De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Depuis lundi 31 janvier 2022, Nordahl Lelandais, 38 ans, comparaît devant la cour d’assises de l’Isère à Grenoble pour l’enlèvement, la séquestration et le meurtre de la petite Maëlys de Araujo, 8 ans. Un procès aussi attendu que redouté, notamment pour la famille de la fillette, qui souhaite des réponses aux questions que l’enquête n’a pas permis de répondre.
De la fête au drame
Pendant plusieurs jours, les débats se sont d’abord penchés sur la personnalité de l’accusé, et sur sa curieuse vie en prison. Avant de se concentrer, dès jeudi 3 février, sur les faits.
Le 27 août 2017, Nordahl Lelandais enlève Maëlys, alors que la fillette assistait à un mariage avec sa famille dans une salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin, en Isère. Six mois plus tard, acculé par une trace ADN retrouvée dans sa voiture, il avoue et mène les enquêteurs au “tombeau” de Maëlys, un endroit escarpé en pleine montagne.
A la barre, les enquêteurs ont tenté de reconstituer, minute par minute et grâce aux témoignages recueillis pendant l’enquête, la tragique soirée qui a mené au drame, et sur les six mois d’attente qui ont suivi.
00h20 : Le "monsieur aux chiens”
Ce soir-là, il est minuit vingt lorsque Nordahl Lelandais refait son apparition à la salle des fêtes, après s’être absenté pour, selon ses dires, aller chercher de la drogue. Quelques minutes plus tard, il est aperçu en train de chanter, sur la scène. Il part ensuite consommer de la cocaïne aux toilettes, accompagné de deux amis.
Pendant ce temps, Maëlys parle à sa maman du “monsieur aux chiens”. Intriguée, Jennifer de Araujo se rend à la table des mariés, où Nordahl leur montre alors des photos de ses deux malinois, sur son portable.
1h40
A cette heure-là, des témoins racontent qu’ils aperçoivent Maëlys en train de “chahuter” dans la salle des enfants avec un monsieur qu’elle appelle “tonton”.
Vingt minutes plus tard, un autre invité les aperçoit tous deux sur le parking des lieux, avant de les voir repartir vers la salle, chacun empruntant une entrée différente, à la demande de Nordahl.
2h26 : la fête bat son plein
Maëlys joue au ballon sur le parking, pied-nus, insouciante. Alors qu’elle part récupérer la balle sous l’escalier de la porte de service, la voiture de Nordahl est déjà stationnée devant, en marche arrière. Il semble attendre derrière le volant, prêt à partir.
2h39
Les grands-parents de Maëlys décident-ils de quitter la fête. La fillette doit dormir chez eux. Mais elle s’amuse, et insiste pour rentrer plus tard avec ses parents. Ils acceptent, et l’embrassent une dernière fois.
2h45
La fillette est dans la salle des adultes, à quelques mètres de ses parents. Un couple lui dit au revoir. Elle est ensuite aperçue en train de remettre ses chaussures.
2h46 minutes et 53 secondes : la disparition
La soirée bat son plein, les invités dansent sur la piste. Le DJ passe « Cotton Eye Joe », une chanson que la petite Maëlys adore. Sa maman se met alors à la chercher du regard, mais elle ne la trouve pas. Le cauchemar commence.
À 2 heures 46 minutes et 12 secondes, alors qu’il s’apprête à quitter la salle des fêtes avec la petite à son bord, Nordahl Lelandais passe son téléphone en mode “avion”.
Deux minutes plus tard, sa voiture apparaît pour la première fois sur les caméras de vidéosurveillances de Pont-de-Beauvoisin. C’est d’ailleurs ce cliché qui le va le confondre définitivement aux yeux des enquêteurs. La photo, glaçante, a été projetée dans la salle d’audience. On y distingue la silhouette de Maëlys dans sa robe blanche, recroquevillée contre la portière de la berline. La grand-mère de la fillette a d’ailleurs quitté la salle, en pleurs.
Les mystérieuses photos supprimées
La présidente de la cour a interrogé l’accusé sur ce cliché : “A ce moment-là, elle ne pleure pas ? Elle ne demande pas à retourner à la salle des fêtes ?". “Pas du tout”, lui répond Nordahl Lelandais. Pour lui, Maëlys se serait mise à pleurer “dans les trois minutes qui ont suivi”. “C’est là qu’elle a reçu des coups ?” lui demande la Présidente. “Oui madame”, a rétorqué l’ancien maître chien.
Le lendemain matin, Nordahl Lelandais supprime sur son téléphone des dizaines de photos et vidéos prises entre juin et août 2017, dont certaines la nuit même des faits. Les enquêteurs ne parviendront pas à les récupérer auprès d’Apple.
Il va aussi se rendre dans une station service et s’employer à laver méticuleusement sa voiture, particulièrement le coffre et le siège passager, pendant près de deux heures.
La découverte du corps
Six mois plus tard, le 14 février, Nordahl Lelandais est définitivement acculé par une trace ADN, retrouvé dans sa voiture malgré le nettoyage minutieux, après des semaines d’analyses.
Lors d’une audition, il avoue avoir tué la fille “involontairement”, et mène les gendarmes à l’endroit où il aurait déposé le corps.
Les chiens de la gendarmerie feront le reste. Ils retrouvent le corps de Maëlys, sous des grosses pierres, dans un trou. Elle est en position foetale. Des vêtements, déchirés et “particulièrement souillés”, ainsi que des mèches de cheveux lui appartenant seront retrouvés les jours suivants. Rien ne permettra pourtant de savoir de quoi la fillette est décédée, et si elle a subi des violences sexuelles. Le procès doit désormais se pencher sur ces questions.