De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
A peine en ligne et déjà décrié. Le simulateur retraite du gouvernement, disponible depuis ce jeudi 19 décembre sur le site info-retraite.fr, suscite en effet de nombreuses questions. S’il vous permet de savoir si vous êtes ou non concernés par la réforme et de connaître les critères de pénibilité pris en compte pour les métiers dangereux, via des fiches pratiques, vous ne pouvez en revanche pas encore estimer votre niveau de pension dans le régime universel. Seuls sont mis à disposition 30 cas-types sur le site reforme-retraite.gouv.fr.
Simulateur officiel des retraites : des situations spécifiques et non générales
Ils concernent les fonctionnaires et les salariés du privé. Deux profils sont systématiquement présentés : l’un est né en 1980 et l’autre en 1990. Tous deux commencent leur carrière à 22 ans.
Le niveau de pension est calculé en fonction du régime actuel et du futur régime, en tenant compte de l’âge de départ (62, 64, 65 et 67 ans). Ainsi, pour le régime actuel, la durée d’assurance pour bénéficier du taux plein est fixée à 43 ans (application de la réforme Touraine, pour la génération née à partir de 1973). Pour le régime universel, la simulation se base sur l’instauration d’un âge d’équilibre à 64 ans.
Ce simulateur présente donc pour l’instant uniquement des situations spécifiques "qui vous donnent une tendance", indique dans les colonnes de Capital Pascale Gauthier de Novelvy retraite, expert en calcul de la retraite. Elles ne peuvent donc pas être généralisées.
Simulateur retraite : "de la pipe complète" ?
Cette expression, utilisée par Emmanuel Macron lors d’un débat citoyen le 3 octobre dernier, pour fustiger les différents outils existants sur la réforme des retraites, vaut-elle alors aussi pour le simulateur officiel ?
"Il manque des éléments. Il faut par exemple savoir comment ont été revalorisés les salaires tout au long de la carrière. Est-ce que la progression salariale a été rapide en tout début de carrière ou est-ce qu'elle s’est plutôt déroulée vers la fin ?", questionne l’experte. D’autres variables manquent également à l’appel : critères de pénibilité, arrêt maladie, congé parental, période de chômage ou d’expatriation… Autant de données qui peuvent radicalement différer du cas-type présenté, et ce, même si au premier abord votre situation paraît semblable.
Les situations publiées ont-elles par ailleurs été choisies pour valoriser les effets de la réforme ?
Simulateur retraite : des profils volontairement présentés comme gagnants ?
Certes, le gouvernement a tenu à accompagner ces cas-types d’une fiche méthodologique afin d’en expliquer leur construction. Toutefois, ces prédispositions laisse un doute sur leur véracité :
“Ce n’est pas mensonger. Mais ce qu’il faut savoir, et cela vaut pour toutes les simulations qu’elles soient faites par le gouvernement comme par les journalistes, c’est que l’on peut les construire à l’inverse, précise à Capital Dominique Prévert du cabinet spécialisé Optimaretraite. On peut très bien dire que l’on veut un gagnant et construire le profil de telle façon que l’on y arrive. Tout dépend du choix des critères”.
Afin d’obtenir de réels résultats, il est nécessaire d’avoir connaissance de l’ensemble des éléments d’une carrière et surtout, de connaître les règles définitives du futur régime universel. Ce qui n’est pas encore le cas.
“Un simulateur individuel exhaustif sur les données personnelles de carrière de chaque Français sera disponible courant 2020”, assure de son côté le secrétariat d’État.