De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
[Mise à jour du 23 novembre 2019 à 17h11]
"Être traitée comme ça à mon âge, alors que je n’ai jamais triché…", s’agaçait déjà Gilberte Morel, 85 ans, avant de porter plainte contre Enedis. La retraitée est très en colère contre la société chargée du déploiement des compteurs Linky. En cause ? Une facture qui aurait quadruplé depuis la pose de l’appareil, rapporte Ouest France, mais aussi des accusations qu’elle a mal digérées. "Ils m’ont dit : ‘vous avez manipulé votre compteur. Ça fait au moins dix ans que vous trichez", racontait-elle devant les caméras de France 3 Hauts-de-France, en octobre 2019.
Après avoir vu sa douloureuse bondir sans explication apparente selon elle, l’Arrageoise a donc décidé de porter plainte pour "surfacturation abusive". Si le procès s’est tenu le 4 octobre 2019, les juges viennent seulement de rendre leur décision, très attendue par la retraitée.
Linky : EDF et Enedis condamnés
Gilberte Morel peut se réjouir. Ce vendredi 22 novembre, Enedis et EDF ont été condamnées, pour lui avoir coupé l'électricité. Celle-ci refusait en effet de payer une facture astronomique et erronée une fois posé le compteur électrique controversé Linky, d’après le jugement consulté par l'AFP. Ainsi, les deux entreprises doivent verser à l'octogénaire 1 500 euros de dommages et intérêts.
"La hausse des consommations relevées juste après la pose du nouveau compteur conjuguée à leur baisse juste après l'intervention de la société Enedis démontre un problème de ce compteur", peut-on lire dans le jugement du tribunal d'instance d'Arras.
La guerre que mène Gilberte Morel au compteur Linky n’est pas nouvelle. L’affaire, précise BFMTV, commence même en 2017. C’est à ce moment que le nouveau dispositif intelligent remplace son vieil appareil. Huit mois plus tard, EDF lui facture 348 euros au titre de sa consommation électrique. La retraitée, alors persuadée de n’avoir pas changé sa consommation, a refusé catégoriquement de payer en faisant valoir que le montant était "bien supérieur à la facturation habituelle". Pourtant, elle assure ne pas avoir changé de mode de vie et règle 60 euros. EDF réplique alors en août 2018 : le courant est coupé et l’octogénaire ne le récupère qu’en novembre, à quelques jours seulement de la trêve hivernale. Un instant de répit qu’elle ne doit qu’à l’appui de proches, mais aussi de deux collectifs, l’Accad (Anti compteurs communicants Artois-Douaisis) et CalgeA62 (Collectif avionnais anti Linky gaz et eau). Pour EDF, cependant, il n’y a pas eu d’accusation de triche. "On s’inscrit en faux pour la fraude", explique un porte-parole aux micros de la chaîne d’information. L’entreprise plaide plutôt pour un "dysfonctionnement progressif du vieux compteur" qui n’aurait pris la "juste mesure" de la consommation réelle de la retraitée... De son côté, le juge a estimé en fonction des éléments du dossier, que selon l'ancien compteur, la consommation de la retraitée était en moyenne de 6 kWh par mois de juin 2014 à février 2017, rapporte France Info. Or, d'après le compteur Linky, elle était de 275 kWh par mois du 28 février 2017 au 28 avril 2018. Sur la période du 28 avril 2018, soit juste après une intervention d'Enedis mettant fin au problème, à fin août 2018, elle était au total de 36 kWh.Surfacturation Enedis : le courant coupé pendant deux mois
Compteur Linky : une surfacturation avérée