Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Planet : En quoi consiste la mission de ces ‘hommes de l’ombre’ ? Romain Bongibault* : "Leur rôle consiste principalement à transmettre les informations au président, à le prévenir de ce qui se passe et qui pourrait lui avoir échappé, et à le protéger. Le secrétaire général est un personnage clé : il fait tampon entre le chef de l’Etat et les différentes personnes qui accèdent à lui. Il exerce aussi une certaine influence sur le président puisque c’est lui qui synthétise tout ce qu’il doit savoir. Parfois, il lui donne même des conseils. Le secrétaire général de l’Elysée s’occupe également de tenir la maison quand le locataire de l’Elysée est en déplacement. Il devient alors une sorte de doublure.
Planet : Malgré leur rôle clé, ces ‘doublures’ souffrent pourtant de clichés tenaces…Romain Bongibault : On a souvent l’image de l’homme qui lit ses feuilles et annonce la composition du nouveau gouvernement. On entend aussi souvent que le secrétaire général de l’Elysée est un énarque, forcément un homme – il n’y a jamais eu de femme secrétaire général de l’Elysée – et un proche du président. Ce n’est pas faux mais ce poste ne se résume pas à cela. D’ailleurs, il n’existe pas de fiche qui précise ce que l’on attend de lui exactement. Chacun s’approprie un peu le rôle à sa manière.
Planet : Certains se sont-ils distingués ?Romain Bongibault : Chaque secrétaire d’Etat est différent et adapte son angle d’attaque au président avec lequel il travaille. Celui de Jacques Chirac, n’a pas agi de la même manière que celui de Nicolas Sarkozy. Ce dernier a d’ailleurs cassé tous les codes. Comme lui, son secrétaire général était omniprésent. Il a même été l’invité du 20 heure de TF1, du jamais vu ! Même si ces ‘hommes de l’ombre’ ont chacun leurs particularités, ils partagent cependant une chose : l’intensité de leur fonction. Quand ils sortent de l’Elysée, tous sont lessivés. C’est pour cela qu’ils ne restent généralement pas plus de 4 ou 5 ans à ce poste, car après il leur est très difficile de s’en remettre et de se reconnecter avec la vie réelle.
Planet : Sont-ils appréciés de leurs collègues au gouvernement ?Romain Bongibault : Pas toujours. Ils ne sont pas là pour se faire des amis ni des ennemis mais ils s’en font quand même à cause des connivences et des connections inhérentes à la politique. Les secrétaires généraux de l’Elysée sont tenus d’agir comme des filtres. Ce sont également eux qui ont le dernier mot sur le président, et cela ne plaît pas toujours. Comme nous l’a confié Claude Guéant : ‘C’est comme pour les remaniements, il y a toujours des déçus’. Quand Edouard Balladur était à ce poste et que Georges Pompidou était souffrant, les ministres venaient davantage s’enquérir de l’état de santé du président que lui parler des affaires politiques. Ainsi, le secrétaire général avait dû les rappeler à l’ordre et leur intimer de se remettre au travail. Ce que ces derniers n’ont pas forcément apprécié...
Planet : Après ce mandat, que font généralement les secrétaires généraux de l’Elysée ?Romain Bongibault : Cela dépend. Certains restent dans les hautes sphères de l’Etat, d’autres se tournent vers la politique locale, tandis que d’autres encore se font engager par des entreprises privées. Ceux qui accèdent ensuite au poste de Premier ministre sont rares. Il s’agit là d’une véritable promotion et pour le moment, seuls trois y ont eu droit : Edouard Balladur, Pierre Bérégovoy et Dominique de Villepin. La plupart du temps, c’est d’ailleurs cette promotion qui les pousse dans la lumière et fait que l’on s’intéresse ensuite à leur parcours, et notamment à leur expérience en tant que secrétaire général de l’Elysée…"
*Roman Bongibault est coauteur de Dans l’ombre des présidents (ed. Fayard).