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C’est devenu l’un des principaux sujets de l’élection présidentielle. Comme le souligne Le Parisien, la question des salaires est de retour sur la table. L’essentiel des candidats se sont d’ailleurs positionnés à ce propos ; à l’exception du président de la République, qui n’a de toute façon pas communiqué ses (plus que) probables ambitions d’Elysée. A droite, Valérie Pécresse réfléchit à la revalorisation des revenus inférieurs à 2,2 Smic. Eric Zemmour limite cette dernière aux salaires inférieurs à 2 000 euros. Marine Le Pen, quant à elle, envisage d’exonérer de cotisations les patrons qui augmenteraient de 10% leurs salariés. A gauche, c’est bel et bien l’augmentation du smic - financée directement par les entreprises - qui est prônée.
L’inflation à laquelle fait aujourd’hui face la nation - et qui préoccupe beaucoup les électeurs - pourrait d’ailleurs s’avérer très favorable à une hausse des salaires, selon l’Observatoire annuel de la rémunération ; dont Le Figaro dévoilait dernièrement les conclusions. Cependant, certains ne sont pas sans craindre qu’un tel phénomène engendre une "spirale inflationniste". C’est le cas du journaliste économique Eric Revel, interrogé à ce propos par Sud-Radio. Faut-il vraiment s’en inquiéter aujourd’hui ?
Inflation : devriez-vous craindre une hausse généralisée des salaires ?
"Rappelons d’abord qu’une hausse des salaires ne se décide pas. Elle résulte, pour l’essentiel, de négociations au sein de l’entreprise et de l’activation automatique de mécanismes spécifiques. A cet égard, il apparaît peu probable que le point d’indice de la fonction publique soit revalorisé", tempère d’entrée de jeu l’économiste Alexandre Delaigue, professeur agrégé d'économie-gestion à l'économie de Lille 1.
"Du point de vue des économistes, l’inflation procède d’une certaine forme d’anticipation. Les gens s’attendent à un niveau d’inflation donné, lequel provoque un effet d’entraînement. On anticipe la hausse des prix, qui engendre une pression sur les salaires puis, mécaniquement, une répercussion sur les coûts qui vient valider les augmentations précédemment évoquées", décrit l’enseignant-chercheur, pour qui le problème actuel est différent.
"La question aujourd’hui, après avoir observé la hausse des tarifs de biens spécifiques (essentiellement pétroliers), c’est de savoir qui sera pénalisé. Si les prix ne montent qu’une seule fois et que les salaires ne suivent pas, on décide de sanctionner les salariés qui seront les seuls à accuser le choc. En revanche, si les salaires sont réévalués, ont redistribue le choc sur une population plus étendue", indique-t-il, non sans préciser que l’équilibre à trouver demeure complexe ; au risque sinon de s’engager sur une pente glissante.
Hausse des salaires généralisée : les retraités et les épargnants auraient-ils raison de s’inquiéter ?
Si les salaires progressent plus vite que ne le font les retraites, les retraités pourraient théoriquement avoir de quoi craindre pour leur niveau de vie. Ce dernier, comparé à celui des actifs, recule depuis des années désormais et une hausse des prix soutenue par la hausse des salaires pourrait être difficile à suivre. Pour autant, il n’y a pas encore matière à s’affoler, juge Alexandre Delaigue. "Une inflation durable et chiffrée à 4 ou 5% pourrait effectivement s’avérer problématique pour les retraités. Dans l’immédiat, on parle surtout d’un surcoût temporaire, qui intervient maintenant. La question est donc de savoir comment on va répartir ce choc ; le conflit porte sur qui va devoir payer", explique-t-il.
Du reste, les retraités n’ont pas particulièrement à craindre une hausse des salaires. "Bien sûr, les épargnants sont pénalisés par l’inflation. Ceci dit, la hausse des salaires implique aussi la hausse du niveau des cotisations, ce qui pourrait théoriquement permettre l’amélioration des comptes sociaux. Un gain global pour le système des retraites est donc envisageable", souligne l’enseignant-chercheur.
"Les pensions de retraites étant désormais déconnectées du montant des salaires, en dehors de la fonction publique, une hausse des salaires aurait finalement assez peu d’impact", tranche-t-il encore.
Hausse généralisée des salaires : le système de retraite restera-t-il soutenable à l’avenir ?
Certains économistes craignent cependant qu’une hausse trop forte des salaires - particulièrement si elle est cumulée à une hausse conséquente de la masse salariale - ne mette en péril le système de retraite ; du fait de l’effet de noria. Celui-ci, ainsi qu’a pu l’expliquer Planet, implique la hausse du niveau de pension des retraités à venir, qui ont gagné davantage au cours de leurs parcours professionnels que leurs parents. La situation, pourtant, n’est pas aussi inquiétante, juge Alexandre Delaigue.
"Pour la majorité des retraités, c’est un effet assez faible qui est noyé par une série d’autres paramètres venant réduire la pension globale", rappelle-t-il d’entrée de jeu. "Selon moi, les réformes proposées par les candidats à l’élection présidentielle auront bien plus de conséquences sur la soutenabilité du système de retraite français que ne peut l’avoir une hausse des salaires, particulièrement si elle suit une hausse des prix", indique-t-il.