait divorcer un manque de preuves, un corps introuvable… Cette affaire de disparition ressemble en tout points à l’affaire Jubillar, qui tient la France en haleine depuis un an et demi. « C’est un dossier identique, sauf qu’il ne fait pas la Une », reconnaît Me Michel Labrousse. Du moins, pas encore...