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Epargne : la menace de l’inflation
Un péril chasse l’autre : après la déflation, moins préjudiciable pour les consommateurs puisqu’elle a au moins le mérite de faire baisser les prix, c’est aujourd’hui l’inflation qui menace.
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Il suffit de passer à la pompe, de remplir son caddy dans un supermarché ou encore d’acheter un paquet de cigarettes pour constater que tout augmente, exception faite des pensions de retraite : selon l’INSEE, la hausse des prix a atteint 2,2% au troisième trimestre 2018 et devrait s’établir à 1,8% en fin d’année (si l’on retient la moyenne des 12 derniers mois). Les estimations de l’INSEE font l’impasse sur certains postes de dépenses comme les prix immobiliers ou encore le tabac et certains économistes estiment qu’elles ne fournissent qu’une idée tronquée de la réalité. La hausse des prix "réelle" serait plus proche de 3 que de 2%.
Inflation : une nouvelle catastrophique pour les épargnants ?
C’est une nouvelle catastrophique pour les épargnants. L’intérêt d’un placement financier doit être jugé selon 2 critères : son rendement et la préservation du capital investi. Pour qu’il soit intéressant, il faut que le taux d'intérêt de ce placement dépasse celui de l'inflation. Ce n’est plus le cas et les investisseurs boivent la tasse.
Pour soutenir l’économie, les banques centrales (BCE, Fed, etc.) ont fait chuter les taux d’intérêt au ras des pâquerettes. Cette baisse fait l’affaire des emprunteurs qui peuvent contracter un crédit immobilier sur 15 ans autour de 1,30% avec un taux plancher à + ou - 0,70% pour les meilleurs dossiers. En revanche, ces taux rikiki sont négatifs pour les investisseurs : pour la plupart des placements, que des clopinettes, si on fait exception des placements boursiers, très risqués.
A quoi bon ? Les promesses de rendement sont si faibles que les Français ne se donnent même plus la peine de placer leurs économies : selon le baromètre de la banque de France, près de 440 milliards d’euros dorment sur des comptes courants. Les Français ont déjà perdu 8 milliards d'euros en pouvoir d'achat depuis le début 2018 !
Epargne : le pire reste à venir
Le pire est à venir : non seulement l’argent ne fait plus de petit, mais sa valeur diminue au fil des jours. Les produits réglementés, ceux dont le rendement est fixé par l’Etat sont les premiers affectés. Exemple : le taux du livret A a été gelé à 0,75% jusqu’au 1er février 2020. Si l’on retranche de ces 0,75%, les 1,8% d’inflation annoncée par l’INSEE, le capital stocké s’érode de 1% tous les ans. Et la situation empirera dans 2 ans, puisque le nouveau mode de calcul de rémunération du Livret sera déconnecté de l’inflation dès 2020.
Autre placement réglementé, le Compte d’Epargne logement (CEL) est devenu une purge financière. Son taux de rémunération est de 0,5%. Tous les ans le capital placé est donc écorné de + ou - 1,3%. Sur 100 € placés au 1er janvier 2018, il ne reste que 98,7 € 12 mois plus tard. Et que dire du PEL ?
Epargne : tous les placements sont-ils touchés ?
Les plans ouverts depuis le 1er janvier 2018 ne rapportent que 1% et sont soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) à 30%. Fiscalité déduite, c’est 1% de pouvoir d’achat perdu tous les ans. Un comble ! Les épargnants sont confrontés à des prix au m² en hausse et à une épargne immobilière fondante. Ce n’est pas la situation idéale quand on cherche à acquérir un logement !
Ce qui vaut pour les produits d’épargne réglementée vaut aussi pour les placements non régulés. Les livrets bancaires qui délivrent environ 0,30%/ an sont taxés au PFU. Une fois la fiscalité et l’inflation prises en compte, l’épargne perd 2% de leur valeur à chaque révolution calendaire !
Cette situation concerne aussi l’assurance vie : les sommes placées sur un fonds en euros ne préservent plus le capital investi. Selon les contrats, les assurés perdent jusqu’à 1,15% % de pouvoir d’achat chaque année. Seuls les supports en Unité de compte, placés en bourse, rapportent plus que l’inflation. Mais les retours de bâton peuvent être soudains et spoliateurs comme le prouve le coup de tabac boursier de la mi-octobre 2018.