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En février 1995, il fait froid et il neige à Saint-Jean-de-la-Maurienne, une commune des Alpes qui accueille, à l’époque, de nombreux ouvriers italiens. La plupart vivent dans de modestes masures, où ils s’entassent parfois à plusieurs familles.
Le 24 février, c’est une journée ordinaire chez les Castrignano, les Rotella, et les Costa, trois familles originaires de la Calabre, qui occupent une bâtisse datant du XIVème siècle. Mais en pleine nuit, le couple Castrignano est réveillé en sursaut par un bruit sourd : on frappe violemment à la porte de leur chambre.
Le père de famille se lève et ouvre : il n’y a personne. Interloqué, mais fatigué, il retourne se coucher. Sauf que quelques minutes plus tard, on pousse des cris à l’étage de la maison. Le couple Rotella explique qu’ils ont, eux aussi, entendu quelqu’un frapper à la porte de leur chambre. Pire, ils auraient ensuite vu des objets voler.
Bruits sourds et objets qui volent
Le lendemain, les phénomènes étranges se poursuivent : dans la cuisine, les casseroles se renversent, un tabouret et le buffet se mettent à bouger tout seuls. Les coups aux portes se répètent.
Dans l’habitation, les trois familles ont de plus en plus peur. Ils décident alors d’en parler au maire du village, ainsi qu’à la police, et au curé. Rapidement, toute la commune est au courant. Les voisins, même, vont confirmer entendre de nombreux bruits sourds.
Le prêtre bénit les lieux, mais rien n’y fait. Le soir venu, le bal des objets reprend. Un correspondant du Dauphiné, qui s’est déplacé sur place, verra même le tabouret bouger sous ses propres yeux. Même chose pour l’ancien maire de Saint-Jean, qui décide de se rendre au chevet des habitants, choqués : il témoignera avoir vu des objets « voler » dans toutes les pièces.
Dans le village, la question est bientôt sur toutes les lèvres : y-a-t-il un fantôme chez les Costa ?
La veillée
Les plus rationnels essaient de trouver des explications aux évènements. Peut-être qu’à cause des pluies et de la neige, les fondations de la bâtisse, qui est vieille de plusieurs siècles, se sont mises à bouger. Le risque, c’est alors que la maison s’effondre.
Le 26 février, deux jours après les premiers phénomènes, le maire décide de faire évacuer la maison.
Mais avant de mettre les occupants à l’abri, l’édile décide, accompagné du prêtre et de quelques personnalités de la commune, de passer la nuit dans l’étrange demeure, pour tenter de comprendre ce qu’il s’y passe. Un magnétophone est enclenché, pour enregistres les moindres bruits…
Mais les heures passent, et rien. Tout ce petit monde, soulagé, s’apprête alors à déguerpir, lorsque, soudain, un choc terrible retentit dans la cuisine. Les verres sont propulsés à travers la pièce, ainsi que le broc d’eau. La table se soulève, les bouteilles bondissent et la vaisselle se brise en mille morceaux… La pièce entière semble possédée par un esprit malveillant et décidemment très actif.
Teresa Costa, l’une des femmes de la maison, âgée de 24 ans, est si nerveuse qu’elle tombe en syncope. Lorsque le docteur l’examine, il remarque que la jeune femme est d’une raideur anormale, proche de la catalepsie.
Dans le village, une nouvelle rumeur se propage : est si cette italienne était une sorcière, à l’origine de ces curieuses manifestations ?
Une nouvelle maison, de nouveaux phénomènes inexpliqués
Définitivement terrorisés, les trois couples de la bâtisse « hantée » déménagent dans une autre demeure, dans le quartier du Moulin des Près.
Mais contre toute attente, là-bas aussi, les phénomènes se reproduisent. Toujours les mêmes bruits de coups, les mêmes déplacements d’objets, la même violence. Et toujours la jeune Teresa, au bord du malaise.
Pointée du doigt par ses colocataires, elle finit par s’exiler à Saint-Julien-de-Maurienne avec son mari et ses enfants.
L’ordre finit par revenir à Saint-Jean. Mais à Saint-Julien, où les esprits semblent avoir suivi Teresa, c’est une autre histoire…
Le 2 mars, curieux et notables se rendent alors à leur tour chez les Costa. Sur place, c’est la gabegie. Teresa est tétanisée, et les objets volent à tout va. Lorsqu’un invité tente d’intercepter un meuble ou de la vaisselle, la jeune femme est victime de tremblements atroces.
Le lendemain, la décision est prise de l’emmener consulter un psychiatre, à Chambéry. Ce dernier lui prescrit un séjour à l’hôpital, et beaucoup de repos.
Mais rien ni personne n'est en mesure d’expliquer ce qu’il se passe chez la famille Costa.
Qui est vraiment Teresa Costa ?
Intrigué, un reporter du Dauphiné Libéré décide d’enquêter sur cette affaire sordide.
Il rencontre Teresa, très affaiblie. Elle ne mange ni ne dort presque plus. Elle passe ses journées au lit, à crier ou gémir, crucifix en mains.
Très croyante, la jeune calabraise, arrivée en France en 1954, ne parle pas encore le français. Elle a suivi ici son mari, ouvrier, avec leurs deux enfants. Plus jeune, Teresa assurait qu’elle avait vu Saint-Joseph en rêve, et que ce dernier lui aurait indiqué où trouver un trésor. Depuis, les apparitions de saints dans ses songes seraient courantes.
Le journaliste du Dauphiné va également aller à la rencontre des 37 témoins de ces étranges phénomènes. Tous racontent les mêmes scènes. Tous sont encore fébriles, choqués par ce qu’ils ont vu.
N’importe quel lieu semble pouvoir devenir hanté en la présence de Teresa. Certains assurent même qu’elle aurait appris à « contrôler » son étrange pouvoir.
La malédiction de Teresa
Quelques jours plus tard, Isma Visco, un illusionniste qui a eu vent de l’affaire se rend à Saint-Julien. Il compte bien prouver aux habitants que cette histoire est une supercherie.
Il propose alors un « marché » à Teresa : si celle-ci parvient à faire bouger des objets devant lui sans qu’il réussisse à prouver qu’il s’agisse d’une illusion, il remettra à la ville un million de francs.
La jeune femme accepte. Elle veut prouver à ses voisins qu’elle n’est pas une menteuse et une escroc. Mais le jour de la confrontation, rien ne se passe. Aucun objet ne bouge. Teresa accuse Isma Visco de « lui jeter un sort ».
M. Fantgauthier, un Lyonnais fasciné par les phénomènes paranormaux et le président de la Société d’Etudes Psychiques et Spirites, va confier au Dauphiné Libéré ce qu’il pense être réellement la cause des « dons » de Teresa. Il explique qu’au XVIIIème siècle, la première maison de Saint-Jean où vivait la jeune femme, était occupée par deux vieux hommes pingres, qui auraient un jour refusé l’asile à un badaud. Devant l'insistance du voyageur, l’un des deux vieillards l’aurait alors frappé à mort avec un gourdin, et il aurait été enterré dans la cave. Pour M. Fantgauthier, c'est son esprit malheureux qui se serait logé dans le corps de l'innocente Teresa lorsque celle-ci vivait dans la bâtisse.
Personne n’a jamais vérifié cette théorie, et la cave de la maison maudite n’a jamais été fouillée à la recherche d’un squelette. Teresa est finalement retournée en Calabre, laissant derrière elle de nombreux mystères…