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Depuis quelques années maintenant, les réseaux sociaux voient fleurir à chaque fait divers pléthore de pages hommage, mais aussi des pages où des internautes font leur propre enquête. Cela a été le cas récemment pour Maëlys, disparue à Pont-de-Beauvoisin en Isère à la fin du mois d’août. Parfois, ces pages sont animées pendant des années. Dominique est notamment administratrice de la page de "Affaires criminelles. Cold case. Disparition. Recherche de Maëlys. Lucas..." Contactée par Planet , elle explique "faire des recherches sur Google et regarder toutes les émissions télé pour en savoir davantage. Sans compter, ajoute-t-elle, sur les échanges dans les groupes". Tout a commencé pour elle avec l’affaire Grégory : "j’étais curieuse de savoir le comment du pourquoi de cette histoire".
Comme l’explique Sylvianne Spitzer, psychologue et criminologue, les affaires qui concernent les enfants suscitent souvent les réactions les plus enflammées. "Les enfants sont des victimes fragiles et innocentes face à des adultes dont beaucoup estiment qu’ils ne sont pas condamnés à leur juste valeur", explique-t-elle. Le processus d’identification est aussi très fort, comme le précise Jérôme Lichtlé, également psychologue et auteur du blog Dans vos têtes : "L’être humain fait des liens entre sa situation et l’extérieur. Nous fonctionnons par association, c’est comme cela que l’on traite l’information."
Des profils différents
Michael est membre du groupe "Xavier Dupont de Ligonnès : enquête et débat", sur Facebook. Il est particulièrement prolixe en termes de commentaires et n’hésite pas à faire part de ses théories. "Depuis 2011, je suis ce drame avec beaucoup d'attention car voir un crime de ce genre, c'est tout de même énorme, (mais ce n’est pas le seul). Quand quelque chose ne va pas dans un drame et bien il faut que je sache pourquoi, c'est plus fort que moi", confie-t-il. Aujourd’hui, il est convaincu que Xavier Dupont de Ligonnès est toujours en vie et qu’il a réussi à prendre l’avion.
Il est difficile de généraliser sur les profils que l’on trouve sur les réseaux sociaux, estime Sylvianne Spitzer, mais il y a tout de même quelques typologies chez ceux qui mènent l’enquête. "Il y a ceux qui considèrent que les forces de l’ordre ne sont pas asse z efficaces, ceux qui se voient comme des héros et aussi ceux qui sont - pardonnez-moi l’expression - tout simplement des gendarmes ou des policiers refoulés", détaille-t-elle.
Ce que le fait divers dit de notre rapport à la société
Pour expliquer l’intérêt des lecteurs, les médias utilisent souvent la loi de proximité. Plus un événement est proche de nous, plus il est susceptible de nous toucher. Mais Jérôme Lichtlé, va plus loin pour expliquer notre intérêt pour les faits divers. Il adopte, pour expliquer ce phénomène, une approche plus comportementaliste que psychanalytique et formule plutôt des hypothèses que des certitudes. Il y a tout d’abord la facilité que représente la lecture d’un fait divers : "C’est une information rapide qui ne demande pas de connaissances complexes, contrairement, par exemple, à une actualité internationale. C’est un peu comme un fast-food, c’est rapide et efficace", explique-t-il.
Selon le psychologue, les faits divers permettent aussi de brosser une "large variété de sujets", avec une "grande variabilité des thématiques". En outre, parler de ce qu’on a lu dans la presse suscite aussi généralement l’attention et permet d’être au centre, précise-t-il.
Enfin, pour Jérôme Litchtlé, l’intérêt que l’on porte au fait divers pourrait tout simplement être un moyen d’adaptation. "Notre ADN est fait de tel sorte que l’être humain s’adapte à son environnement et un fait divers, c’est une variation de cet environnement. S’y intéresser c’est être vigilant et préparer cette adaptation", précise-t-il. Étrangement, cela n’empêche pas le fait divers d’avoir un côté ‘’rassurant’’. "On se compare beaucoup aux autres, et des études ont montré qu’une réaction de stress se déclenche quand on se compare à plus riche que soi. En théorie donc, cela pourrait être l’inverse dans ce genre de cas", ajoute-t-il.
Exprimer notre part sombre
Quand on tente d’expliquer pourquoi les faits divers nous touchent tant, on évoque souvent le calvaire de la victime, pourtant, il y a selon Sylvianne Spitzer quelque chose de plus sombre. "Les faits divers se sont souvent des gens ordinaires qui glissent. Finalement on va aussi beaucoup s’intéresser au bourreau et à son mode opératoire plutôt qu’à la victime".
La psychologue et criminologue n’hésite pas non plus à avancer une autre piste : "S’intéresser aux faits divers c’est peut-être quelque part vivre un passage à l’acte par procuration, comme un exutoire à sa propre violence".