
Quatre mois après le verdict du procès des viols de Mazan, l’ancienne maison de Dominique et Gisèle Pelicot laisse une cicatrice dans le cœur des habitants due ce village du Vaucluse.
Fabrice Brault est détective privé depuis bientôt trente ans. Dans son livre Profession détective, il dévoile les coulisses d'une profession entourée de mystères et de clichés. Mari jaloux, femme trompée, surveillance qui dure des heures... Ce qu'on voit dans les films n'est pas forcément la réalité du terrain. Après de nombreuses années à mener des enquêtes financières - à la recherche des mauvais payeurs par exemple - Fabrice Brault a pris une voie bien différente. Désormais, il aide les personnes en recherche d'origine, notamment les enfants nés sous X, à retrouver leurs parents biologiques. Une facette du métier où l'humain prime sur tout le reste et où il est compliqué de ne pas s'attacher... Rencontre.
Fabrice Brault. Je suis arrivé dans le métier par les recherches financières, en répondant à une annonce. Pendant des années ça a été mon coeur de métier, tout en faisant d’autres filatures à côté. L’enquête et l’adrénaline m’intéressaient, puis une expérience m’a fait comprendre que la recherche de personne était tout à fait envisageable. Je me suis rendu compte que j’avais besoin d’humain, que je voulais être utile à des proches qui souffrent, donc j’ai pris une nouvelle orientation. Je voulais aussi voler de mes propres ailes en m’installant à mon compte, donc j’en ai profité pour prendre ce virage bien plus humain.
Fabrice Brault. La recherche des origines me tient à cœur, mais j’aime bien varier mes activités. Je fais aussi de la surveillance ou de la filature : des contrôles d’arrêt maladie abusif, de l’adultère, de la concurrence déloyale… Je peux aussi rechercher des héritiers pour une succession. Je parle beaucoup de généalogie dans mon livre, mais j’ai aussi besoin d’aller sur le terrain. En réalité, j’accepte tout type de demande du moment qu’elle répond au code de déontologie de la profession : légalité, légitimité et moralité. Par exemple, une personne qui me demande de surveiller le mari de sa voisine parce qu'elle pense qu'il la trompe... C'est non. Il faut qu'il y ait un lien de parenté ou une procédure en cours pour accepter une affaire.
Fabrice Brault. Dès que je vois qu’une personne est instable, pas prête à retrouver ses parents biologiques par exemple, je refuse. Il y a un point important à ne pas oublier : quand on recherche une tierce personne, on a besoin d’obtenir le consentement de la personne recherchée pour donner le rapport au demandeur, car toute personne majeure a le droit de disparaître en France.
Fabrice Brault. Les tests ADN sont illégaux en France, mais la loi m’autorise à analyser les résultats. Je préviens bien mes clients que c’est illégal ! Pour tout ce qui est recherche d’origine, même sans naissance sous X, l’ADN est l’outil qui a le plus révolutionné le métier, parce qu’il ne ment jamais. Les bases de données génétiques sont de plus en plus remplies, mais on est encore très frileux sur la question en France.
Fabrice Brault. La loi en France n’oblige pas une mère à fournir un papier d’identité quand elle vient d’accoucher sous X. Il est donc impossible, même pour une assistante sociale, de savoir si la mère dit vrai ou non. Avec les associations de personnes nées sous X nous demandons un recueil systématique de l’identité de la mère. On estime que le droit de l’enfant prime et que la recherche d’origine doit primer.
Fabrice Brault. Dans une recherche familiale, c’est difficile quand une personne nous dit qu’on est son dernier espoir et qu’au final la personne retrouvée ne donne pas son consentement pour qu’on livre le rapport à notre client. Quand la porte se referme une deuxième fois, les enfants nés sous X ressentent un nouvel abandon. C’est compliqué quand il y a ce refus, mais aussi quand la personne qu’on cherche depuis des années est décédée peu de temps avant par exemple. C'est encore pire lorsqu'elle-même recherchait aussi l'autre personne depuis des années. Au final, on n’a que des regrets.
Fabrice Brault. Effectivement, la surveillance et la filature font partie de notre métier. Le plus compliqué est de rester éveillé durant des heures, parfois dans le froid, dans sa voiture. Pendant une surveillance, je me suis endormi seulement cinq minutes et la voiture devant moi – qui m’intéressait – était partie quand je me suis réveillé…
Fabrice Brault. La profession est très réglementée. Il y a actuellement quatre écoles de détectives qui existent en France, au sein desquelles on étudie les méthodes de surveillance, l’aspect de la généalogie etc. Il y a beaucoup de besoins en matière de surveillance, notamment du côté de la justice. L’objectif de notre métier est l’administration de la preuve dans le cadre d’une procédure judicaire, donc on aimerait que notre profession soit de plus en plus utilisée.