De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
L'Expansion a décrypter les conditions de vie des retraités afin de vérifier si, comme l'affirme de nombreuses études récentes, leur pouvoir d'achat est réellement supérieur à celui des autres couches de la population. Verdict : il semble bien oui...
Le magazineL'Expansion revient sur la dernière décision annoncée par les syndicats et le patronat : désormais, les pensions de retraite complémentaire devraient augmenter moins rapidement que l'inflation. Et le gouvernement pourrait bien s'inspirer de cette mesure pour le régime général des retraites, ou choisir d'appliquer une fiscalité plus lourde aux retraités...
600 000 retraités avec le minimum vieillesse
Et c'est peut-être pour que la pilule passe mieux qu'on n'a de cesse de lire partout que les retraités sont favorisés. Le Conseil d'orientation des retraites, le Cor, estime en effet que les plus de 60 ans jouissent d'un pouvoir d'achat quelque peu supérieur à celui des 18-59 ans.
Mais n'oublions pas que tous les retraités ne sont pas dans la même situation. Si, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) le montant moyen d'une pension de retraite est de 1 526 euros à 60-64 ans et de 1 372 euros à 85 ans, 600 000 retraités n'ont tout de même que le minimum vieillesse, 777 euros par mois, pour vivre.
La crise joue en faveur des personnes âgées
Mais chez les actifs aussi, il y a une population pauvre. Et comme le rappelle L'Expansion, "en période de crise, les règles du système de retraite jouent plutôt en faveur des plus âgés". L'économiste Didier Blanchet a ainsi expliqué au magazine que "les pensions moyennes évoluent comme les prix. Quand la croissance est faible, la situation des retraités tend donc à s'améliorer par rapport à celle des actifs, dont les salaires stagnent".
L'Expansion met également en avant la fiscalité adaptée des retraités, non soumis aux mêmes règles que les actifs. La fin ou la réduction de leurs avantages permettraient à l'Etat de récupérer plus de 12 millions d'euros.
Un taux réduit de CSG... pour combien de temps encore ?
En première ligne, le taux réduit de CSG ! En effet, les retraités bénéficient d'un taux réduit à 6,6% (3,8% pour les non-imposables, et 0% pour ceux qui n'ont vraiment pas de moyens), alors que les actifs doivent se soumettre à un taux de CSG de 7,5%. Il n'est pas impossible que le gouvernement envisage un rapprochement, même partiel, des systèmes.
Le gouvernement songerait aussi à mettre fin à l'exonération des majorations de pensions concernant les parents retraités ayant eu trois enfants ou plus. Les 10% d'abattement pour "frais professionnels", pour les "inactifs" donc, seraient également remis en question.
Une imposition à 15%... contre 32% pour les actifs
Cependant, le magazine explique "si l'on considère la structure globale de la fiscalité en incluant les cotisations patronales qui pèsent indirectement sur les salaires, comme l'a fait le Conseil des prélèvements obligatoires en 2011, les retraités apparaissent quand même avantagés", soulignant qu'en gagnant 25 000 euros par an, les retraités ne sont imposés qu'à 15% et les salariés à 32%.
Notons également, et c'est assez logique, que les dépenses sociales (en particulier de santé) touchent majoritairement les retraités, qui sont 20% de la population, et qui touchent 50% des dépenses de soins. Mais si l'on compare notre modèle à la Suède, on remarque immédiatement que le système français avantage les retraités recevant 12,3% du PIB du pays, et seulement 9,7% en Suède. De leur côté, les jeunes ne perçoivent que 4,3% du PIB de la France, contre 6,4% en Suède. En attendant, les retraités payent quasiment deux fois plus cher le complémentaire santé que les actifs.
Un patrimoine 51% plus conséquent que la moyenne française
Au niveau patrimoine, sans grande surprise, la population des plus grands propriétaires est celle des 60-69 ans. Ils disposent en moyenne d'un patrimoine de 345 500 euros en 2010, selon l'Insee, ce qui représente un montant 51% supérieur à la moyenne nationale.
Mais il faut nuancer ces données, car les retraités ont tout de même à faire face aux frais liés au logement. François Bellanger, président de la Confédération française des retraités explique à L'Expansion que "leurs impôts locaux et leurs factures de chauffage augmentent plus vite que leurs pensions. Et évidemment, leurs rentrées d'argent sont plus faibles que lorsqu’ils étaient actifs". Il faut également préciser que le chiffre de l'Insee est un montant moyen "tiré vers les haut par les grandes fortunes, dont les détenteurs sont le plus souvent des personnes âgées". L'ISF est en effet payé par des contribuables d'un âge moyen de 66 ans...
"Aucune génération ne connaîtra une aussi bonne situation en retraite"
Enfin, concernant le montant des pensions, les retraités actuels ne sont peut-être pas à plaindre puisque qu'une baisse conséquente est à prévoir. Didier Blanchet spécialiste des pensions précise à L'Expansion que "les retraites représentent 60% des salaires bruts. Selon les projections, en 2050, ce sera 45%". Il faudra ajouter à cela des carrières en dents de scie, ne permettant pas toujours des retraites à taux plein.
Didier Blanchet ajoute qu'"aucune génération ne connaîtra une aussi bonne situation en retraite que les actuels papys-boomers", malgré les différentes réformes passées, parce que le niveau des retraites ne cesse d'augmenter... Mais c'est bien la première fois que les retraités se retrouvent, selon François Bellanger, dans une "génération sandwich, devant aider ses enfants, mais aussi ses parents âgés. Tout en économisant pour préparer notre propre dépendance et ne pas être, plus tard, une charge"...