Les différentes vies de la cathédrale de RouenIstock
Touchée par un incendie heureusement maîtrisé le jeudi 11 juillet, la cathédrale Notre-Dame de Rouen où repose Richard Cœur de Lion, n'a pas subi le sort de sa grande sœur parisienne. Mais, du haut de ses supposés 17 siècles d'existence, elle en a vu d'autres. Histoire d'un monument emblématique en Normandie.
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Elle s'appelle officiellement cathédrale primatiale Notre-Dame-de-l'Assomption. Monument symbole de Rouen, dont elle constitue l'archidiocèse, dépendant ainsi de l'archevêque de la ville, lui-même primat de Normandie. Un haut lieu du culte catholique dont l'histoire est d'une richesse incroyable, situé au cœur de la cité médiévale.

Une très vieille dame de 1 700 ans : une légende ?

Selon la "légende", une partie de ses fondations reposerait sur un lieu de culte catholique - alors interdit - datant de la fin du  III siècle et détruit par un incendie. Celui-ci aurait été en 313, après que les Romains aient enfin toléré cette nouvelle religion, choisi pour la construction de deux  basiliques, sorties de terre quelques dizaines d'années plus tard. Des fouilles menées dans les années 50 et 80 auraient confirmé leur présence. Au V siècle, elles furent reliées sommairement, puis celle située au sud aurait été désignée pour être Notre-Dame.

Les premières destructions

Elles seront dues aux invasions vikings du IX e siècle et à l'incendie qui s'ensuivit et détruisit la ville. L'édifice, pourtant, devenu cathédrale, avait été auparavant aménagé et embelli richement... Elle fut restaurée avant que les envahisseurs instaurent le duché de Normandie, cédé par le roi des Francs au chef nordique Rollon en 911. La première cathédrale de Rouen ne sera agrandie qu'à la fin du X e siècle, sous le règne de Richard 1 er  qui meurt en 996. Elle devient alors la nécropole des ducs de Normandie.

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Les transformations successives 

C'est au milieu du Moyen Âge, en 1035, que fut entreprise sa transformation en cathédrale de style roman, qui s'imposera dans la région puis en Angleterre, achévée en 1063 par l'archevèque Maurille. Moins de cent ans plus tard, c'est en 1145 que l'archevèque Hugues III d'Amiens entreprend cette fois-ci d'adopter le style gothique, un chantier titanesque qui ne s'achèvera qu'en 1506. Hasard de l'actualité, sa flèche construite au XIII e siècle prendra feu en 1514 puis sera plus tard reconstruite, protégée d'une couche de plomb recouvert d'or montant à 135 mètres de haut, reprenant l'architecture de la Renaissance cette fois...

Deuxième série de destructions

En 1562, les Huguenots en révolte mettent à sac la cathédrale, profanant des tombeaux et décapitant des statues de saints et d'archevêques. Des emplacements de statues sont d'ailleurs toujours vides aujourd'hui. La nature s'en mêle en 1683 quand un ouragan dévaste la façade et fait notamment s'effondrer des voutes qui en tombant détruiront l'orgue. Louis XIV utilsera l'argent du contribuable pour la restauration. Jusqu'à la fin du XVIII e siècle, des aménagements et transformation architecturales se poursuivront.

Révolution et prise de conscience

Désacralisée pendant la révolution de 1789, dédiée à l'athéisme, servant même à stocker du foin ou donner des concerts, la cathédrale le redeviendra en 1796. S'en suivront d'autres péripéties, comme un nouvel incendie de la flèche en 1822 dû à la foudre, après quoi il sera décidé de la reconstruire en fonte... en revenant au style gothique. Tout au long du XIX e siècle, la cathédrale sera restaurée et améliorée. Pour la protéger, toutes les maisons et boutiques la jouxtant seront détruites pour lui éviter tout dommage.

De la guerre à la reconstruction

Épargnée par le premier conflit mondial, elle connaîtra des moments paisibles jusqu'au 1940 et un incendie qui endommagera l'une de se tours. Mais lors de la Deuxième Guerre mondiale, en avril 1944, elle sera comme la ville bombardée et en grande partie détruite. La reconstruction commence une fois la paix revenue. Le gros s'achève en 1956, année de son classement comme monument historique et elle est rouverte officiellement en présence du président René Coty. Des travaux se poursuivront jusqu'en 1987 quand sa tour Saint-Martin sera recoiffée de sa toiture en hache couverte d'ardoises.

Mais la nature s'en mêle de nouveau et la tempête de 1999 provoque de gros dégâts qui seront toutefois vites réparés au début de l'été 2000. Les années 2010 seront consacrées à de nombreux et variés travaux de rénovation pour lui donner définitivement une seconde jeunesse (la flèche ayant pris feu le 11 avril était en cours de réfection depuis 2016). Et même de restauration des tableaux qui avaient été décrochés en 1944 et remis en place en 1970 (certains étant encore mis sous clé). Aujourd'hui encore, la majorité de l'édifice est composée de pierre de taille et une petite partie de calcaire. Calcaire qui constitue l'ensemble du pavage de la cathédrale.

Pour finir, citons Yves Lescroartn auteur, dans la collection des guides des cathédrales de France de Rouen, cathédrale Notre-Dame édité par le Centre des monuments nationaux : "d’époque gothique flamboyant, Renaissance, baroque, néo-classique ou « Quatrième République », l’architecture, les tombeaux et les vitraux témoignent de la richesse de la Normandie et du Rouen d’Ancien Régime, ainsi que de la restauration exemplaire du sanctuaire écrasé par les bombes en 1944."