De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
“Travailler plus pour gagner plus.” Vraiment ? Ce slogan de campagne présidentielle utilisé par Nicolas Sarkozy en 2007 sonne faux. Si le principe était de “libérer” le travail des salariés afin d’augmenter leur pouvoir d’achat, son efficacité reste encore à prouver. Car dans les faits, plus de la moitié des actifs n’en ressentent pas les effets. C’est ce que révèle une récente étude publiée ce mardi 9 avril 2019 par ADP (Automatic Data Processing). Le groupe, spécialisé en gestion de ressources humaines, s’est penché sur les comportements et l’état d’esprit des salariés face au monde du travail, rapporte Le Figaro.
Résultat ? 58% des salariés français déclarent effectuer couramment des heures supplémentaires non rémunérées.
Près de 5 heures par semaine “gratuites”
Au total, 1410 salariés français ont été interrogés parmi 10 585 dans huit pays européens (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Espagne, Suisse et Royaume-Uni).
Ils assurent travailler en moyenne 4h37 par semaine sans contrepartie. 12% effectueraient même plus de 10 heures supplémentaires sans rémunération complémentaire.
Les champions des heures sup’ non payées ne se trouvent toutefois pas en France. Si la tendance est principalement répandue en Allemagne et Espagne, c’est au Royaume-Uni que les salariés sont les moins bien lotis. Près d’un quart (22%) déclare en effet travailler gratuitement au moins 10 heures par semaine.
La moyenne européenne se situe quant à elle à quasi 5 heures hebdomadaires (4h47 précisément).
Existe-t-il toutefois des différences en fonction de l’âge et des métiers ?
Les jeunes actifs particulièrement concernés
Une tranche d’âge plus touchée. D’après l’étude, les 25-34 ans effectuent beaucoup plus d’heures supplémentaires non dédommagées que la moyenne. 16% d’entre eux déclarent en faire plus de 10. Tout comme les salariés français évoluant dans les métiers des arts et de la culture (23%), et dans l’informatique et les télécommunications (22%).
Par ailleurs, 59% des personnes travaillant dans le secteur du bâtiment et de l’ingénierie, signalent réaliser cinq heures supplémentaires sans contrepartie financière par semaine.
Pire, certains n’en ont même pas conscience. En effet, nombreux sont ceux qui ne prennent pas le temps de regarder leur fiche de paie. D’autres n’en comprennent pas toujours les détails. Conséquence, 30% estiment ainsi qu’ils ne se rendraient pas compte des éventuelles erreurs apparaissant sur leur bulletin.
Toujours pas de “juste équilibre”
La corrélation entre le nombre d’heure travaillé et la productivité est encore loin d’être optimale.
Tel est le constat de Carlos Fontelas de Carvalho, Président d’ADP en France et en Suisse.“Il semble que des employeurs ne parviennent pas toujours à trouver le juste équilibre entre l’engagement des collaborateurs, le nombre d’heures effectuées et le sentiment d’une juste rétribution.”
Et d’ajouter :
“ Au-delà du risque d’épuisement auquel peuvent être exposés certains salariés, ce sont des situations qui génèrent des pertes de motivation avec des conséquences négatives à long terme sur la santé, la productivité et donc la performance globale de l’entreprise”.
Quelles solutions ?
“Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver”?
Les Européens semblent avoir leur petite idée sur ce sujet, évoqué dans la chanson d’Henri Salvador en 1965. Entre les deux, ce serait peut-être l’idéal. Pour améliorer leur productivité, plus de la moitié d’entre eux (56% précisément) déclarent en effet que s’ils avaient le choix, ils travailleraient seulement quatre jours par semaine.
Raison évoquée ? Ils estiment que cela leur permettrait de garder un certain équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Harmonie de plus en plus recherchée, en France comme en Europe.
L’argent ne ferait donc pas toujours le bonheur…