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Il a replacé la question au centre de toutes les attentions. Ce vendredi 9 septembre 2022, alors que de nombreuses personnalités de gauche se retrouvait à la traditionnelle Fête de l’Humanité, Fabien Roussel n’a pas hésité à souffler dans les bronches de "la gauche des allocations et des minimas sociaux". Il faut, selon le député communiste, plutôt prendre le parti du travail et des travailleurs. "Je préfère promettre à chacun une vie de travail et de formation plutôt qu'une vie parsemée de précarité, de chômage et de RSA", a-t-il ainsi déclaré au micro de LCI, rapporte TF1 sur son site. Mais y a-t-il véritablement incompatibilité entre le filet de protection que propose la Sécurité sociale et le retour au travail ? Explications.
Au chômage, cette lectrice de Planet gagnait mieux sa vie
"J’étais mieux payée au chômage que dans mon emploi actuel", reconnaît sans ambages une lectrice de Planet, qui préfère rester anonyme. Intermittente du spectacle pendant trois ans, elle explique avoir accumulé des droits alors qu’elle officiait dans une boite de production. "A l’époque je touchais entre 2 200 et 2 300 euros net. Puis, j’ai perdu mon emploi en mars 2020 et je me suis retrouvée au chômage jusqu’en janvier 2022, environ", explique. L’allocation de retour à l’emploi dont elle bénéficiait lui a permis de toucher environ 1 900 euros net par mois jusqu’à la fin de sa période d’inactivité. "Mes droits ont été prolongés pendant un an à cause de la crise sanitaire", reconnaît celle qui a depuis retrouvé un travail. "Aujourd’hui, je suis payée 1 800 euros net, environ", détaille-t-elle.
De quoi nourrir l’argumentaire de celles et ceux qui apparaissent convaincus de l’inefficacité de notre système de chômage ? Potentiellement. Mais encore faut-il relativiser ce genre de situation, à en croire certains experts. C’est le cas de Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne. Explications.
Peut-on vraiment gagner plus au chômage qu’au travail ?
Pour l’économiste, la question est plus complexe qu’un unique témoignage pourrait le laisser penser. "Le montant des indemnités chômage est calculé par rapport au revenu ou au salaire que l’on touche pendant sa période d'activité. Ce montant est inférieur à ce que l’on touchait alors. Il est d’ailleurs plafonné depuis plus de deux ans pour les cadres", explique-t-il, non sans reconnaître qu’il peut parfois arriver qu’il excède la somme proposée par certains employeurs potentiels à venir. En clair, on gagne donc moins que ce que l’on touchait, mais pas nécessairement que ce que l’on pourrait toucher ensuite.
"En pratique, ce genre de situation arrive, mais c’est l’exception, pas la règle", alerte le spécialiste. Une autre situation, parfois complémentaire de celle précédemment évoquée mais pas toujours, peut aussi expliquer ce genre de cas. "L’allocation chômage, dépendamment de son montant, peut parfois être cumulée avec d’autres prestations. Ces dernières étant soumises à des conditions de ressources, il arrive souvent qu’elles soient perdues au moment du retour au travail, qui paie mieux que le chômage. Cela engendre parfois des effets de seuils qui entraînent, pour l'actif, une perte de revenu au final", confirme Philippe Crevel.
Dès lors, faut-il encore durcir le modèle français ?
Faut-il encore une fois réformer l’assurance chômage ?
"Le système d’allocation chômage a été modifié à plusieurs reprises ces dernières années. Il faut le dire, il a été durci. Ce durcissement, cependant, s’est aussi accompagné de la baisse générale du taux de chômage, qui est estimé à 7,6% aujourd’hui. On peut, dès lors, intepréter cette amélioration comme résultant en partie de cette politique. Ceci étant dit, il serait malhonnête de pas évoquer la dynamique en matière de création d’emploi", observe d’entrée de jeu l’économiste, qui plaide pour un système équilibré, à la fois digne pour "celles et ceux en privation d’emploi" mais qui ne favorise pas pour autant le maintien au chômage. "Le système français est relativement correct. Il pèche cependant sur l’accompagnement et la formation des chômeurs", estime-t-il.
Autre problème qui ne peut pas ne pas être mentionné : la crise de l’emploi en France. "Des dispositifs existent pour éviter que les Françaises et les Français ne préfèrent rester au chômage plutôt que de travailler. La plupart du temps, ce sont ceux contraints à des CDD de courte durée et offrant une faible rémunération qui sont le plus touchés", souligne en effet Philippe Crevel. De là à conclure à un problème de l’attractivité de l’emploi en France, il n’y a qu’un pas. "Beaucoup d'emplois, dans le secteur des services, proposent de mauvaises conditions de travail ou des tâches à l’intérêt limité, compensées par de faibles rémunérations. C’est vrai dans la restauration, par exemple, mais c’est loin d’être le seul domaine concerné. Les difficultés de recrutement s’expliquent aussi de la sorte".