Affaire Maëlys : ces 5 zones d'ombre qui seront au cœur du procès AFP
Du 31 janvier au 17 février, Nordahl Lelandais comparaitra devant les assises de l'Isère pour le meurtre de la petite Maëlys de Araujo, en aout 2017. Durant trois semaines, les audiences vont tenter de répondre à ces cinq questions, laissés en suspens par l'enquête…
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À partir de lundi 31 janvier 2021, Nordahl Lelandais sera jugé devant les assises de l’Isère, à Grenoble, pour l’enlèvement, la séquestration et le meurtre de la petite Maëlys de Araujo, cinq ans après le drame du 27 août 2017. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Les audiences s’étaleront sur trois semaines, jusqu’au 17 février. Et pour cause : le dossier, fort de cinq ans d’enquête, est gargantuesque, et comporte encore de nombreuses zones d’ombres.

Tout au long de l’instruction, l’accusé n’a eu de cesse de changer de version, ou plutôt d’adapter ses déclarations aux éléments à charge trouvés par les enquêteurs. Impossible, donc, d’arriver au procès avec les vérités qui sont pourtant chères à la famille de Maëlys : comment est morte la fillette de 8 ans ? A-t-elle été victime de violences sexuelles ? Et pourquoi Nordahl Lelandais s’en est-il pris à elle ?

Ces interrogations seront au cœur des débats pendant les prochains jours. L’ancien militaire, qui fêtera ses 39 ans le jour où le verdict est attendu, finira-t-il par faire de nouvelles révélations ?

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À quoi ont ressemblé les derniers instants de Maëlys ?

Lors de ces aveux en février 2018, six mois après la disparition de Maëlys, Nordahl Lelandais livrait une version circonstanciée de son crime. Le soir du mariage, il aurait, devant l’insistance de la fillette, décidé de l’emmener en voiture chez lui pour lui montrer ses chiens. Mais sur le trajet, Maëlys aurait commencé à pleurer. Pris de panique, il lui aurait alors porté « un, puis finalement plusieurs coups », jusqu’à se rendre compte que la fillette était sans vie.

Mais cette version ne convainc personne. « On sait que par exemple cette petite gamine a été dépouillée d’une partie de ses cheveux, qu’il y a des mèches qui ont été coupées. Les vêtements portaient des traces de lacération. Bref, je ne crois pas qu’il ait simplement kidnappé cette gamine pour, comme il l’a toujours prétendu, lui permettre d’aller voir les chiens à son domicile », explique Me Laurent Boguet, l’avocat du père de Maëlys, à Franceinfo

On ignore encore ce qu’il s’est vraiment dans cette voiture, au départ de la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin : comment Nordahl a-t-il attiré Maëlys dans sa voiture ? Combien de temps ont-ils roulé, et pour aller où ? Et pour finir, quels ont été les derniers mots de la fillette ? Un point sur lequel ses parents espèrent plus que tout obtenir des réponses lors du procès.

De quoi la fillette est-elle morte ?

Une autre question reste en suspens dans cette affaire : comment est décédée Maëlys ?

En 2018, l'autopsie du corps de la fillette ne permet pas de déterminer la cause exacte de sa mort. L'état de décomposition du cadavre, retrouvé six mois après la disparition, est trop avancé. Les experts parviennent toutefois à identifier de nombreuses fractures, notamment au niveau du crâne, toutes intervenues ante-mortem.

Lors de la reconstitution des faits organisés par la justice en septembre 2018, Nordahl Lelandais avait porté des coups répétés d’une extrême violence avec le revers de la main sur le mannequin symbolisant le corps de l’enfant. Mais rien ne permet de certifier que c’est ce qu’il s’est réellement passé.

Au vu de leurs constations, les médecins légistes auraient retenu trois théories sur la cause du décès de Maëlys, tout en n’écartant aucune possibilité.

  • La fillette aurait pu subir un traumatisme crânien suite aux coups portés par son agresseur.
  • Maëlys aurait également pu succomber à une hémorragie interne.
  • Enfin, elle aurait pu être étouffée à mort.

Quel est le mobile de Nordahl Lelandais ?

Dans l’affaire Maëlys, la recherche de la vérité s’immisce dans tous les aspects de l’enquête. Car jusqu’à aujourd’hui, on ignore encore le mobile précis des actes de Nordahl Lelandais ce fameux soir du 27 aôut 2017. Lui n’arrive pas à expliquer ce soudain accès de violent, et explique qu’il a « pété les plombs », sous l’influence de l’alcool et de stupéfiants.

Dernièrement, certains journalistes ont avancé une théorie encore plus folle, en évoquant le complot d’un réseau pédophile au sein duquel l’ancien militaire ne serait qu’un « sous-fifre ».

Mais les enquêteurs, tout comme les experts, dressent plutôt le portrait d’un homme dangereux, pervers et pédophile.

Au total, Nordahl Lelandais a été expertisé par 5 experts. Tous s’accordent pour dire qu’il est un « homme psychiquement très instable », « d’une criminologique extrêmement importante ».

Un expertise psychiatre le définit également comme pédophile. Nordahl Lelandais aurait par ailleurs un appétit sexuel insatiable, conséquence d’un « besoin de maintenir un fort niveau de tension lui permettant de se situer dans une dynamique de toute-puissance radicale, lui procurant le sentiment d’être au-delà de la condition humaine, du bien et du mal ».

Un profil qui poste indubitablement la question : l’ancien militaire a-t-il violé la fillette avant de la tuer ?

Maëlys a-t-elle été victime de violences sexuelles ?

Si le mobile du crime est d’ordre sexuel, ce dont sont persuadés la plupart des acteurs du dossier, il est fort probable que Maëlys ait malheureusement été victime, avant ou après sa mort, de violences sexuelles. Mais impossible de le savoir réellement.

L’autopsie, réalisée sur les restes humains de la petite fille en février 2018, six mois après sa disparition, n’a pas non plus permis de déceler des traces de violences sexuelles. Et si des traces de sperme ont été retrouvées sur un papier absorbant, dans la voiture de Nordahl Lelandais, rien n’a en revanche été prélevé sur les habits de la fillette, retrouvés près de sa dépouille.

Pourtant, les investigations ont bien mis en lumière l’attirance de Nordahl Lelandais pour les enfants. Des penchants pédocriminels qui seront définitivement au cœur des débats lors du procès.

Car l’ancien militaire était un habitué des sites pédopornographiques. Il en aurait même consulté… quelques heures seulement avant la disparition de Maëlys, le 27 août 2017.

Au cours de l’enquête, plus de 300 fichiers pédopornographiques ont également été exhumés de son ordinateur et de son téléphone.

Parmi eux, les enquêteurs ont même découvert de sordides vidéos qui ont permis de l’inculper dans deux autres affaires...

Les affaires dans l’affaires : que s’est-il passé avec les cousines de Nordahl Lelandais ?

Il s’agit de deux vidéos, tournées par Nordahl Lelandais lui-même à l’aide de son téléphone, et dans lesquelles on le voit agresser sexuellement ses deux petites cousines, âgées de cinq et six ans à l’époque. Les deux scènes se déroulent quelques semaines avant la disparition de Maëlys. Nordahl Lelandais avait expliqué aux enquêteurs qu’il ne différenciait plus « femmes et enfants » sous l’emprise de l’alcool et la cocaïne. Pour Me Caroline Rémond, qui représente les familles des victimes, son comportement a pourtant tout de celui d’un véritable prédateur. Dans ces vidéos, « il se filme lui-même sans filmer le visage des enfants. Il s’apprête à diffuser ces vidéos. Et c’est une des composantes de prédateurs sexuels d’une manière générale », explique l’avocate à Franceinfo.

Du visionnage de contenu pédopornographique au meurtre de Maëlys, en passant par ces agressions, le parcours de l’accusé décrit une sorte d’escalade « macabre » de la pédocriminalité, à l’issue tragique.

Devant la cour d’assises de l’Isère, Nordahl Lelandais comparaitra également pour ces deux agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans, en plus d’être jugé pour l’affaire Maëlys. Une façon pour les magistrats, qui n’ont pas pu l’inculper formellement pour le viol de la fillette, de mettre l’accusé face à ces contradictions.

L’ancien maître-chien est aussi mis en examen pour une troisième agression, sur une troisième cousine, âgée de 14 ans à l’époque des faits. Cette dernière était sortie du silence, rongée par la culpabilité, après qu’aient été révélées les agressions sur les petites cousines. « Elle s'est dit : si j'en avais parlé plus tôt la petite Maëlys serait encore en vie. Peut-être que ça ne serait jamais arrivé à mes petites cousines » a récemment confié la mère de la jeune fille à BFMTV. Nordahl Lelandais sera jugé ultérieurement pour cette affaire.